Il parait que « la vengeance est un plat qui se mange froid ». Aucune idée, moi je fais partie des grosses viccos qui chialent quand on leur fout un couteau dans le dos, puis qui pardonnent beaucoup trop facilement. Je ne sais pas si on est nombreux dans ce cas, en revanche… Je suis persuadée que les personnes de ce top ne faisaient pas partie de notre clan. Eux, c’étaient des revanchards. Des vrais de vrais. Œil pour œil, dent pour dent.

Pierre (ou François) Picaud, le vrai Monte Cristo

Ce nom ne vous dit rien ? C’est normal. Le Comte de Monte-Cristo, ça vous parle plus ? Oui ? Eh bien parfait, puisque l’histoire de Monte-Cristo, roman écrit par Alexandre Dumas, est directement inspirée de Pierre Picaud. En 1807, il s’apprête à se marier, mais il est arrêté et emprisonné pour 7 ans juste avant son union. La raison ? Des amis, jaloux, qui voulaient récupérer la dot de sa fiancée, et qui l’ont accusé d’être un espion à la solde des Anglais devant les autorités. Picaud élabore sa vengeance pendant 10 ans. Il finit par tuer 3 des 4 traîtres. Le premier, d’un poignard dans le cœur portant l’inscription « n°1 ». Le deuxième est humilié, ruiné puis poignardé à son tour. Le troisième, empoisonné. Son cercueil porte l’inscription « n°2 ». Le quatrième, Antoine Allut, se rebelle. Il finira par poignarder Picaud avant que ce ne soit son tour.

Crédits photo (Domaine Public) : François-Louis Français

Jeanne de Belleville, la "Tigresse Bretonne"

En 1326, Jeanne de Belleville épouse Olivier de Clisson en secondes noces, un puissant seigneur féodal breton. Le couple devient rapidement puissant, et n’hésite pas à s’opposer au roi de France, Philippe VI de Valois. Un comportement qui ne fait pas plaisir au souverain : il fait lâchement arrêter et emprisonner son rival pour « haute trahison ». Il le fait décapiter, et envoie sa tête à Nantes, pour la flanquer sur les remparts de la ville. En apprenant la nouvelle, la femme, désormais veuve, conduit ses fils devant la tête de leur père et les fait jurer vengeance. Elle enchaîne alors les expéditions punitives. Elle monte sa petite armée, pille et saccage les châteaux qui ont prêté allégeance aux Valois. Le roi lui confisque tous ses biens et la bannie du royaume. Qu’à cela ne tienne : Jeanne garde les armes, mais sur mer. Elle nomme son navire « Ma Vengeance », histoire que ce soit bien clair. Son armée abat les armées du roi de France, détruit ses bien et pille ses richesses. La légende raconte que les équipages qui rencontraient Jeanne, désormais surnommée « Tigresse Bretonne », la « Lionne sanglante » ou la « Veuve sanglante », finissaient démembrés ou pendus aux mâts de leurs navires.

Louis XIV VS Nicolas Fouquet

Nicolas Fouquet était un homme de pouvoir, à la fois marquis de Belle-Île, vicomte de Melun et de Vaux. Entre 1657 et 1661, il fait bâtir le (très joli) château de Vaux-le-Vicomte. Il engage des artistes de renom, et fait du lieu un domaine fastueux. Il y organise des fêtes splendides, auxquelles il convie le Roi Soleil, s’assurant de le recevoir au mieux. Malheureusement, ces réceptions n’ont pas l’effet escompté : elles provoquent la jalousie et la colère du souverain, qui décide de se venger. Il est arrêté, ses biens sont confisqués et il est banni du royaume. Il est finalement emprisonné à vie dans la forteresse de Pignerol. Ça fait chéros la soirée, quoi.

