Être roi, ça n’est pas que porter des perruques à bouclettes, ordonner à des pauvres gueux de se sacrifier pour “l’honneur du Roi” et justifier son pouvoir par : “Dieu me l’a donné”. C’est aussi des hommes de chair et de sang qui ont eu peur de se faire écarteler en place publique quand le peuple s’est rendu compte de l’arnaque. Convoquons ces héros de la nation qui ont fui face à la responsabilité de leurs actions.

Juan Carlos pour une poignée de pesos de plus.

Comme Robert De Niro ou Al Paccino, plutôt d’origines italiennes, Juan Carlos, plutôt d’origine incestueuse, (ses parents ont le même nom de famille, étrange non ?), a joué les truands. Enfin, Juanito, a joué le truand dans la vraie vie. Une de ses anciennes maîtresses a révélé l’avoir aidé à dissimuler de grandes quantités d’argent dans des comptes en Suisse. Environ 80 millions d’argent. Déjà soupçonné de fraude fiscale dans les années 2010, il avait été gracié par l’immaculé Mariano Rajoy, ancien premier ministre espagnol. Mais puisqu’un juge zélé a voulu rouvrir le dossier cette année, il a annoncé qu’il partirait en exil. Aux futurs escrocs qui souhaiteraient truander l’état sans se faire gauler, je recommande une formation continue au master professionnel Balkany de Levallois-Perret.

Louis XVI le raccourci

Louis XVI est mal tombé. Pas qu’il ait particulièrement cherché à améliorer son cas, ni que sa femme ne l’y ait aidé – on retiendra le “qu’ils mangent de la brioche” au peuple mourant de faim – mais il a payé pour les autres. Le peuple, épuisé par les règnes décadents de Louis XIV et Louis XV, se révolte contre son roi. Louis XVI refuse d’abdiquer et essaie de fuir le pays en espérant, avec l’appui des monarchies européennes, notamment autrichienne, reconquérir le pouvoir. Il fuit mais se fait intercepter le 21 juin 1791 à Varennes par une patrouille républicaine dans laquelle un juge ayant vécu à Versailles le reconnaît. Bilan des courses, il comparaît pour conspiration contre la liberté et la sûreté générale de l’état, la justice tranche et sa tête tombe le 21 janvier 1793.

Charles X le restauré

Toujours dans la veine des monarques français fuyant les révolutions, Charles X fuit la France après la révolution de Juillet ou les Trois Glorieuses le 30 juillet 1830. Cet homme progressiste rétablit la censure, pratique un catholicisme strict, restaure la loi du sacrilège et soutient la restitution des biens de l’aristocratie spoliée pendant la Révolution française. Bref, ce Philippe de Villiers du progrès idéologique se fait virer du trône au profit de Louis-Philippe, un roi qui comprend déjà d’où vient le pouvoir en ce début de XIXe siècle, de l’argent et de la bourgeoisie. Les glandes de se faire remplacer par un Arnaud Lagardère royal.

Louis Philippe le piriforme

Louis-Philippe donc, le roi bourgeois, se fait introniser roi des Français, contrairement à ses prédécesseurs qui étaient rois de France. Malgré un début de règne jugé plus progressiste que celui de ses prédécesseurs, le gouvernement qu’il met en place prend peu à peu des accents conservateurs. Il abdique le 24 février 1848 et fuit la France en pleine révolution de Février pour l’Angleterre où il meurt 2 ans plus tard. Alphonse de Lamartine proclame alors la deuxième République. Et Napoléon 3 prendra le pouvoir pour enterrer la république trois ans plus tard. La France était dans un bon cycle à cette époque.

Louis XIV fuit la Thierry la Fronde

À l’origine de toutes les révolutions en France, il y a eu un homme : Louis XIV. Il a été le monarque qui a le plus incarné la puissance de la monarchie de droit divin, et ses excès. Mais tout cela est dû à la construction historique de son pouvoir. Henri IV rallie catholiques et protestants sous l’égide royale. Richelieu développe l’importance culturelle et politique de la France en Europe en s’appuyant sur le règne de Louis XIII. Il intrigue également et vide les caisses de l’état dans la guerre de Trente ans. Alors quand Louis XIII et Richelieu meurent, un vide politique s’installe. C’est là que commence la Fronde (1648-1653). C’est une révolte des nobles contre le pouvoir royal. Louis XIV, encore enfant fuit Paris au mains des intrigants avec sa mère, le cardinal Mazarin et une petite partie de la cour pour s’installer au château de Saint-Germain en Laye. Ils y vivront du 6 janvier 1649 au 21 octobre 1652 dans le plus grand dénuement, les pauvres. Cet épisode inspirera au Roi le dégoût de Paris et la démesure de Versailles. Sentiment qui persiste encore aujourd’hui à Versailles.

