Le sport c’est une lente succession de victoires et de défaites. Mais c’est aussi quelques gestes, foudroyants, quelques moments magiques qui resteront dans l’histoire. Tous ne sont évidemment pas glorieux et peuvent constituer de vrais « mauvais gestes ». Et d’autres sortent du lot, se détachent, prenant une dimension quasi philosophique, poétique,et donc forcément historique.

Maradona et la main, mais de Dieu

Pourquoi Maradona est et restera le meilleur joueur du monde, loin devant Pelé (ça c’est fait) ? Parce que dans le même match, il est capable de mettre un but crado de la main qui fera date, en 1/4 de finale de coupe du monde, et un des buts du siècle quelques minutes plus tard. Et il assume aussi bien les deux. Dieu reconnaîtra les siens.

Mike Tyson et le bout d'oreille d'Holyfield

Quand on s’appelle Mike Tyson et qu’on sera toute sa vie un Bad Boy, quoi qu’on fasse, autant aller jusqu’au bout du concept et bouffer l’oreille du mec en face, même s’il s’appelle Holyfield. Une fin de carrière en boxe ça peut être assez moche. Même Tyson qui ne peut qu’assumer ce qu’il aura été toute sa vie: un bad boy, même s’il élève des pigeons reste un bad boy.

Schumacher, Battiston et le coup de hanche

Longtemps le grand gardien moustachu allemand resta le symbole des différends entre français et allemands. Dans une demi-finale épique et au souvenir toujours aussi vivace, la charge haraldienne à la hanche façon ultimate fighting contre Battiston qui filait au but (même pas sanctionnée d’une faute) hantera le souvenir de Thierry Roland et de toute la France. Le sale geste d’un gardien chaud comme une baraque à frites depuis le début du match et prêt à tout, sans remord, pour aller en finale de coupe du monde. La fin justifie les moyens pour la plus belle défaite du foot français.

Zidane et le coup de boule divin

La voix de Gilardi qui résonne et son « pas ça Zinedine, oh non, oh non… Pourquoi? », la tête basse du numéro 10 français et une sortie sans un regard pour cette coupe qu’il ne touchera pas une deuxième fois. Erreur monumentale venant ternir une fin de carrière pour les uns, geste symbolique d’un homme qui préfère choisir sa fin pour d’autres. « Oui mais avec lui les ritals, on les bouffait… »

Henry et la main involontaire mais tant que ça

A l’époque de la main de Dieu de Maradona, le web n’existait pas et il n’y avait pas 18 caméras autour du terrain. Pour Thierry Henry, si. Et à la différence de l’argentin, Thierry Henry n’assuma jamais complètement son dunk qui aida beaucoup à la qualification contre les Irlandais. Petit geste, grands effets qui mèneront jusqu’à la catastrophe et l’épisode du bus de Knysna. Ca valait bien le coup…

Senna vs Prost et le coup du "désolé t'étais dans l'angle mort"

La gué-guerre Senna Prost connait son apogée à Suzuka en 1990. Sur le même circuit que l’année précédente, Ayrton Senna va éperonner la Ferrari du Professeur et la course qui lui donne le titre n’aura duré que quelques secondes. Il avoue quelques mois plus tard avoir provoqué l’accrochage. Soupe au lait le monsieur et peu concerné par son malus d’assurance visiblement.

Mac Enroe et l'engueulade perpétuelle

Impossible de garder un seul moment tant les colères de Mac Enroe se répétaient et réduisaient parfois le génial joueur de tennis qu’il était à un gueulard de première. Mais dans un sport un peu trop feutré et polissé, le génie bruyant de la petite balle jaune était un vrai régal de moments « off the limit ».

Canto et le Kung Fu

Quand le king se fait exclure un soir de janvier contre Crystal Palace, il le fait avec la manière. Ce soir là, un spectateur aviné (ou plutôt « abierré ») et plus virulent que les autres en insultes devra répondre de la colère royale du français dans une bagarre un chouia ridicule et brève, mais qui fera date. On ne peut pas toujours se cacher derrière le pouvoir de la foule.

Des mauvais gestes qu’on adore détester nan ?

Source: l’excellent livre « Eloge du mauvais geste » d’Olivier Pourriol