Je vous vois venir… « Qu’est-ce que c’est, le male gaze ? ». Pour le résumé en une phrase, le male gaze, c’est « sois belle et sexuelle ». Théorisé par Laura Mulvey, militante féministe et cinéaste en 1975, ce concept dénonce « les images imposées au public présentant une perspective (une vision) masculine, dans le cadre de la culture visuelle dominante. » C’est filmer avec un œil masculin hétérosexuel. C’est laisser trainer une caméra sur le corps d’une actrice, pour satisfaire la gent masculine, par exemple.

Le costume d'esclave de Leia dans Star Wars

Souvenez-vous : dans Le Retour du Jedi, Leia est capturée par l’immonde Jabba le Hutt. Elle apparaît alors dans « une tenue d’esclave » qui n’est autre qu’un bikini doré et échancré, attachée par une chaîne. C’est un des exemples par excellence du male gaze au cinéma. On n’avait pas besoin de la foutre à poil à ce moment-là, si ce n’est pour contenter le regard masculin.

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Les sorties de l'eau dans James Bond

Que ce soit celle d’Ursula Andress dans « James Bond 007 contre Dr. No » ou celle de Halle Berry dans « Meurt un autre jour » (2002), l’effet est le même : une femme qui s’extrait de l’eau de manière sexy, pendant qu’un homme (James Bond en l’occurrence) la mate sous tous les angles. Dans les films de l’agent 007, les femmes sont clairement représentées selon la vision que l’homme se fait d’elles. C’est gênant et irréel. Quand on sort de l’eau, on a une couche de sable dans le maillot, le haut du bikini en biais et les cheveux collés sur la tronche. C’est ça, la vérité.

Marilyn Monroe, sexualisée dans de nombreux film

Que ce soit par cette fameuse robe qui vole au-dessus d’une bouche de métro pour satisfaire le désir des hommes dans « The Seven Year Itch » ou les plans sur son buste pigeonnant dans « Rivière sans retour », le résultat est le même : Marilyn est réduite à objet de désir pour l’homme hétérosexuel. C’est moche.

Crédits photo (Domaine Public) : Studio publicity still

La scène du trench dans The Dukes of Hazard

Quand Daisy Duke ouvre son trench pour révéler ses sous-vêtements roses, tout est fait dans le sens du POV masculin. Le plan de la caméra est large, de manière à capter l’intégralité de son corps quasiment nu. En s’avançant vers la caméra elle brises presque le 4e mur, celui qui sépare le public de la fiction, pour donner une sorte de permission de regarder. Tout est calculé pour et par le regard masculin.

Megan Fox dans Transformers

Le film de Michael Bay met en scène Megan Fox dans le rôle de Mikaela Banes. Quel profil a son personnage ? Eh bien, une belle jeune femme sexualisée à souhait. Son rôle dans le film ? Celui-ci, et c’est presque tout. À part cette petite histoire d’affinité avec les voitures liée à son enfance, le personnage incarné par Megan n’ajoute rien au scénario, si ce n’est une présence féminine pour contenter la rétine des messieurs. Nice.

Psycho et la nudité

Oui, on parle bien du film « d’horreur » d’Hitchcock. Ça vous surprend ? Pourtant, il est souvent considéré comme l’archétype du misogyne. Pas étonnant, donc, de trouver le male gaze dans ses œuvres. Psycho multiplie les plans de femmes en sous-vêtements, lorgnées par des hommes. Même dans le meurtre de Marion, la nudité est au moins suggérée.

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Fast and Furious

Pour vous la faire courte : la place des femmes se réduit à un cul qui se balade, suivit de (très) près par les caméras. Des beaufs, du tuning, et des meufs le cul à l’air pour faire « stylé ». L’impression de replonger dans les conversations des beaufs prépubères de mon collège.

Fast Five et les agents en bikini

Quand Gisele et Han sont chargées d’obtenir les empreintes du méchant, on se dit que c’est cool, et qu’on a donné à une meuf la possibilité de changer les choses. Puis, on déchante dans la seconde qui suit : la première chose que fait Gisele pour commencer sa mission, c’est de se foutre en bikini, devant une caméra qui filme au ralenti.

"Ninja Turtles" et la sexualisation de Megan Fox, encore

Et ici, c’est une nouvelle fois Megan Fox qui fait les frais du regard masculin. Phrases équivoques, gros plan sur sa poitrine ou ses fesses : bref, une nouvelle fois, l’actrice est sexualisée à fond. Oui, même dans un film initialement adressé aux jeunes.

"Once Upon a Time… in Hollywood" et la place de Margot Robbie

Parmi les controverses sur le film : la place qui est attribuée à Margot Robbie, dans la peau de Sharon Tate. Outre ses quelques pauvres lignes de dialogues, elle semble surtout servir à instaurer une espèce d’alchimie virile entre Cliff (Brad Pitt) et Rick (Leonardo DiCaprio). Certaines scènes, comme celle où elle danse dans le manoir Playboy sans savoir qu’elle est observée par Steve McQueen, apparaissent comme une quasi-érotisation du personnage.

Hollywood, merci d’arrêter de véhiculer des stéréotypes sexistes à tout va.

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