Lorsque j’étais étudiant en école de ciné, j’avais un professeur qui avait une formule intéressante : « Ce qu’on appelle aujourd’hui un cliché était à la base une bonne idée ». On pourrait ajouter à la fin de cette phrase que cette bonne idée a tellement été tabassée par des scénaristes fainéants, que son cadavre encore fumant git sur le côté de la route pas toujours ensoleillée du cinéma. C’est pourquoi on vous propose aujourd’hui de lister les trucs qu’on ne veut plus jamais voir dans les films s’ils sont mal utilisés, ces techniques de mise en scène qui sont bonnes, mais bien souvent mal amenées.

Les cartons explicatifs en début de film

Ce procédé des cartons explicatifs remonte à l’époque du film muet, mais là il y avait l’excuse de ne pas avoir les dialogues pour avoir recours au texte. Pourquoi on ne veut plus en voir ? Parce que ça démontre une réelle paresse en terme de mise en scène. Si le mot cinéma veut dire « écriture » et « mouvement », c’est pas pour foutre du texte en début de film, l’idée est de raconter son histoire avec du mouvement et donc des images. De nombreux exemples de films fantastiques ou de science fiction arrivent à exposer leurs univers complexes sans avoir recours à cette méthode à la con que même les chefs d’œuvre Blade Runner et Star Wars n’évitent pas.

La mauvaise utilisation de la voix off

Une voix off dans un film peut être une excellente idée si elle est justifiée et si elle ne sert pas simplement de béquille à une narration bancale. Très utilisée dans le genre du « film noir », Billy Wilder s’amusait déjà avec la voix off dans l’excellent Boulevard du crépuscule en nous montrant le cadavre du narrateur dès les premiers plans du film de façon à jouer avec ce code : le personnage va nous raconter comment il est mort. Dans Casino et Les affranchis Scorsese fait parler plusieurs de ses personnages en voix off, ce qui amène une originalité et un sens particulier puisqu’un point de vue sur ce qui est raconté est donné par celui qui parle et il peut donc différer du point de vue d’un autre narrateur.

Les films qui commencent par la fin ou par leur élément perturbateur

Vous voyez tout à fait ce genre d’introduction : le personnage principal est dans une merde noire, généralement une voix off arrive et dit « Vous voulez savoir comment je me suis retrouvé dans cette situation ? Laissez-moi vous raconter ». C’est vu, revu, et surtout c’est souvent très maladroit. Si un film a besoin de vous montrer le moment où il bascule pour vous accrocher, c’est qu’on n’a clairement pas voulu travailler une bonne intro qui va vous faire entrer dans l’histoire. Si certains films comme Fight Club vont utiliser le procédé intelligemment, c’est rarement le cas et du coup ça en devient vraiment, vraiment cliché. Un film qui joue subtilement avec cet effet est L’armée des 12 singes puisqu’on peut voir la même scène à l’intro et à la fin symboliser la boucle du film.

L'utilisation indigeste de ralentis

OK, on a compris que les ralentis c’est super classe pendant les scènes d’action et que ça nous montre comment le personnage est trop balaise quand il éclate tout le monde. Sauf qu’en fait c’est souvent cliché, peu original et surtout il y en a beaucoup, beaucoup trop. Alors même si beaucoup de bons exemples de ralentis qui fonctionnent existent, c’est un procédé de mise en scène qui a un sens comme tous les autres, et l’idée de le placer juste pour « faire classe » n’est pas suffisante, c’est même une très mauvaise raison. Dans la dernière trilogie X-Men, le personnage de Quicksilver intervient dans plusieurs scènes au ralenti vraiment intéressantes car elles sont justifiées par son pouvoir, donc voilà un exemple d’une bonne utilisation.

