Certains réalisateurs ne reculent devant rien pour terminer leur film et si certains réalisateurs vont trop loin pour faire pleurer les acteurs, d’autres explosent complètement le budget alloué par la production où dépassent certaines limites qui les foutent dans la merde. On vous propose une petite sélection de certains cas d’école où ça ne s’est pas super bien passé.

John Landis : Twilight Zone The Movie

En voulant réaliser le film tiré de la célèbre série télé The Twilight Zone, le réalisateur John Landis a fait une série de choix qui se sont avérés cruellement dramatiques. Il avait commencé par littéralement transgresser les lois californiennes sur le travail des enfants en engageant Myca Dinh Le et Renee Shin-Yi Chen âgés de 7 et 6 ans sans les déclarer convenablement.

Les gamins étaient payés au noir pour leur participation au tournage et on avait caché à leurs parents qu’ils allaient travailler à côté d’explosifs et d’un hélicoptère, sans parler de plusieurs règles de sécurité non respectées qui ont provoqué le crash de l’hélicoptère pendant une prise, tuant sur le coup les deux enfants et un autre acteur. Le procès qui a suivi le tournage a montré que Landis et son équipe avaient négligé beaucoup d’aspects de sécurité qui ont conduit à l’accident et il ont été jugés d’homicides involontaires.

Noel Marshall : Roar

On ne devient pas « le film le plus dangereux de l’histoire » sans raisons, la production de ce film de 1981 est jonchée d’erreurs et d’exigences qui ont coûté beaucoup de choses à beaucoup de gens. Le principal problème relève du nombre d’animaux sauvages super dangereux présents sur le tournage (lions, guépards, éléphants, tigres) qui pour la plupart étaient apprivoisés mais pas du tout dressés.

Si vous réunissez tous ses animaux dans le même endroit avec énormément de négligence niveau sécurité vous obtenez 70 membres de l’équipe blessés sur les 140 présents. Morsures de lion, attaques de tigres, éléphants qui chutent sur des gens… Le réalisateur a chopé la gangrène, l’actrice principale a eu une jambe pétée, une autre a eu besoin de chirurgie après avoir eu le visage griffé, le directeur de la photo a eu le crâne scalpé par un lion et a nécessité 220 points de suture… Et le tournage a duré six ans au lieu de six mois, un véritable cauchemar auquel Noel Marshall aurait dû mettre un terme au lieu de s’obstiner pour un film qui a fait un bide.

Bernardo Bertolucci : Le dernier tango à Paris

Marlon Brando et Bernardo Bertolluci s’étaient mis d’accord pour tourner la fameuse scène dégueulasse sans demander son avis à Maria Schneider. Dans celle-ci on y voit un viol simulé du personnage de Brando sur la jeune femme, mais l’acteur et le réalisateur avaient décidé d’utiliser du beurre sans concerter l’actrice, et si la pénétration n’a pas eu lieu l’actrice s’est tout de même sentie violée et ses larmes pendant la prise étaient tout ce qu’il y a de plus authentique. La violence de Marlon Brando, ivre mort sur le tournage a traumatisé la pauvre Maria Schneider qui n’avait pas été prévenue de ce qui allait suivre, des méthodes absolument dégueulasses qui n’auraient jamais dû avoir lieu.

Werner Herzog : Fitzcarraldo

Si le comportement de l’acteur Klaos Kinsky était problématique sur le tournage (il a tiré sur les huttes des figurants et a donné un coup d’épée dans le casque de l’un d’eux) c’est principalement la préparation du tournage de Herzog qui a été problématique. Il y a eu deux crashs d’hélicoptères, un technicien qui a été mordu par un serpent et qui s’est amputé la jambe à la tronçonneuse, de nombreux blessés lors d’une scène tournée dans les rapides…

Tout cela à cause des exigences complètement tordues du réalisateur et du non respect des règles de sécurité. Mais le truc le plus absurde demandé par Herzog sur le tournage a été de faire monter un bateau de 320 tonnes tout en haut d’une colline par des indigènes, un travail éprouvant, presque impossible et complètement débile. Herzog, persuadé que personne n’avait fait pareille prouesse dans l’histoire s’est lui-même qualifié de « conquistador de l’inutile ». Sympa de s’attribuer le mérite quand on se bouge pas le cul pour tirer le bateau soi-même.

Michael Cimino : La porte du paradis

Avant de réaliser ce film, Cimino était l’un des réalisateurs les plus en vogue d’Hollywood vu qu’il venait de tour rafler aux oscars avec Voyage au bout de l’enfer. Mais deux ans à peine après la sortie de son chef d’oeuvre sa carrière était enterrée. Le tournage de La porte du Paradis a été un véritable calvaire, Cimino faisant preuve de beaucoup trop de perfectionnisme : il a fait repeindre une prairie qu’il ne trouvait pas assez verte et augmenter l’écart entre des bâtiments dans une avenue parce que l’espace ne lui convenait pas.

Énormes dépassements de budget, tournage à rallonge et multiples embrouilles avec le studio : Cimino a fini par placer un garde avec une arme devant sa salle de montage pour éloigner les représentants du studio qui a d’ailleurs coulé à cause de l’échec du film. Résultat le film n’a pas du tout marché, ce qui arrive quand on veut présenter un film de 5h30 qu’on réduit à 3h40 et que les critiques se montrent extrêmement négatives.

