Quand on parle de sorcières, on pense surtout à Karaba dans Kirikou, à la sorcière de la rue Broca dans les contes de la rue Broca, aux sacrées sorcières de Roald Dahl ou la sorcière de Blanche-Neige. Pourtant, il a existé de « vraies » sorcières, celles que l’on associe aujourd’hui à la lutte féministe car elles ont été victimes de persécution, de torture et ont, pour la plupart, été exécutées. La chasse aux sorcières la plus connue reste celle des sorcières de Salem dont on vous dévoile tous les secrets aujourd’hui.

L'histoire a débuté à Salem Village et non pas à Salem

C’est à proximité de Boston, dans le Massachusetts, aux États-Unis, que tout a commencé. La petite communauté puritaine de Salem Village, aujourd’hui ville de Danvers, voit des accusations de sorcellerie naître un peu partout en son sein. C’est dans la ville voisine de Salem que se déroulera le procès des accusés.

Ça a commencé avec des petites filles qui se comportaient étrangement

À la fin de l’an 1691, Betty Parris (fille du nouveau révérend Samuel Parris) et Abigail Williams (nièce de Samuel Parris), âgées de 11 et 9 ans, jouent à faire de la divination, parfois conseillées par Tituba, servante antillaise de la maison Parris, qui leur aurait appris à lire l’avenir. Mais lors d’une de ces séances de divination, l’une des deux jeunes filles affirme avoir vu un spectre et avoir été paralysée par une angoisse très forte. Suite à cela, les deux enfants ont un comportement des plus étranges : elles parlent une langue inconnue, traînent des pieds, rampent sous les meubles et ont des convulsions. Incapables de trouver l’origine de ce changement de comportement, les médecins les déclarent victimes de sorcellerie. Six autres jeunes filles de la ville sont peu à peu elles aussi en proie aux mêmes symptômes.

La vague d'accusés fut énorme

Toutes les jeunes filles déclarées « possédées par Satan » sont sommées de dénoncer ceux qui les ont ensorcelées, maudites. Bien entendu, celles ayant pratiqué la divination se gardent bien de le dire car cet acte allait à l’encontre du christianisme, très présent à l’époque. Seules trois personnes sont donc incriminées au départ : Tituba, la servante des Parris, Sarah Good, une mendiante déshéritée et Sarah Osborne, une vielle femme ayant détourné l’héritage de ses enfants pour tout donner à son second mari. Seule Tituba avoue être une sorcière tandis que les deux autres clament leur innocence. Elles seront toutes interrogées publiquement. Au total, entre 150 et 300 personnes auraient été accusées de sorcellerie, la délation étant vivement encouragée.

Il n'y a pas eu de vrai procès

À l’époque, Salem Village faisait partie d’une petite colonie britannique qui n’avait pas de gouvernement légitime. En mai 1692, le gouverneur William Phips déclare donc qu’une cour « pour entendre et décider » va être instituée. La « spectral evidence », où le fait de savoir si la personne est une sorcière ou non par le simple toucher, est beaucoup utilisée comme preuve pour rendre un jugement.

19 personnes moururent exécutées

Seule une personne est relâchée après que les accusatrices aient changé de discours à son sujet. Tous les procès se terminent par une condamnation à mort. Quatorze femmes et cinq hommes sont pendus et un homme, Giles Corey, meurt sous la torture (on empila des pierres sur sa poitrine jusqu’à ce qu’il meurt écrasé) car il refusait de se défendre devant la cour. Les seuls moyens d’échapper à l’exécution sont de se déclarer coupable et de dénoncer d’autres personnes ou d’être enceinte, ce qui permet de repousser l’exécution à après la naissance de l’enfant. Deux chiens sont aussi tués car accusés de « porter le mauvais œil ». Plusieurs personnes n’ont pas le temps d’être jugées et meurent en prison, notamment Sarah Osborne.

