Je vous le dis, on est vraiment au beau milieu de la pire saison de l’année, notamment parce qu’on doit se taper les musiques de l’été partout, tout le temps. Heureusement, cette année, on a eu la chance d’avoir Clic clic pan pan de Yanns, Suavemente de Soolking, mais surtout Petete de Gambi pour nous accompagner dans nos journées de sudation sous 40 °C. Un chef-d’œuvre qui mérite clairement qu’on s’attarde sur les paroles pleines de sens. Aussi dispo pour donner des cours de français à vos ados, contactez-moi en com.

Un enthousiasme qui fait perdre les facultés de langage

« Pew, grr. Pew, pew, pew, pew, pew. Skrt, rah. Rah, rah, rah, rah » : Gambi commence sa chanson survoltée par cette série d’onomatopées qui traduisent le stress mais aussi la propre excitation du chanteur. Il est tellement investi dans cette musique et dans sa carrière qu’il en a du mal à trouver les mots pour s’exprimer.

Un texte qui s'ancre fièrement dans la réalité de la cité

Originaire de la banlieue parisienne, Gambi a à cœur de rappeler d’où il vient. C’est d’ailleurs dans cette optique qu’il dit « J’suis un raclo qui vient des 3F », indiquant qu’il est fier d’appartenir à la cité. Tout au long de la chanson, les onomatopées, aussi évoquées précédemment, rappellent également le quotidien de la rue. Mais Gambi n’oublie pas d’y intégrer la réalité des té-ci. Avec les « paw-paw », « pew-pew » et la phrase « Y a la CR partout dans l’bloc », le chanteur n’omet pas la violence et les tensions qui règnent parfois dans ces espaces.

Un personnage principal en proie à de fortes addictions

Tout au long de la chanson, Gambi se confie sur son rapport malsain à l’alcool et à la beuh. On peut notamment le voir lorsqu’il dit « J’suis en fumette, j’suis pété-té, j’suis en buvette, j’suis pété-té », « État normal, en état d’ivresse » et « Avec la vo’-vo’, j’la vois en moins vilaine ». Cela nous donne l’impression que l’artiste a fréquemment besoin d’être alcoolisé ou drogué pour ne pas avoir à affronter la réalité. Cela se voit également lorsque Gambi se défend d’avoir recours à certaines substances : lorsqu’il dit « Dans nos narines, on ne met pas les trucs », il semble chercher à échapper à la gravité de son addiction par la réfutation et l’évitement.

Le goût du danger

L’addiction à l’alcool, et notamment à la « vo’-vo' », de notre chanteur paraît avoir des répercussions sur sa capacité à distinguer les situations de danger, car au lieu de s’en affoler, il semble heureux d’y être confronté. Ainsi, lorsqu’il dit « J’suis khabat, j’sens plus la vitesse, j’ai fait sentir la boîte de vitesse », Gambi nous montre qu’il n’a plus conscience des risques de son comportement et qu’il est donc grand temps qu’il consulte un addictologue.

Un homme qui sait souligner les efforts d'autrui

Malgré ses addictions, Gambi se veut un soutien moral puissant pour ses proches. Tout au long de sa musique, on le voit donc encourager à plusieurs reprises celle qui semble être sa partenaire du moment. Dès le début de la chanson, le chanteur la félicite en disant « Bébé, elle donne ça bien. Bébé, elle fait ça bien », évoquant sûrement ses talents pour le coloriage. Et même lorsque celle-ci se retrouve en difficulté, Gambi est là pour la soutenir, comme on peut le voir dans la phrase « Baby parle pas trop latin, j’applaudis jusqu’au matin ». Notre chanteur est donc une personne qui a à cœur de voir son entourage réussir, on ne peut que l’en féliciter.

Une relation non-assumée

Contrairement à ce qu’il racontait au début de sa chanson, Gambi finit par montrer qu’il n’est pas aussi investi dans sa relation amoureuse qu’on le pensait. Car malgré ses « ma chérie, ma chérie, ma chérie, ma chérie » qui indiquent qu’il considère sa partenaire comme sienne et qu’il lui porte de l’affection, il affirme aussi « Hcheum, y a rien d’officiel, t’auras pas le LV ni l’Chanel. J’ai confiance en moi, pas en toi, donc j’fais belek à la mañana ». Ce retournement de situation montre que le chanteur n’est pas prêt à assumer sa relation devant ses proches, certainement parce qu’il ne souhaite pas passer pour un canard auprès de ses proches.

La violence et l'humiliation pour se faire respecter

L’environnement de Gambi pouvant être très toxique, notamment depuis qu’il a gagné en célébrité, le chanteur cherche à se faire respecter par ses pairs. Pour ce faire, il utilise au fil de sa musique la menace (« Les petits vont t’faire ta voiture au boitier »), l’intimidation (« Arme refou’ et fou d’la gâchette », « Ça nique la bavette ») mais aussi l’humiliation. Ainsi, il n’hésite pas à demander publiquement « Pourquoi mon reuf a retourné sa veste ? », à annoncer « Au quartier, les jaloux, on les v’-esqui » et à se moquer des rageux en chantant « Ils font que des transactions sur FUT », les comparant à de jeunes enfants qui gâchent tout leur argent sur le mode Fifa. Par ces procédés, Gambi cherche donc à être craint afin d’être respecté et admiré de tous.

L'argent comme moteur premier

Finalement Gambi achève sa chanson en s’exprimant sur sa passion pour l’argent qu’il souhaite acquérir en masse. On peut notamment le voir lorsqu’il dit « Y a qu’les gros montants qui m’donnent la barre », « Charbon, moula, ça va vite », ou encore lorsqu’il parle du « prix de la cassette ». Accumuler beaucoup de zéros semble donc être son rêve ultime, le but final de sa vie, ce qui expliquerait pourquoi il a besoin de l’alcool et de la drogue pour dépasser cette pression de réussir.

Conclusion

Ce texte témoigne du quotidien lourd mais survolté de Gambi qui doit jongler entre ses addictions et son envie de réussir, sans prêter attention aux rageux qui cherchent à lui nuire, ni renier les siens. Dans tout ce tourbillon de stress et d’excitation, le chanteur n’a pas le temps pour une relation, c’est pourquoi malgré son attachement à celle qu’il cotoye, il préfère se concentrer sur sa carrière. Un choix honorable bien qu’un peu dommage.

Vous vous souvenez, à l’ancienne, quand on écoutait Anissa de Wejdene et Djomb de Bosh ? Ahhhh, c’était le bon temps…