Il y a déjà 197 états dans le Monde, ce n’est pas assez et voilà qu’on nous annonce qu’il y a des micronations ! Mais c’est quoi au juste une micronation ? C’est bien simple chers topiteurs c’est un état crée par une poignée de personnes qui prétend à sa reconnaissance internationale, mais ne l’est pas. A la différence de certains peuples indépendantistes, ces entités tiennent de l’invention de passionnés, illuminés, et surtout plaisantins, qui plantent un drapeau sur le fronton de leur maison. Voyage en 15 étapes en territoires inconnus ou presque.

République de Molossia

Il était une fois un fermier du Nevada qui se nommait Kevin Baugh, et qui avait pour rêve d’enfant de créer son propre pays. Un jour il se leva et dit : « Hey, mais si je mettais un drapeau au-dessus de mon jardin en m’habillant en dictateur sud-américain ce serait pas trop la classe ? ». Depuis même ses voisins ont intégré Molossia, qui compte 27 habitants. La nation située dans le désert de l’Ouest américain déclare avoir une colonie sur Vénus du nom de Vesperia de 129 191 196 914,91 m2 (pas mal quand même) et une île mexicaine. La République possède une Assemblée nationale, mais la loi martiale étant autorisée, le président à tous les droits. Le pays a été en guerre avec l’Allemagne de l’Est, rien que ça. Aujourd’hui Molossia est une véritable industrie touristique qui émet un tas de produits dérivés, monnaies, timbres, drapeaux.

Crédits photo (CC BY 3.0) : Kevin Baugh or someone acting as an agent of Kevin Baugh

Province de Bumbunga

Alex Brackstone est un immigrant britannique en Australie, ancien montreur de singes, prospecteur d’uranium et facteur, une chouette vie en perspective. Mais en 1975, quand la monarchie risque d’être abolie dans le pays des kangourous, Brackstone en fervent monarchiste, décide de fonder un petit état indépendant pour que Sa Majesté puisse encore avoir un contrôle en Océanie.

La Province de Bumbunga est située au nord-est de la ville d’Adélaïde, son gouverneur autoproclamé veut y construire une carte gigantesque du Royaume-Uni en… fraisiers, et aussi délivrer des passeports, monnaies. Mais les autorités australiennes ne prennent pas à la rigolade cet illuminé et décident de limiter ses actions à quelques émissions de timbres. En 1999, il est arrêté pour détention illégale d’armes, il retourna alors dans son pays. Snif.

Crédits photo (CC BY-SA 2.5) : No machine-readable author provided. Donama assumed (based on copyright claims).

République libre du Frioul

En juillet 1997, entre deux pastis, Jean-Claude Mayo et quelques amis décidèrent de déclarer indépendante l’île sur laquelle ils habitent dans l’archipel marseillais du Frioul. Ayant pour motif : « dans notre société, on n’a jamais le droit de faire le con ».

Un de ses amis fût nommé président à vie sous le nom très viril d’Egrégore le Virtuel, tandis que son humble fondateur préfère devenir premier ministre. La micronation s’éteint en 2000, puis renaît en 2012, adoptant une devise : « Pour l’art et l’insolence, sans insolation » s’accompagnant du trio star « Drapeau, Monnaie(le PAGA), Timbre » qui montre qu’il s’agit là d’un état complètement souverain, ou presque.

Crédits photo (CC BY-SA 4.0) : Hyméros

Principauté de Hutt River

En 1970, un fermier australien est offusqué par une nouvelle loi du gouvernement qui prévoit des quotas agricoles. Son exploitation menaçant de faire faillite, il fait son grand rebelle et proclame la Principauté de la province de Hutt River, qui deviendra Principauté de Hutt River en 2005.

Mais ce dernier à toutes ses raisons : une ancienne loi royale prévoit un dédommagement ou l’indépendance d’un territoire de sujets qui sont victimes d’un enrichissement injuste de la part d’un ses vassaux. Considérant le gouvernement australien comme vassal de la Reine d’Angleterre, et la loi des quotas comme un enrichissement injuste, il réclame donc la souveraineté de Hutt River.

L’Australie ne reconnaît pas sa micronation, mais n’oblige plus à payer d’impôts au fermier, qui, tous azimuts, fait vivre sa principauté depuis plus de quarante ans, accueillant 20.000 visiteurs par an (oui vous n’avez pas rêvé).

