L’histoire bégaie. Le cinéma aussi. D’un point de vue narratif ou formel, le cinéma n’est pas un art en permanente réinvention : parfois, il se copie, volontairement ou non. En voyant La forme de l’eau, excessivement récompensé aux Oscars, j’ai été choqué de retrouver tous les gimmicks de l’Amélie Poulain de Jeunet ; mais ce n’est pas le seul exemple de ressemblance évidente entre deux films totalement indépendants l’un de l’autre.

La forme de l'eau, Amélie Poulain bis (pendant une heure, après c'est plutôt Cousteau sur Pornhub)

Les similitudes évidentes : Une fille avec un carré vit un peu hors du temps dans un appartement vieillot. Elle est filmée de près, se sent très seule, a un boulot purement alimentaire, un voisin solitaire qui peint, le tout dans des tons incroyablement jaunes et dans une ambiance années 50. Elle fait des choses qui se veulent poétiques, aide les autres et finit par tomber amoureuse d’un inconnu. D’ailleurs Jeunet a gueulé à la sortie du film.

Les dissemblances claires : A aucun moment Amélie Poulain ne couche avec un poisson.

True Romance et Sailor et Lula

Les similitudes évidentes : Un couple de marginaux se forme et part en cavale dans une aventure en mode road trip sur les routes américaines ; des références à foison au western et au ciné des années 50, de l’humour, des scènes absurdes, une galerie de personnages truculents…

Les dissemblances claires : Il y a davantage d’idées de mise en scène dans Sailor et Lula que dans True Romance, beaucoup plus tarantiniesque (c’est lui qui a écrit le scénario) dans son déroulé et moins formaliste.

Place publique et Le sens de la fête

Les similitudes évidentes : Jean-Pierre Bacri organise une fête. Rien ne se passe comme prévu, entre engueulades de tous les côtés, vérités qui sortent, dépressions et menaces d’être viré (d’un côté par l’URSSAF, de l’autre par la télé).

Les dissemblances claires : Le premier est un film de gauche, le second un film plutôt de droite : dans le premier, on se moque du milieu de la télé et de sa superficialité et les vrais héros sont les seconds rôles ; dans le second, il y a un éloge du petit entrepreneuriat et de la société du service. Même si Le sens de la fête est plus réussi, Place publique a le mérite d’offrir à Bacri la meilleure imitation de Bashung de l’histoire.

Armageddon et Deep Impact

Les similitudes évidentes : Un astéroïde menace de faire éclater la planète. Une équipe d’astronautes est chargée par la NASA d’aller se poser sur l’astéroïde pour le faire péter.

Les dissemblances claires : Bruce Willis et la BO, beaucoup plus rock chez Armageddon qui rapportera davantage de thunes.

Le réveil de la force et Un nouvel espoir

Les similitudes évidentes : Les méchants fabriquent une grosse bombe capable de détruire une planète. L’organisation méchante est dirigée par un type mystérieux et par son homme de main qui porte un casque. Un jeune héros découvre ses pouvoirs et, allant à l’encontre de ses projets initiaux, il décide de rejoindre la résistance contre les méchants. Il est aidé en ce sens par un mercenaire qui se range du bon côté. Ah et une planète capitale est détruite par les méchants.

Les dissemblances claires : Heuuu… Dans Star Wars 7 l’héroïne est une femme ?

Battle Royale et Hunger Games

Les similitudes évidentes : Dans un futur apocalyptique, des jeunes sont tenus de participer à un jeu grandeur nature dont seul l’un d’entre eux peut sortir vivant. Il va falloir s’entretuer et lutter pour sa survie. Un couple est amoureux et va devoir choisir entre l’amour et la survie. Une triche permet de s’en sortir à deux.

Les dissemblances claires : Hunger Games, en trilogie, est beaucoup plus américain et beaucoup plus pop, proche de l’univers comics.

Alien et Life

Les similitudes évidentes : Une équipe de scientifiques convoie une forme de vie nouvelle dans un vaisseau spatial ; seul hic, cette forme de vie est tellement badass qu’elle finit par tuer tout le monde à bord du vaisseau.

Les dissemblances claires : Alien est un bon film.

Blow Out et Conversation secrète

Les similitudes évidentes : Des ingénieurs du son sont chargés par des clients de capter une conversation et des sons ; cette bande devient une pièce-maîtresse obsédante pour leur détenteur et révèle des secrets en lien avec un meurtre.

Les dissemblances claires : Conversation secrète est un chef d’oeuvre.

Mes chers amis variation autour des Copains d'Yves Robert

Les similitudes évidentes : Une bande de quadragénaires (dont Philippe Noiret), portés sur la boisson et refusant de devenir adultes, parcourent le pays et multiplient les blagues, notamment contre les petits pouvoirs établis.

Les dissemblances claires : Le film d’Yves Robert est beaucoup plus bon enfant que celui de Monicelli, habité par la mort et dont les personnages principaux sont finalement assez peu sympathiques. Mais le Monicelli est plus drôle.

La Grande Belleza semi-remake de La Dolce Vita

Les similitudes évidentes : Rome déserte : un dandy y promène sa morgue et son ennui, de fête en fête, entre grande beauté et suffisances en tout genre.

Les dissemblances claires : C’est très proche, mais Sorrentino revendique l’héritage.

Coïncidence ? Je ne crois pas.