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source photo : Les Choristes

En général, on devient pion pendant ses études, parce que c'est toujours mieux que le fast food, ou parce qu'on est au chômage. Un peu injustement considéré comme une profession mineure, ou au mieux, de transition, ce poste requiert pourtant un tas de compétences de terrain, et on voudrait bien vous y voir.

  1. Devoir courser un élève qui tente une évasion audacieuse
    Être pion, c'est un peu comme être gardien de prison. On doit faire entrer les élèves puis faire en sorte qu'ils restent à l'intérieur jusqu'à la fin des cours. Parfois, certains tentent de se faire la belle en escaladant le portail. C'est précisément là que le boulot de pion devient particulièrement physique, et qu'on regrette de ne pas être équipé de taser.
  2. Faire en sorte qu'aucune bataille de bouffe n'éclate au self
    Déjà, ramasser les plateaux oubliés c'est pas la panacée. Leur design a visiblement pas du tout été pensé pour rentrer dans la poubelle et tu te retrouves une fois sur deux avec des épinards sur les manches. Survivre au raz de marée humain qui suit l'annonce du rab de frites, c'est éprouvant. Mais la terreur du pion reste les guerres adolescentes à base de projectiles alimentaires, où tu peux très rapidement perdre tout le contrôle de la situation.
  3. Surprendre les petits malins qui fument dans les toilettes
    Les thugs de la cour de récré se retrouvent assez souvent autour d'une cuvette pour griller des cigarettes ou sniffer du gaz à partir d'une bouteille de chantilly. Ce qui donne une excellente excuse au pion pour se réchauffer les fesses sur le radiateur des pipi rooms. On ne le dit pas, mais on espère secrètement qu'ils n'arrêteront jamais.
  4. Faire du favoritisme éhonté
    Oui, parfaitement, parfois, on laisse couler, car l'élève concerné est sympa, poli, et que son excuse à base de frosties coincé dans le nez nous a bien fait marrer.
  5. Saquer un peu gratuitement des élèves
    Etre pion ne fait pas toujours resurgir le meilleur de nous même. C'est pas vraiment de notre faute, c'est la logique de gardien de prison abusif. Quand on incarne l'autorité absolue, c'est dur de se priver. Si tu te demandes pourquoi ma politique de tolérance zéro ne concerne que toi, tu feras plus attention la prochaine fois que tu joueras au foot. Et je m'en fous que tu n'aies pas fait exprès, j'ai eu mal. Continue à discuter et c'est une heure de colle.
  6. Mettre fin aux bastons
    Même si il est tentant de jouer l'arbitre et d'attendre qu'un de deux « combattants » tombe K.O. (voire de parier avec les autres élèves pour savoir qui va finir à l'infirmerie) être surveillant dans un établissement scolaire implique souvent de s'interposer pour éviter les bagarres, et c'est pas toujours rassurant.
  7. Attendre, dans le froid, en plein cagnard, sous la pluie et la neige
    Les pions poirotent tout le temps. Et, la plupart du temps, à l’extérieur. Personne n'y pense forcément, mais le surveillant est à la merci des éléments toute l'année. Comment ça ce n'est pas le seul ?
  8. Retomber en enfance (ou presque)
    Côtoyer des collégiens vous amène fatalement à échanger avec eux, un jour ou l'autre. L'occasion d'aborder des sujets super futiles, sans peur aucune d'avoir l'air immature, vos interlocuteurs ayant dix ans de moins que vous. On peut ainsi comparer ses performances à Zelda, causer du dernier épisode de Gossip Girl, ou encore s'extasier sans vergogne sur les performances des stars du catch, en toute quiétude. Et affronter le regard perplexe des vrais adultes qui vous surprennent.
  9. Gérer la salle des profs
    Pour une raison ou pour une autre, les pions sont souvent amenés à aller en salle des profs. Et donc à pénétrer une faune régie par ses propres codes et son propre langage et dont la nourriture de base se compose en général de gâteaux bien lourds et de litres de café. On se sent jamais très à l'aise mais c'est quand même très euphorisant de découvrir enfin l'envers du décor.
  10. Mettre en place des compétitions avec les autres pions
    Parce qu'il faut bien se motiver un petit peu, il est toujours rigolo de se lancer des petits défis. Du genre mettre en place une échelle de vacherie, du pion qui balance le plus d'heures de colle à celui qui n'en met jamais, avec un prix pour le plus zélé. Ou prendre des paris sur les couples en formation parmi les élèves (ou parmi les profs).

Toi là-bas, tu ne cours pas dans les couloirs ou je t’envoie chez la CPE !