Crédits photo (CC BY 2.0) : Chris Fithall from Ballarat

Ville libre de Christiania

On le sait les Danois aiment la liberté, peut-être un peu trop, quand un groupe de hippies autoproclament libre un quartier de Copenhague, la capitale. Prônant l’anarchisme, la vente de cannabis, et la pensée libertaire
Et le mieux c’est que le gouvernement à prit goût à cela en laissant ses habitants libres de leurs actes avec le commerce de la drogue qui rapporte des millions d’euros (ça valait le coup de broder trois points jaunes sur un drapeau rouge). La ville libre est régie par une assemblée, neuf lois y sont appliquées : il est par exemple interdit d’utiliser une voiture privée.

Crédits photo (Creative Commons) : Bruno Jargot

Principauté de Sealand

Le Sealand est la seule entité de ce top qui peut véritablement prétendre à être une nation indépendante. Son histoire est passionnante. Roy Bates, ancien major de l’armée britannique investit un Fort Maunsell, tours fortifiées marines construites pendant la Seconde Guerre Mondiale au large des côtes de Grande-Bretagne. Il y fonde une principauté en s’y autoproclamant prince tout puissant, mais l’ancien vétéran à plus d’un tour dans son sac, cette plateforme est située dans les eaux internationales : c’est une terra incognita, autrement dit elle n’appartient à aucun état. La Principauté possède une Constitution et un premier ministre qui s’avéra être un traître. Il provoque un coup d’état et arme des complices pour liquider la famille, Roy Bates fait appel à l’armée britannique pour l’aider.

La Principauté vit désormais pleinement sa vie de nation non reconnue par aucun état, même si elle est très surveillée par son grand-frère britannique qui limite les actions du Sealand, qui signifie littéralement « Pays de la mer », au tourisme et à l’achat de produits dérivés : monnaies, titres de noblesse (Baron, Comte ou Chevalier de l’Ordre militaire souverain de Sealand).

Crédits photo (CC BY-SA 3.0) : User:Chris 73 and User:Indolences

Hospodariat de Melténie

La vie en mer c’est parfois isolant, très même. Alors pour passer le temps des scientifiques roumains ont décidé de fonder leur propre nation. Petite particularité : ils ne réclament aucun territoire « stable », c’est-à-dire que l’Hospodariat de Melténie est constituée d’embarcations voguant entre la Mer Noire et le Détroit de Gibraltar. L’indépendance a été déclarée le 23 juin 1995 à la télévision locale de Constanta (Roumanie). Depuis les citoyens (soixante-douze, quand même) nomment un Hospodar à vie… qu’il faut reconfirmer chaque année.

Crédits photo (Domaine Public) : Spiridon Manoliu

République d’Uzupis

Après l’indépendance de la Lituanie en 1990, les artistes du quartier d’Uzupis dans la capitale, Vilnius, décidèrent que la censure c’était trop pas bien, alors au cas où le nouvel état serait aussi tolérant que l’Union Soviétique, l’indépendance du quartier fut organisée.

Une constitution comportant quarante-et-un points, pour le moins hilarante, a été mise en place. En voici quelques-uns hauts en couleur : « 1.L’Homme a le droit de vivre près de la petite rivière Vilnalé et la Vilnalé a le droit de couler près de l’Homme » ; « 12.Le chien a le droit d’être chien » ; « 27.L’Homme devrait se souvenir de son nom » ou encore « 37.L’Homme a le droit de n’avoir aucun droit ».

Crédits photo (CC BY-SA 3.0) : Wojsyl

Dominion du Melchizedek

Autres que les passionnés et rigolos qui s’amusent à créer leur petit pays, il y a des malins qui en profitent. Dans le grand monde des paradis fiscaux, nous appelons à la barre le Dominion du Melchizedek.

Basé sur une île de l’archipel des Marshall, ce dernier a pour but de faciliter le blanchiment d’argent à grande échelle (sûrement en truquant les achats de timbres sur les homards, deux millions d’unités, ça fait peut-être beaucoup). Se disant un état ecclésiastique similaire au Vatican, il arbore néanmoins sur ses armoiries en plus de symboles chrétiens, des musulmans et des juifs. Jérusalem est d’ailleurs sensé être sa patrie. Plus c’est gros (et plus le dessous de table aux autorités l’est aussi) plus ça marche : depuis 1986 le dominion continue d’élire son président. En même temps un paradis fiscal dans un paradis fiscal, ça ne choque personne.

