En 2017, l’association « 50 assos contre l’exclusion » avait mis en ligne une série d’illustrations pour lutter contre les clichés tenaces concernant les personnes sans emploi et sans ressources. C’était une bonne manière de combattre les attaques incessantes d’une certaine partie de la population qui préfère s’attaquer à ceux qui n’ont rien plutôt que de s’intéresser à de vrais problèmes, comme, au hasard, la fraude fiscale. Comme tout ça est toujours d’actualité, on en remet une couche pour ne pas oublier. Et ça fera chier les gens de droite, oui.

"Les fraudes au RSA coulent le budget de la France"

Aux dernières nouvelles, en fait, 36% des gens éligibles au RSA n’en faisaient pas la demande (principalement par manque de connaissance de leurs droits). C’est bien plus conséquent que le nombre estimé de fraudeurs. Et puis, rappelons-le encore une fois, la fraude fiscale coûte bien plus, mais comme elle concerne les gens hauts placés, elle est bien moins traquée et punie. Mais on en reparle juste en-dessous.

"La fraude sociale est responsable du déficit de l'Etat"

Faux. Elle y participe éventuellement, mais bien moins que la fraude fiscale (et de loin). La fraude sociale, c’est environ 150 millions d’euros par an de perdus. La fraude fiscale, c’est environ 60 milliards d’euros par an de perdus. Donc oui, les deux sont à condamner, mais on a d’un côté des gens qui fraudent pour avoir quelques centaines d’euros en plus par mois et qui n’altèrent que peu le fonctionnement de l’Etat, et de l’autre des gens richissimes qui cachent leur fric pour être toujours plus riches. Si demain la fraude fiscale n’existait plus, on pourrait commencer à éponger la dette de notre pays qui s’élève à plus de 2300 milliards d’euros (c’est absurde, oui.)

"Les étrangers ils viennent chez nous pour profiter de nos aides sociales"

Généralement ils viennent chez nous pour avoir une meilleure vie que dans leur pays d’origine, certes. Mais pour toucher le RSA, par exemple, il faut vivre sur le sol français depuis 5 ans, donc niveau projet à court terme, c’est pas ouf. La meilleure option pour eux est de travailler rapidement après leur arrivée. « Mais ils nous piquent notre boulot », bah non, ils font généralement les boulots que t’as pas envie de faire (même si c’est une triste réalité).

"S'ils se bougeaient, les chômeurs pourraient trouver du travail"

Admettons, certains ont les capacités et les compétences pour trouver du travail et préfèrent rester oisifs. Quelques uns. Sauf qu’en fait il y a environ 6 millions de chômeurs pour environ 200.000 postes disponibles, donc à moins d’organiser une sorte de Battle Royale géant pour savoir qui seront les heureux élus, on ne voit pas trop comment faire pour que tout le monde sorte du chômage.

Et puis même, il y a des secteurs qui ont du mal à trouver des candidats, comme dans la restauration par exemple. Mais au bout d’un moment il faudrait peut-être s’interroger sur un point : si personne ne veut postuler à certains postes, c’est peut-être parce que ces postes sont pourris et qu’on n’a pas envie d’être des esclaves modernes prêts à se faire piétiner pour un SMIC.

"Les gens préfèrent être au RSA plutôt que de travailler"

Encore une fois : admettons. Peut-être que certains préfèrent être pépères chez eux avec 550 euros qui tombent chaque mois. Sauf que déjà, ce n’est pas un rêve pour beaucoup de gens au RSA, et puis cette aide est suspendue si la personne refuse 2 offres d’emploi. C’est comme pour le chômage.

"Les SDF n'ont qu'à trouver du travail s'ils veulent sortir de la rue"

Oui, mais non. 1 sans domicile fixe sur 4 est salarié. Gagner une paie c’est bien, mais pas toujours suffisant pour accéder au logement. D’ailleurs, les formalités pour obtenir un logement peuvent être un vrai parcours du combattant quand on a passé les derniers mois dans la rue et qu’on ne dispose pas des pièces demandées par la plupart des agences immobilières.

"L'Aide Médicale d'Etat nous coûte trop cher"

Cette aide médicale apportée aux sans papiers est loin d’être un gouffre financier puisqu’elle représente 0,47% des dépenses médicales de l’Etat. C’est pas « rien » mais c’est pas ça qui nous coule.

"Et puis ça va, ils vivent pas non plus dans des bidonvilles"

Eh ben si, environ 16000 personnes en France métropolitaine vivraient dans des bidonvilles. Ça fait déjà beaucoup trop de monde pour un pays riche comme le nôtre.

"Ils s'appellent tous Joël ou Joëlle"

C’est faux

Ils aiment tous la couleur jaune

Non plus.

Le pire dans tout ça, c’est que plein de choses coûtent plus cher aux pauvres qu’aux riches.