Crédits photo (CC BY-SA 3.0) : Jean-Pol GRANDMONT

La Fontaine VS Louis XIV

Le célèbre fabuliste du XVIIe est proche de Nicolas Fouquet, qui lui accorde une pension. Lorsque ce dernier est jeté derrière les barreaux par Louis XIV, La Fontaine perd sa pension, mais aussi, un ami. Malgré la situation, il décide de lui rester fidèle et se sert de son art pour critiquer habilement l’absolutisme et la personne du Roi Soleil. Il se moque allègrement du souverain, sans ne jamais être inquiété, grâce à son utilisation de figures animales. Une vengeance discrète et humiliante, qui a traversé les siècles, puisque aujourd’hui encore, tous les Français connaissent ces fables.

Crédits photo (Domaine Public) : Hyacinthe Rigaud

Les employés de l'imprimerie rue St Séverin (Paris) contre leurs "maîtres"

Ok, là, on rentre dans du très trash. Amis sensibles aux histoires d’animaux maltraités, je vous propose de passer directement au point suivant, celui-ci risquant de vous mettre particulièrement mal. L’histoire (assez peu connue) dont je vais vous parler est nommée « The Great Cat Massacre » outre Atlantique. En 1730, les employés d’une imprimerie de la rue St Séverin se rebellent contre leurs maîtres, qui, selon leurs dires, « les traitent moins bien que leurs propres chats ». Pour se venger, ils décident alors de mettre en scène un faux procès contre les animaux domestiques, les assomment, les condamnent à mort et les pendent. Oui, c’est atroce.

Le peuple VS Robespierre

Robespierre est l’une des figures les plus étroitement liées à la période de la Terreur. D’abord apprécié par le peuple, il a rapidement basculé et été perçu comme un totalitaire assoiffé de sang et de pouvoir. On associe à la Terreur (1793-1794) des dizaines de milliers de morts : environ 17 000 condamnations à mort selon les documents officiels, 40 000 victimes, si on compte les personnes assassinées sans jugement. Retour de bâton : après avoir été lié à la décapitation de milliers de personnes, il a, à son tour, perdu la tête. Littéralement. Coupée en place publique. 1 partout, balle au centre.

Crédits photo (CC0 1.0) : Peintre non identifié

Clovis et le vase de Soissons

Ahhhhh, le fameux vase de Soissons ! Selon la légende, rapportée par Grégoire de Tours, tout commence vers 486, alors que Clovis Ier (Franc) et Syagrius (Romain) sont en guerre. A Soissons, Clovis l’emporte sur son rival. Le lendemain, vient le partage du butin (globalement constitué de biens pillés dans les églises) entre les différents soldats de son armée. Une fois n’est pas coutume, l’évêque du diocèse de Reims fit parvenir un émissaire à Clovis, lui demandant simplement de lui restituer un vase liturgique dérobé. Clovis accepta, et demanda ainsi à ses soldats leur accord. Tous furent ok pour céder le vase à Clovis, afin qu’il en fasse ce que bon lui semblait. Tous, sauf un, qui décida de frapper le vase de sa hache en hurlant « Tu ne recevras que ce que le sort t’attribuera vraiment ! ». Un an plus tard, en 487, Clovis convoqua l’armée sur le Champs de Mars. Passant les guerriers en revue, il reconnut celui qui avait brisé le vase. Il s’approcha, lui prit ses armes, les jeta au sol. Au moment où le soldat se baissa pour les récupérer, Clovis frappa sa tête de sa francique en s’écriant « Ainsi as-tu fait au vase à Soissons » (« Souviens-toi du vase de Soissons ! » dans nos manuels). Quand on vous dit que la vengeance est un plat qui se mange froid !

Crédits photo (Domaine Public) : Auteur inconnuUnknown author

Eh croyez-moi, y’a pas qu’en France qu’on sait se venger ! Des histoires de personnes qui ont pris le temps d’élaborer leur vengeance, il y en a des tas, partout dans le monde !

Sources : list25, Le Point, L’Histoire