Globalement, dans la vie, les meufs n’ont pas de chatte. Enfin, si, mais non. Vous m’avez comprise. De notre naissance jusqu’à ce qu’on canne, on subit tout un paquet d’inégalités qui peuvent être de vrais obstacles au quotidien, comme le sexisme qui existe toujours en 2023, les violences gynécologiques ou encore le harcèlement de rue. Ces inégalités s’immiscent même jusque dans nos portefeuilles, car les femmes sont, de manière générale, moins riches que les hommes à cause de plein de facteurs que la journaliste Titiou Lecoq expliquent très bien dans son livre « Le couple et l’argent » et qu’on va vous condenser ici. Alors mes vies, levez le poing en l’air et criez bien fort « RENDEZ L’ARGENT ! ».

La société leur impose des normes qui coûtent cher

Votre oncle aura beau vous dire « Naaaan, mais maintenant, le sexisme existe plus, les femmes sont plus libres de faire ce qu’elles veulent ! », c’est loin d’être la réalité. Parce que la vision que la société a des femmes les contraint à faire plein de choses qui pèsent dans leurs revenus. Pour se conformer aux diktats, les meufs doivent être gentilles, généreuses, bien foutues, belles avec cheveux soyeux et avoir des jambes toutes douces.

Ainsi, parfois même inconsciemment, elles font plus de dons à leurs proches, prennent de leur temps pour s’occuper d’eux gratuitement et dépensent des fortunes en épilation, en produits cosmétiques, en soins et activités physiques pour maigrir dans le but de répondre à l’image que la société a d’elles. Et croyez-moi, ça coûte une couille, si vous me permettez l’expression.

Elles payent la "taxe rose"

Au-delà du fait que les meufs ont déjà des dépenses supplémentaires à cause, notamment, de leurs règles (tampons, serviettes, culottes de règles et autres joyeusetés), elles doivent en plus se taper ce qu’on appelle la « taxe rose », c’est-à-dire une augmentation du prix d’un produit ou d’un service lorsqu’il est destiné à un public ciblé.

Les femmes sont souvent les premières victimes de cette taxe, comme on peut le voir avec certains produits cosmétiques : les rasoirs féminins sont en général beaucoup plus chers que les rasoirs masculins pour la simple et bonne raison qu’ils sont étiquetés « pour femmes » (et qu’ils sont roses). Même chose pour des déodorants, des dentifrices, des jouets, des coupes de cheveux ou des lavages de chemises en pressing. Mais allez-y, continuer de prendre toute ma thune en fait, servez-vous.

Dès l'adolescence, les femmes sont moins avantagées que les garçons

Je vous le disais plus haut mais déjà, l’entrée dans l’adolescence défavorise les jeunes filles en les obligeant, à partir d’un certain âge, à suivre tout un tas de normes pour correspondre aux critères de beauté qu’on leur impose. Mais au-delà de ça, les adolescentes sont défavorisées en niveau de l’argent de poche : en moyenne, selon les études, les garçons toucheraient 4 € de plus que les filles chaque mois. Ces dernières sont également moins propices à réclamer et à négocier car elles ne se sentent pas légitimes, là où les garçons, eux, n’hésitent pas.

Il faut aussi noter que les adolescentes prennent plus tôt leur indépendance, ce qui les place plus tôt dans une situation de précarité, là où les garçons peuvent déjà mettre de côté en étant nourris et logés chez leurs parents. Selon l’Insee, 58 % des hommes de 18 à 24 ans résident chez leurs parents contre 48 % des jeunes femmes du même âge.

Elles sont souvent orientées vers des métiers peu rémunérateurs

Si les femmes sont aujourd’hui plus diplômées que les hommes (54,2 % des femmes de 25-34 ans ont réussi leurs études supérieures contre 46 % des hommes du même âge, selon Eurostat), elles se retrouvent souvent dans des métiers moins bien payés que les hommes. Ainsi, on les retrouve bien plus dans des filières sociales et littéraires (86% des effectifs du paramédical et du social sont des femmes) que scientifiques (les femmes représentent seulement 28,9 % des effectifs en écoles d’ingénieurs, selon l’Insee). Il n’y a qu’à voir à quel point les adolescentes ont déserté les cours de mathématiques suite à la réforme du baccalauréat pour se rendre compte que l’on pousse toujours les femmes vers le même type de métiers.

De plus, les femmes accèdent moins facilement et moins rapidement à des postes à hautes responsabilités et les demandent rarement elles-mêmes, pensant qu’on va les leur donner naturellement parce qu’elles les méritent (spoiler, c’est rare qu’elles finissent par les obtenir). Finalement, cette citation de Titiou Lecoq illustre bien toute cette situation : « Plus un métier est mal payé, plus il est féminisé, et plus il est féminisé, plus il est mal payé ». Ça fait mal.

Elles subissent toujours les écarts de salaire avec leurs homonymes masculins

En plus de connaître moultes obstacles jusqu’à l’obtention d’un poste, les femmes sont aussi défavorisées dans leur emploi par leur salaire. Je ne vous apprends rien, mais en 2017, selon l’Insee, pour un temps de travail égal, les femmes gagnent 16,8 % de moins que les hommes. Pire encore, si l’on confond tous les temps de travail (partiel et complet, car les femmes sont beaucoup plus nombreuses que les hommes à se mettre en temps partiel pour s’occuper des enfants), les femmes touchent 28,5 % de moins que les hommes. C’est beaucoup trop, oui oui.