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Il n'a pas souffert, promis

Other World Kingdom (OWK)

Attention bizarre. Other World Kingdom, en français « Royaume de l’Autre Monde », prône le BDSM et plus particulièrement la domination totale de la femme sur l’homme. Aménagé dans un château du 16e siècle dans la province tchèque de Zdar nad Sazavou, l’organisation a ouvert en 1996. S’étendant sur trois hectares, le château de la Reine ne manque de rien : une salle des fêtes, une bibliothèque, une salle du trône, une salle de torture, une salle de classe, une salle de gym, et surtout une vaste prison au sous-sol.

Plusieurs chambres sont à disposition pour « s’amuser avec les visiteurs ». OKW possède en plus du fameux trio Drapeau, Monnaies, Timbres, une police (féminine), un tribunal et des passeports.

L’état est un matriarcat où la Reine est le monarque absolu, son objectif principal est : « d’avoir de nombreuses créatures mâles sous l’autorité illimitée des Femmes supérieures dans autant de territoires que possible. » Il existe même plusieurs classes d’habitants : citoyenne, sujet de la reine et « esclave » qui est réservé aux hommes.

Crédits photo (CC BY-SA 2.5) : António Martins-Tuválkin

Royaume de Redonda

Une des plus anciennes micronations de l’Histoire ! En 1865 un citoyen britannique vivant aux Antilles demande à la Reine Victoria s’il peut avoir le titre de Roi de Redonda sur une île inhabitée des caraïbes, en échange de quoi aucune révolte n’y éclatera. Acceptant la demande, la lignée de rois (souvent contestée) continue à régner sur l’île toujours déserte.

Comme le premier roi était un fervent écrivain, il transmit son titre et ses droits à un autre écrivain qu’il aimait bien, et ainsi de suite. C’est cette façon de procéder qui enragea certains descendants d’autres rois qui réclament le titre. Aujourd’hui un festival de littérature se tient sur le territoire de Redonda (surprenant n’est-ce pas ?).

Crédits photo (Domaine Public) : Andy king50

Moresnet neutre

En 1816, les Pays-Bas et l’Empire Allemand n’arrivent pas à se mettre d’accord sur la nationalité de la ville frontalière de Moresnet, qui abrite une mine. La municipalité est scindée en trois parties : une Néerlandaise, une autre allemande et la dernière neutre sous contrôle des deux états. On la considéra comme micronation, qui émit des timbres et adopta l’espéranto. Mais abritant la plus grande réserve de zinc d’Europe, l’Allemagne et la naissante Belgique n’arrivent pas à se mettre d’accord. Durant la Première Guerre mondiale, l’Empire allemand l’annexe, puis suite à sa défaite de la Grande Guerre, est rattaché à la Belgique. Le Moresnet neutre est considéré comme une des plus anciennes micronations, rien que ça !

Crédits photo (Domaine Public) : ThrashedParanoid

République indépendante de Figuerolles

Cette micronation venue de Marseille a même fait l’objet d’un reportage dans le journal de France 3, c’est dire l’aura exceptionnelle qu’elle possède sur le Monde : une simple maison située sur une calanque qui devient République après le retour d’un ancien pilote de Normandie. Pour l’instant elle n’a pas de drapeau, ni monnaie… trop naze la nation quoi.

Crédits photo (CC BY-SA 3.0) : Tobi 87

Wirtland

Quand on est déçu de ses dirigeants, à part crier dans la rue avec une banderole ou essayer de déclencher une rébellion en prenant en otage un vélo libre-service, il n’y a pas grand-chose à faire.

Fondé en août 2008, le site internet Wirtland veut réunir sous un même état tous les mécontents, et ça marche : 8817 se sont inscrits (dernier recensement en décembre 2018) ! Depuis 2010 on compte même Julian Assange et Edward Snowden parmi ses citoyens. Enfin, de ses Witizens.

Crédits photo (Domaine Public) : Witizen

Et le meilleur pour la fin : la Principauté de Groland

Ce n’est pas vraiment une micronation, mais il serait impossible de ne pas parler de Groland. Depuis 1992, enchaînant blagues pour le moins douteuses sur sketchs hilarants. Le président Christophe Salengro, aux allures d’une caricature de De Gaulle, successeur de « Mémé Quéquette » clame la devise « Groland, je mourirai pour toi ! ».

Empli d’un riche passé préhistorique où l’on a retrouvé des ossements de majorettes, puis s’affranchissant de l’envahisseur austro-boche, il affirme son indépendance en devenant une principauté.
Vous roulerez moins bête en voyant l’autocollant « Groland » sur le pare-brise de votre voisin à côté de « Bébé à bord ».

Crédits photo (CC BY 3.0) : N@ldo

Alors, où est ce que vous voudriez déménager ?