Certains films regorgent de secrets, comme « le secret de Brokeback Montain » qui en tire même son nom mais qui au final n’est pas si secret que ça pour le spectateur puisque tout nous est montré. Pendant que vous essuyez les larmes de vos yeux devant la nullité de cette phrase d’introduction nous pouvons en venir au sujet de ce top. De nombreux cinéastes pensent leurs œuvres avec précision, allant jusqu’à donner une certaine cohérence entre le premier et le dernier plan de leurs films, ce qui amène un sens particulier à ces images une fois qu’on les compare. Et c’est précisément ce qu’a répertorié Jacob Swinney dans une série de vidéos dont on vous propose de voir certains exemples.

L'armée des 12 singes

Difficile de pas spoiler celui-ci, mais je vais tout tenter pour ne pas le faire. Dans les yeux de ce gamin qui est le personnage principal interprété par Bruce Willis, on voit au départ la frayeur lorsqu’il est témoin du meurtre d’un homme en plein aéroport. Le fait que le plan de fin soit également centré sur ses yeux amène un écho sur une scène clé du film, mais ce coup-ci avec un certain apaisement dans le regard. Oui, c’est très brumeux comme explication, mais ce serait un crime que de spoiler ce chef d’oeuvre. Regardez-le, vous comprendrez mieux.

Birdman

Cette explosion dans le ciel qu’on ne comprend pas totalement au début du film fait un lien entre l’imaginaire du personnage principal et sa vie réelle. Lorsqu’à la fin du film on pense qu’il a sauté par la fenêtre (le film laisse place à beaucoup d’interprétation) c’est le regard de sa fille qui passe du bas de la rue au ciel en esquissant un sourire qui nous fait clairement nous poser des questions : est-ce que l’alter ego Birdman n’existerait pas vraiment finalement ? En tout cas le parallèle entre le plan en contre-plongée du début et en plongée de fin créé un axe intéressant.

10 ans déjà !

Ce film avec Channing Tatum dans le rôle titre nous montre une bande de potes du lycée renouer des liens après 10 ans sans vraiment se voir (ce qui est probablement aisé à deviner avec le titre du film). Le premier et le dernier plan du films nous montrent donc Channing Tatum sortir une enveloppe de la boite à gants de sa voiture à deux moments différents, le tout cadré de la même manière et avec le même geste.

Seul au monde

Même si la plupart du film se passe sur une île complètement déserte, le plan d’introduction et celui de fin ont pour objet la même route des États-Unis. Celle-ci a bien changé avec les années, tout comme le protagoniste : l’herbe qui la jonche est plus verte et elle est goudronnée (on parle de la route, pas de Tom Hanks), de quoi montrer un changement d’époque et / ou de perception pour le personnage.

Ex Machina

Le tout premier plan de cet excellent thriller nous montre une employée sur son ordinateur alors que des passants se reflètent sur la baie vitrée de son open-space. Elle jette alors un regard au dehors qui nous semble anecdotique. Mais lorsque l’on voit le tout dernier plan du film avec le personnage d’Ava qui marche dans la rue, on comprend que ces deux là pourraient être liés, et que l’employée vient de la voir passer. Ça peut paraître un peu con comme idée, mais forcément il faut avoir vu le film pour que ça prenne un peu plus de sens.

Avatar

Alors là c’est assez parlant quand même. Le premier plan nous montre le regard du personnage principal dans son corps humain au tout début de l’intrigue alors que le dernier nous fait voir le même regard mais dans son corps d’avatar à la fin du film. C’est logique, puisque ce dernier a décidé de rester dans ce corps tout bleu. Du coup c’est un peu original quand même de montrer le changement de son protagoniste par son regard.

Gone Girl

Aaah Gone Girl et son intrigue qui nous tient littéralement en haleine tout du long et qui nous fait dire « non, mais non ! ». Le premier et le dernier plan du film sont en tout point identiques, à la différence prêt qu’il s’est passé des trucs franchement marquants entre les deux. La relation du couple ne sera plus jamais la même mais pas grave, ça mérite un petit câlin. Un poil flippant, il faut l’avouer.

Kill Bill (1 et 2)

Les mésaventures en deux volets de Beatrice commencent franchement mal : un mariage qui se solde en assassinat organisé par ses amis alors qu’elle est enceinte, si vous voyez une définition plus exacte de « franchement mal » je vous laisse l’indiquer en commentaires. Quoi qu’il en soit, après une vengeance exemplaire et quelques années de coma, la jeune femme retrouve sa fille dont elle était enceinte et les deux plans font office d’opposés parfaits. D’ailleurs, le film comporte l’un des plans parfaits du cinéma, et c’est beau.

Lord of War

Des balles, des balles et toujours des balles. Non, on ne parle pas du local de matériel d’un gymnase de lycée, mais bien du film Lord Of War. L’introduction mémorable du film commence par nous montrer un océan de munitions qu’on retrouve à la toute fin du film, de quoi nous faire comprendre que c’est quand même franchement mal barré pour l’humanité avec autant de balles fabriquées et que malgré l’histoire et l’évolution du personnage rien ne va clairement changer. Triste monde.

Mystery Train

Le film de Jim Jarmush qui nous dépeint une galerie de personnages dans ce qui peut à la fois être considéré comme une drame et une comédie commence et se termine par un plan sur une voie ferrée et un train. Un train probablement mystérieux comme l’évoque le nom du film puisqu’il circule dans les deux sens du rail, ce qui est franchement étrange.

Punch Drunk Love

La comédie romantique de Paul Thomas Anderson qui nous offre au passage probablement la meilleure prestation d’Adam Sandler nous montre un homme seul, entouré par ses soeurs et en manque d’amour total. Le premier et le dernier plan nous montrent une évolution quand même franchement visible puisqu’on passe de la solitude au couple alors que le personnage effectue la même action. Un rappel sympa et une bonne raison de voir le film.

Raging Bull

On arrive dans le culte du culte avec ce film de Scorsese dont le premier plan nous offre un Jake LaMotta sur le ring pendant les grandes années de sa carrière. Le dernier plan lui, nous montre le personnage vieillissant, un peu plus gros mais qui commence à boxer devant son miroir, la rage toujours au ventre. Un plan qui sera d’ailleurs revisité dans l’excellent « Boogie Nights » de Paul Thomas Anderson (encore lui) qui comporte également l’un des meilleurs plans séquence du cinéma, rien que ça.

L'aube de la planète des singes

Dans la catégorie des plans sur les yeux du personnage principal, on trouve également cette idée dans le deuxième volet de la trilogie sur César le singe. On peut voir alors des émotions différentes dans les deux plans que je vous laisse interpréter parce que c’est quand même plus sympa. Ne me remerciez pas.

The Social Network

Bon, là c’est parlant. Avant de créer son réseau social, Mark Zuckerberg a une copine et traîne dans les bars. Après l’avoir créé il n’a plus de copine, a trahi ses potes et est assis sur une chaise à la con qui fait probablement mal au dos. Milliardaire, mais seul.

Whiplash

C’est un peu le contraire de Social Network. Le jeune batteur de jazz commence seul à s’entrainer dans une salle jusqu’à atteindre le dernier plan où il est enfin sélectionné pour faire partie d’un groupe. Une belle façon de dire que le travail paye. C’est beau.

Ça fait des bons films à voir et revoir. Ou si vous n’avez pas le temps vous regardez juste le premier et le dernier plan, c’est bien aussi.

Sources : ScreenRant, SlashFilm.