John McTiernan : Rollerball

Le film Rollerball a non seulement terminé la carrière de John McTiernan mais l’a également conduit en prison pendant plus d’un an. Le réalisateur de Die Hard 1 et 3, de Last Action Hero ou encore de À la poursuite d’octobre rouge a livré avec ce film un produit bâtard tiraillé entre sa vision et celle de son producteur manifestement d’un autre avis.

La rivalité entre les deux hommes a poussé McTiernan à embaucher un détective privé pour mettre sur écoute le producteur pour voir s’il ne voulait pas saboter son film, et un peu plus tard à mentir à un agent du FBI pour avoir commandité les écoutes illégales, ce qui lui a valu le fameux passage en prison. Et si le film a été un aussi gros échec c’est parce que ces deux visions ont condamné l’oeuvre qui aurait pu être une énorme critique contre le gouvernement américain pro-guerre (tout cela est beaucoup mieux expliqué dans ce super épisode de Chroma).

Terrence Malik - Les Moissons du ciel

Difficile de ne pas qualifier Terrence Malick de réalisateur particulier, autant au niveau de son art que de ses méthodes. Mais sur le tournage des Moissons du ciel il a atteint des niveaux assez étonnants d’exigences. Déjà il a demandé à ce qu’on fabrique une immense baraque et de tourner à l’intérieur alors qu’à la base on devait juste fabriquer l’extérieur, il a annulé une scène qui nécessitait qu’un hélicoptère lâche des cacahuètes depuis le ciel au dernier moment pour en filmer une autre (alors que l’hélicoptère était déjà en l’air) et surtout il insistait pour tourner toutes les scènes extérieures pendant la « magic hour », un espace horaire de quelques minutes juste avant le coucher de soleil, ce qui a fait s’étaler le tournage sur beaucoup de jours supplémentaires. Oh, et il a mis trois ans à faire le montage de son film aussi.

David Fincher - Zodiac

« J’ai aimé travailler avec Fincher sur ce film parce que je comprends le principe des goulags » déclarait Robert Downey Jr sur son expérience avec David Fincher. L’acteur laissait d’ailleurs des bocaux remplis de pisse un peu partout sur le plateau pour faire comprendre au réalisateur que ce serait bien d’avoir des pauses. Son acolyte Jake Gyllenhaal n’a pas forcément gardé que de bons souvenirs du tournage non plus, n’hésitant pas à dire qu’il ne comprenait pas pourquoi on avait besoin de filmer vingt fois une scène avant de la supprimer tout bonnement. Pour se défendre le réalisateur a répondu « quand on vient au travail est-ce qu’on s’attend à s’amuser ou juste faire ce pour quoi on est payé ? », ambiance.

Tobbe Hooper : Massacre à la tronçonneuse

Cette scène mythique où Sally se retrouve à table avec la famille de cannibales flippants a été un cauchemar à tourner. Déjà il faisait près de 38° dans la pièce et le tournage s’est étalé sur 26 heures longues et douloureuses. À cause de la chaleur on était obligé de changer les assiettes de viande toutes les deux heures tellement elles pourrissaient rapidement et empestaient tout en attirant des insectes.

L’équipe faisait des « pauses vomi » et allait prendre l’air pour respirer à l’extérieur tout en gerbant à cause de l’odeur et la chaleur. L’actrice s’est évanouie plusieurs fois et s’est en plus blessée avec un couteau, ce qui en a fait une scène particulièrement éprouvante à tourner et ça se ressent dans le malaise ambiant que dégage le produit fini. Tobbe Hooper est peut-être allé un peu trop loin en tournant cette scène et au final beaucoup de gens de l’équipe l’ont détesté avant la fin du tournage, mais Tobbe Hooper s’en est accommodé pour aller au bout de son oeuvre.

Les Wachowskis : Matrix

Une légende dit que les Wachowskis ont utilisé tout le budget donné par la Warner pour le premier Matrix (10 millions de dollars) uniquement pour filmer la première scène du film, ce qui n’est ni complètement vrai, ni complètement faux. En gros le tournage a commencé après 4 mois d’entrainement des acteurs aux arts martiaux, entrainement qu’il faut compter dans le budget, puis les Wachowskis ont tourné quelques scènes supplémentaires en plus de l’introduction.

Mais une fois celle-ci tournée les Wachowskis ont bien envoyé la scène avec les effets spéciaux (dans laquelle la plus grosse partie des dix millions étaient passés) aux producteurs pour leur montrer que c’était en bonne voie et que le budget allait devoir grossir, ce que les producteurs ont accepté en le faisant grimper à 80 millions. Un coup de poker audacieux sur un énorme dépassement de budget mais pas aussi exagéré que dans la légende et surtout, je vous l’accorde, beaucoup moins abusé que certains points de ce top.

Et sinon je vous conseille d’aller regarder les réalisateurs fauchés à leurs débuts et les réalisateurs qui ont le seum.

Sources : Listverse, Yahoo Movies, The Things, Gamerant.