Le shah d’Iran au tapis

Leur raïs à eux, Mohammad Reza Pahlavi, shah d’Iran est, après 30 ans de règne, renversé par la Révolution iranienne qui installera au pouvoir l’ayatollah Khomeini, dit le souple, dit le modéré. Ces coquins d’Américains qui jusque là le soutenaient, retournent leurs vestes et lui retirent leur appui. Le bon Mohammad, souffrant déjà d’un cancer, fuit donc l’Iran pour l’Egypte, puis pour le Maroc, puis pour les Bahamas, puis pour le Mexique, puis pour les Etats-Unis, puis pour le Panama, puis pour l’Egypte et finalement pour les cieux en 1980, un an et demi après son départ d’Iran. Une fin comme shah, shah pique un peu.

Jacques II file à l'anglaise

Jacques II est roi d’Angleterre de 1685 à 1688. Pourquoi quitte-t-il le pouvoir ? Je vous le donne en mille : une révolution ! On l’appellera même la Glorieuse révolution. Pourquoi ? Parce qu’être pro-français pour un Anglais, c’est inadmissible. Il est donc contraint à la fuite en 1688 pour, je vous le redonne en mille : le Fronce. Et pas n’importe laquelle, la Fronce de Louis XIV où il se fera charrier pendant le restant de ses jours par des petits intrigants poudrés comme les narines de Keith Richards. Sale destin.

Les princesses de Dubaï disent cheh

Aux Emirats arabes unis, tout n’est pas rose. En effet, en juin 2019, la princesse Haya a fui son mari, l’émir de Dubaï Mohammed Ben Rached al-Maktoum, avec ses deux enfants. Mais elle n’est pas la seule, en 2000, l’une des 23 enfants de l’émir, Shamsa al-Maktoum fait mur pendant un voyage en Angleterre. Elle est rapidement renvoyée au pays d’où elle n’est plus réapparue depuis. En 2018, Latifa, sa soeur tente de fuir en yacht vers l’Inde. On fuit comme on a vécu, hein ! Elle se fait arrêter par la marine indienne et disparaît à son tour de toutes photos et réseau sociaux.

Clément VII fuit le Vatican pour le Vatican ou presque

Début du XVIe siècle, Clément VII anime un atelier qu’on appellera conclave, au cours duquel il tentera de se faire élire. Le conclave qui le verra couronné pape sera le plus long de l’histoire, il durera plus d’un mois et demi. Une fois pape, Clément, bon politicien mais piètre théologien, se fâche avec pas mal de gens. Dont Charles Quint, Roi d’Espagne et de Flandre. Dans son énervement, Charles stimule la révolte de la noblesse romaine contre le pape. Les mercenaires de la famille Colonna, opposé à Clément, trouvant qu’ils n’ont pas été assez payés, font un petit détour en 1526 pour mettre à sac Rome. Clément VII attaché à la vie et doutant que sa place soit réservée au paradis, fuit le palais papal. Il fuit mais pas très loin. Il se réfugie dans le château saint-Ange situé à 500m de Saint-Pierre où il reste le temps que les troupes adverses se défoulent et se servent dans les bijoux du pape. N’y voyez rien de graveleux. Il quittera finalement Rome pour y revenir en 1528 et reprendre son pontificat.

Michel Ier de Roumanie voit rouge

Une fois n’est pas coutume, un roi qui fuit devant une révolution. Alors en fait, si c’est la coutume, c’est même quasiment la norme. Mais là, c’est pas n’importe quelle révolution, c’est un coup d’état communiste qui renverse Michel Ier au sortir de la seconde guerre mondiale. Il met en place un gouvernement pro-soviétique dont il est le pantin. Mais en 1947, comme des étudiants manifestent pour qu’on leur rende leur roi, les communistes le forcent à abdiquer et à s’exiler. En 1990, à la libération du pays du joug communiste, il revient en Roumanie. Le président Ilon Iliescu craint que les étudiants et les démocrates plébiscitent son retour. Il est raccompagné à la frontière manu militari. Deux ans plus tard, Ilon Iliescu un peu rassuré, le réinvite en Roumanie. Mais PAF, manifestations des démocrates et des étudiants réclamant le retour du roi pour contrebalancer l’impact des restes de la nomenklatura communiste. Résultat, il est interdit de territoire pendant cinq ans. Finalement, en 1997, sa nationalité roumaine lui est définitivement restituée ainsi que ses anciennes propriétés. Mais il ne revient jamais habiter en Roumanie, profitant des rives du lac Léman pour couler ses vieux jours. Il mourra en 2017, roumain et fatigué.

Si tu abrites chez toi un souverain en fuite, n’hésite pas à nous le faire savoir pour qu’on l’ajoute à cette liste.

Si vous avez encore envie de rire sur la royauté, on a aussi pour vous les rois et reines les plus drôles de l’Histoire, si vous avez en revanche envie de rire mais sans royauté, on a les meilleures blagues de beauf.