Le village fut quasiment déserté

Par peur d’être accusées, de nombreuses personnes fuient la région en laissant tout derrière elles, vers New-York et plus loin encore. Les terres sont laissées en jachère, les animaux ne sont plus soignés et les commerces sont à l’arrêt, la plupart des propriétaires ayant fui.

On attribue en partie cette panique générale aux guerres avec les Amérindiens

À l’époque, la communauté puritaine issue de la colonisation britannique doit faire face à la fois à la guerre avec la France et aux attaques répétées des Amérindiens colonisés. Sans aide de la part de l’Angleterre, les habitants du village auraient, selon l’historienne Mary Beth Norton, développé cette « hystérie » générale à cause de leur peur perpétuelle des attaques amérindiennes. Par ailleurs, bon nombre de personnes accusées avaient des liens personnels ou sociaux avec les attaques amérindiennes s’étant déroulées les quinze années précédant ces événements. Certains accusateurs affirmaient également que les prétendues sorcières participaient à des assemblés nocturnes avec les Amérindiens. Ces derniers étaient par ailleurs associés à Satan par le clergé puritain.

Mais on pense aussi que la culture du seigle a pu causer des hallucinations

Une autre théorie évoquée pour expliquer ces événements est celle de l’ergotisme, aussi appelé le mal des ardents et provoqué par l’ergot de seigle. Ce champignon qui pousse notamment dans l’orge et le seigle contient une substance proche du LSD qui peut provoquer des hallucinations. Pour se développer, ce champignon a notamment besoin d’un sol humide, or la petite communauté britannique cultivait son seigle sur une zone marécageuse et a connu un printemps (celui de 1691) humide et chaud. Cela pourrait expliquer pourquoi bêtes et hommes avaient des signes d’intoxication à l’ergot de seigle.

Des histoires entre plusieurs familles pourraient aussi avoir joué un rôle

Selon d’autres théories avancées, des rivalités sociales auraient aussi pu entrer en jeu. Les victimes d’accusation venaient en effet toutes de Salem, la ville portuaire (plus riche) voisine alors que les accusatrices étaient originaires de Salem Village. Des tensions entre familles sont aussi envisagées : les Parris ont pu accuser des personnes comme la famille Nurse, occupant des terres appartenant à la famille de Betty Parris et Abigail Williams. De même, on soupçonne la famille d’une des accusatrices, Ann Putnam Jr., d’avoir comploté pour tenter d’éliminer une famille rivale, les Porter.

Les sorcières de Salem n'ont été réhabilitées que 325 ans plus tard

Lorsque l’épouse du gouverneur William Phips fut accusée, le procès prit une autre tournure. En 1692, il ordonne de mettre fin aux exécutions et fait libérer la quasi-totalité des emprisonnés, notamment suite à un appel du clergé de Boston. En 1693, les juges renoncent à la « spectral evidence » et les quelques condamnées sont graciées. Quatre ans plus tard, les juges expriment publiquement leurs regrets face à ces procès injustices et aux condamnations. Petit à petit, les langues se délient et certaines accusatrices reconnaissent leurs erreurs, avouent avoir menti ou affirment avoir accusé dans un état de confusion et sous la pression des villageois et de leur famille. En 1711, 600 livres sont versées aux familles des victimes et le gouverneur du Massachusetts pardonne à tous les coupables. Mais ce n’est qu’en 2017 qu’une stèle en hommage aux personnes exécutées a été inaugurée à Salem pour réhabiliter les victimes.

Si tu veux plus de sorcellerie, jette un œil (dans un chaudron pour faire une bonne potion mdr) aux sorcières les plus connues de l’Histoire. Sinon on a aussi les sorcières françaises qui ont eu une vie bien pourrie, les idées reçues sur les sorcières, les pires tortures infligées aux sorcières et les accusations de sorcellerie les plus débiles.

Sources : Wikipédia, Ouest-France, Radio Canada, Universalis, Mythologica, Histoires paranormales, French District.