En couple, les partages sont souvent peu équitables

Quand les couples n’ont pas de compte commun sur lequel ils partagent 100 % de leur thune, la femme se retrouve souvent désavantagée vis-à-vis de son mec. Cela peut sembler équitable de dire « Toi, tu payes le loyer, moi la crèche, toi l’électricité, moi les courses », mais ça ne l’est pas (du tout). Car dans une majorité des cas, la femme gagne moins que son partenaire et ses dépenses, même si elles sont égales à celles de son +1, représentent donc une part plus importante de son salaire. Elle peut de ce fait mettre moins de côté et cela creuse l’inégalité financière entre elle et son conjoint. C’est ce que les sociologues appellent le « don réciproque ».

Les impôts sont aussi défavorables aux femmes lorsque le couple ne bénéficie pas d’un taux individualisé, mais d’un taux par défaut appliqué pareillement aux deux membres du couple. Dans la même logique que la précédente, si une femme gagne moins que son conjoint, elle aura ainsi une part plus élevée prélevée sur son salaire que celle de son partenaire.

C'est toujours l'homme qui investit le plus dans le patrimoine du couple

Tous les points précédents ont un impact sur le patrimoine financier des femmes qui est, dans une majorité de cas, inférieur à celui des hommes. Dans un couple (encore une fois sans compte commun), c’est souvent l’homme qui gère les comptes, mais surtout qui rembourse les grosses dépenses. C’est la théorie des pots de yaourts exposée par Titiou Lecoq que je vous invite fortement à regarder ci-dessous : lorsqu’une meuf paye les travaux d’un appartement acheté par son mec, qu’elle place ses économies sur des livrets pour ses enfants alors que lui investit ou qu’elle paye toutes les courses pour compenser le crédit auto remboursé son mec, elle se retrouve sans vrai patrimoine.

C’est un réel problème en cas de rupture, car l’homme se retrouve avec un patrimoine « matériel » alors que la femme a dépensé toutes ses économies dans des choses dont elle ne pourra pas tirer profit. Les chiffres à ce sujet sont d’ailleurs très éloquents : l’écart de patrimoine entre les femmes et les hommes est passé de 9 à 16 %, entre 1998 et 2016, selon une étude menée en 2020. Et selon les chiffres de l’Autorité des marchés financiers, en 2021, 61,8 % des hommes détiennent une épargne salariale contre 38,2 % des femmes. Bon, bon, bon…

Lors d'évènements importants, la femme est toujours désavantagée

Je le disais juste au-dessus : en cas de séparation ou de divorce, la femme perd 19% de son niveau de vie (soit trois fois plus que l’homme) car elle n’a pas pu assez placer son argent à cause de son salaire plus faible. Mais ces différences se voient aussi lors d’autres évènements familiaux : l’arrivée d’un premier enfant accroit les inégalités entre l’homme et la femme de 23 %, au détriment de la femme, évidemment.

En cas de pacs, puis de décès, la femme est aussi moins bien protégée (pas de pension de réversion ni de possibilité d’hériter sans testament). Et en cas d’héritage familial, c’est souvent le fils aîné à qui les parents confient les « biens structurants » (une entreprise, une maison…). La fille, elle, reçoit une compensation financière qui est bien souvent sous-évaluée. Merci papa, maman, ça fait plaisir.

Le travail gratuit des femmes n'est pas rémunéré

En 2016, selon l’Institut européen pour l’égalité entre les hommes et les femmes, 79,6% des femmes consacraient au moins une heure par jour à la cuisine et aux tâches ménagères contre seulement 35,6 % des hommes. Selon la même étude, en 2016, 45 % des femmes s’occupaient chaque jour d’enfants ou de personnes âgées/handicapées contre 29,4 % des hommes. Ces énormes différences constituent d’autant plus une inégalité pour les femmes que leur travail domestique n’est pas rémunéré, ces tâches étant considérées comme un don et un devoir. De nombreuses femmes perdent ainsi une partie de leurs revenus et cotisations en se mettant à temps partiel pour gérer les enfants et s’occuper de toutes ces tâches. Alors que franchement, étendre le linge devrait au moins être payé 80 € de l’heure.

La pension de retraite désavantage les femmes

De base, les femmes sont défavorisées par le système de retraite dès lors qu’elles n’ont pas assez cotisé à cause du fameux temps partiel dont on parlait plus haut, mais aussi de leurs interruptions de carrière, des écarts de salaire avec les hommes et de leur faible épargne. La pension de réversion (toucher une partie de la retraite de son mari lors de son décès) était une bonne alternative, mais aujourd’hui, les gens se marient moins et le pacs ne permet pas cette compensation. Et puis il ne faut pas calanche avant l’autre, évidemment… En 2020, selon la Drees, les femmes touchaient une retraite 28 % inférieure à celle des hommes, pensions de réversion comprises.

Et ce n’est pas près de s’arranger avec la réforme des retraites qui s’annonce, car comme nous l’a gentiment rappelé Frank Riester, « les femmes seront un peu pénalisées ». Un peu, mdr. Eh oui car le report de l’âge légal de départ à la retraite va effacer le bénéfice des trimestres validés pour la maternité. De plus, d’après l’étude d’impact, les femmes nées après 1980 verront leur âge de départ augmenter de huit mois contre seulement quatre pour les hommes. Mais t’inquiète, c’est vraiment « favorable aux femmes » cette réforme hein, comme le dit si bien Elisabeth Borne.

Alors les meufs : contentes d’être pauvres du début à la fin de votre vie ? Ça succule, hein ?!

Et si vous voulez en savoir plus, vous pouvez aussi écouter le podcast de Titou Lecoq « Rends l’argent » sur Slate bien fort dans vos oreilles.

Sources : Madmoizelle, Le Monde.