Le 30 juin 2012 restera une date historique que l’Équipe de France n'a pas voulu gâcher en allant en finale de l'Euro (sympa, les mecs). Le Minitel, dernier représentant du "génie français" s'éteint définitivement. Après le Concorde et "Marc et Sophie", c'est encore une création trop en avance sur son temps qui disparaît de notre quotidien, au profit d'une concurrence, souvent américaine, formatée et efficace. C'est moche. C'est en tout cas l'occasion de s'interroger sur les raisons qui nous pousse aujourd'hui à faire ce top sur le web plutôt que sur le 36-15 TOPITO.

  1. Le pari audacieux du marron
    Curieux choix esthétique pour un objet s'inscrivant dans la prochaine révolution technologique. On aurait imaginé un truc translucide, ou bleu, un truc "futur 2000" , quoi ! Mais non, Alacatel a pensé qu'il fallait marier l'objet avec le mobilier 70's récupéré dans les brocantes. Il paraît que le marron revient.
  2. Des termes techniques amenés à vieillir
    Car le Minitel est le terminal destiné à accéder au service de Vidéotex baptisé Télétel. Déjà, les technologies en "ex", genre "Gore-tex" et "Playtex", ça fleure bon les 80's, mais "Télétel" ? Sans déconner ? Pourquoi pas Vidéodéo ? Ou COM.com ?
  3. Un contrôle parental primitif
    Face au torrent de fesses et de nichons que risque de déverser Internet sur nos chères têtes blondes, les fournisseurs d'accès ont mis au point des systèmes de filtrage, de mot de passe et de mises en garde pour que le réseau demeure un vaste verger (ben non, du coup) espace où l'on peut butiner sans risque. Pour le minitel, on avait prévu des cadenas. Carrément. Pourquoi pas une clôture électrique ou des pièges à loup ?
  4. La facturation
    Un 3615, c'était 60 francs de l'heure et 20 balles allait direct dans la poche de France Télécom. Pour 60 balles en 1986, on avait deux places de ciné, 6 paquets de clopes ou presque 20 litres de diesel. En échange du sacrifice de l'un de ces trucs, vous pouviez attendre pendant une heure qu'une page se charge en 8 nuances de gris.
  5. Les Américains, douchés par l'expérience NAPLPS ne nous ont pas suivi
    Il faut dire que l'engin concurrent du minitel était exigeant, surtout pour le réseau téléphonique tout moisi des États-Unis. Jusqu'à 6 minutes pour charger une page, les Américains se sont dit "On va attendre que Bill Gates et Steve Jobs terminent leurs études avant de faire les cons".
  6. Un opérateur unique en situation de monopole
    Imaginez un instant un service télématique dans lequel une boite aurait le contrôle absolu sur le contenu, les tarifs et les terminaux... Ouais, c'est ça, comme l'iPhone. Ce serait scandaleux, non ?
  7. Pas d'images
    Donc pas de 3615 TUMBLR, pas de 3615 YOUTUBE et des conneries du vendredi uniquement sous forme de texte. Vous avez bien lu : pas de photo de chat.
  8. Un accès complexe
    Vous êtes connecté à internet, là, maintenant. Bravo. Est-ce que vous avez du taper le (3) 615 91 77 précédé du (16) si vous appeliez de la province ? Le tout pour accéder à moins de services que l'Internet birman, la télématique était exigeante avant 1985. à l'époque on savait que le futur, ça se mérite.
  9. Les principales institutions ont lâché le Minitel
    Plus de réservations de billets d'avion, plus de réservation SNCF, plus de résultat du bac. On peut discuter pendant des heures sur l'évolution technologique, mais à partir du moment où un moyen de communication n'offre plus que la météo marine et les Pages Blanches, ce n'est pas nécessaire de chercher pourquoi ça ne marche plus.
  10. Un modèle économique et environnemental douteux
    France Télécom restait propriétaire des terminaux et au bout d'un moment, voyant que ça allait coûté un bras à recycler toutes ces saloperies en plastiques dit à ses utilisateurs : "Gardez les en fait, si vous les balancez à la flotte ou si vous les enterrez, ce n'est plus notre responsabilité" (la citation n'est pas exactement celle-ci, mais c'est l'idée...), alors que nos PC et iMac, on va essayer des les fourguer sur Le Bon Coin avant qu'on nous annonce la fin d'Internet.

Et vous, vous raconterez à vos enfants que "le Minitel, c'était quand même autre chose" ?