Les twists scénaristiques qui n'ont aucun sens

C’est souvent à la fin de certains thrillers ou films policiers qu’on a droit à ce genre de scènes de type « c’était lui depuis le début » où l’on voit généralement des scènes précédentes sous un nouveau regard, par exemple à travers les yeux du tueur. Le pire c’est qu’en plus pour brouiller les pistes certaines scènes changent pendant les flashbacks, de sorte à ce que le spectateur ne puisse pas deviner qui était le tueur ou le traitre avant qu’on le lui montre à la fin. Sauf que ça, ça ne marche que si on justifie le fait qu’on nous a montré quelque chose de faux. Dans le film Haute tension, le twist est par exemple complètement forcé et casse toute la crédibilité du film, ce qui est dommage.

Les cliffhangers forcés

Vous venez de terminer le film, les héros s’en sortent vainqueurs après avoir défoncé un méchant random aux motivations foireuses et tout rentre dans l’ordre. Enfin du moins c’est ce que vous pensez puisque juste avant le générique on voit un cliffhanger tout à fait forcé qui montre que finalement non, le méchant est encore vivant et il va revenir. Ou alors on a droit à une scène qui annonce une suite alors que l’histoire est résolue, ce qui est nul, c’est tellement nul que les gens vomissent dans la salle de projection, comme cela a probablement eu lieu devant cet infâme cliffhanger à la fin de Super Mario Bros qui fait partie des films qui se sont fait défoncer par leurs acteurs.

Les flashbacks inutiles

Le flashback est un outil scénaristique extrêmement important et largement utilisé, malheureusement parfois assez inutilement il faut le reconnaitre. C’est comme tous les procédés de ce top en fait, si ça ne sert pas l’histoire ou la mise en scène, ça n’a rien à foutre dans le film. En ajouter pour faire comme s’il y avait eu du travail sur le scénario c’est comme le mémoire d’un mauvais élève qui met des images pour rattraper la pauvreté du texte. Bon après au pire parfois ça passe et donne des films qu’on ne comprend pas mais qu’on aime quand même, comme Mulholand Drive.

Le manque de prise de risques dans le mélange des genres

Le cinéma occidental reste de manière générale assez enfermé dans la définition du genre. Vous allez regarder une comédie, un film d’horreur, un drame, un film policier… Et chacun de ces genres possède ses propres codes. C’est très bien, c’est référencé, mais c’est aussi là où la répétitivité et le manque d’originalité demeurent. Le cinéma Coréen par exemple regorge de films qui touchent à plusieurs genres, mélangeant l’horreur, l’humour, le drame, l’action et plein d’autres ingrédients pour créer des films uniques qui n’entrent pas dans de simples cases (The Host en est un bon exemple). Ce manque de prise de risque devrait franchement disparaître pour qu’on puisse arrêter de se dire « ouais bah ils vont finir ensemble c’est certain ».

Les remakes, les spin-offs, les prequels, les sequels

Puisqu’on parle d’un manque d’originalité, on peut parler assez largement de la chiée de remakes qui sortent ces dernières années. Déjà il est assez rare qu’un remake surpasse l’original en terme de qualité, et surtout c’est quand même la définition même de la paresse que de refaire quelque chose qui existe déjà. Le meilleur exemple pour illustrer ce propos est probablement le remake du film « Old Boy » qui était tout à fait dispensable et passait après un sacré chef d’oeuvre. Bon après il existe de nombreuses exceptions comme ces remakes qui ont fait oublier l’original.

Vin Diesel

Sans déconner, le mec joue comme un pied cassé et a une réputation de connard sur les plateaux. C’est peut-être suffisant pour qu’on arrête de l’utiliser dans les films.

Crédits photo (CC BY-SA 3.0) : Gage Skidmore

Bon, finalement on parle quand même de bons trucs mais qu’il ne faut pas utiliser à tort et à travers juste pour faire cool, parce que c’est l’anti-thèse du cool. Bon après il faut savoir qu’on est pas d’accord sur certains points à la rédac, donc à vous de faire votre propre jugement sur tout ça, chaque avis compte les amis.