Quoi de plus insupportable que ces grands voyageurs qui, de retour au bercail, s'inventent des difficultés de réadaptation à leur environnement d'origine? Parce que le coup du "jetlag", ça marche un jour ou deux, après, pour bien rappeler à son auditoire qu'on a bourlingué, il convient de traduire littéralement des idiomes locaux, comme si la vie était tellement plus intense "là-bas" qu'on en avait perdu ses réflexes linguistiques. Ces petites expressions, faussement intraduisibles en français, irritent au plus haut point, démonstration :

  1. "Faut que je conteste mes e-mails"
    Par celle qui est partie à Madrid pendant six mois et pense encore qu'elle peut garder contact avec les huit mille personnes qu'elle y a rencontrées.
  2. "Ça fait pas de sens"
    Par celui qui t'avait déjà énervé en te disant qu'il revenait fraichement de Nouvelle-Zélande et qui aggrave son cas en te faisant passer pour un con.
  3. "T’as des plans pour ce soir ?"
    Par celui à qui t'as envie de tendre une carte de la ville.
  4. "Je vais visiter ma grand-mère"
    Par celui à qui t'as envie de tendre une carte de la grand-mère.
  5. "Ce soir, j’ai pas envie de socialiser"
    Par celui qui est parti à Berlin, a passé son temps à insister sur la fréquence insensée de ses nuits blanches, mais qui, curieusement, n'a pas foutu un pied dehors depuis qu'il est rentré.
  6. "J'étais vraiment...confusé quoi"
    Par celui qui, depuis son retour de Toronto, est effectivement confusé.
  7. "On mange quoi pour le lunch ?"
    Par la mère d'un ex-erasmus à Manchester qui est venue lui rendre visite trop souvent
  8. "Tu viens de faire ma journée !"
    Par le même qu'au 2 avec cette fois-ci la certitude qu'il se fout de votre gueule.
  9. "Sans guanxi, y'a pas moyen de trouver un job"
    Par celui qui a eu son stage à Pékin par un piston et qui trouve que la Chine, c'est noyauté par les réseaux.
  10. "Woteva"
    Par celui qui, quelle que fût sa destination, aurait dû y rester.
  11. "Je reviendrai vers toi quand j’en saurai plus"
    Par celui qui a enchainé avec un stage à New York après son Erasmus Texas et qui depuis trouve sa chouette de te parler en anglais d'entreprise.

Et vous, vous les trouvez aussi insupportables les anciens expatriés?

Top écrit par Charlie