Deuxième Coupe du monde sans Thierry Roland. On aimerait dire que l’on regrette, qu’il nous manque, que sa verve était indissociable de la fête du foot, mais le problème c’est que c’est pas tout à fait vrai parce qu’au final, Thierry Roland était surtout un mec qui disait plein de trucs racistes vraiment très pénibles et malvenus.

"Il n’y a rien qui ressemble plus à un Coréen qu’un autre Coréen. D’autant plus qu’ils mesurent tous 1m70 !"

Coupe du monde 2002, France-Corée du Sud.

Ce qu’il aurait pu dire de manière plus appropriée : « L’Orient et ses mystères… Dans les prairies verdoyantes de Corée, les couleurs touchent à l’indicible. Les horizons dégagés ne se couvrent guère que des volutes nacrées d’une pipe à opium, quelque part, là-bas. Arc-en-ciel dans mon coeur. »

"Il se bat, Vieira, contre ses cousins !"

Ses cousins noirs, puisqu’on jouait le Sénégal (2002).

Ce qu’il aurait pu dire à la place : « A traverser ainsi l’infini africain, on se prend à penser à ce qu’on a accompli, soi ; qu’aura-t-on accompli d’important ? Que signifie l’importance des choses face à l’immensité de ces paysages bruts, de cette nature violente d’où tout est issu, où tout a commencé ? A quoi bon faire quand on peut rêver ? »

"Ah, lui, ce n'est pas un vrai blond !"

Toujours en 2002, cette fois-ci à propos d’un Uruguayen, Dario Sylva.

Ce qu’il aurait pu dire à la place : « L’homme a toujours cherché à se transfigurer : il a inventé l’outil, il a conçu le vêtement, il a maîtrisé la couleur. L’homme ne détruit pas l’environnement, il le tord, il s’y fond, il s’en pénètre. Les couleurs changent, les continents dérivent, l’homme tient. Il n’est homme que parce qu’il change, il n’est humain que quand il tient. »

"Il y a deux Lee sur le terrain, on va pouvoir faire une chambre !"

Encore la Corée. Encore 2002.

Ce qu’il aurait pu dire à la place : « Homonymies, patronymies. Les mots dansent. Je crois que les mots ont leur propre vie, leur propre humour, qu’ils s’associent savamment, avec malice. Le langage n’est pas fait pour montrer, il est fait pour créer, rêver, dépasser les seules frontières du tangible, pour dire l’inexistant et, ainsi, par le verbe, lui faire prendre corps. »

"Un Bulgare sera toujours plus con qu’un Israélien"

Dans l’Equipe, en 1993, après la défaite contre la Bulgarie.

Ce qu’il aurait pu dire à la place : « Il en va des patries comme des hommes. Parfois, au premier regard, on ressent une appartenance commune, une envie d’avancer ensemble ; plus souvent, malheureusement, nous nous confrontons au rejet intime, ce sentiment doucement dérangeant de ne pas savoir ce qui, chez l’autre, nous éloigne. Rapprochés par l’éloignement : n’est-ce pas là le paradoxe cruel de l’existence humaine ? »

"Honnêtement, Jean-Michel Larqué, ne croyez-vous pas qu’il y a autre chose qu’un arbitre tunisien pour arbitrer un match de cette importance?"

Après la main de Dieu de Maradona. S’en est suivi un : « Je ne suis pas raciste, je n’ai rien contre les tunisiens. D’ailleurs ma femme de ménage est tunisienne. »

Ce qu’il aurait pu dire à la place : « Les puissants ne sont puissants que parce qu’on les considère ainsi. La puissance n’est pas un état de fait, elle n’est pas une donnée propre ; elle est un reflet, une projection, un don. Il faut remettre en question l’instance décidante, interroger son pouvoir de décision, pour mieux conforter ce pouvoir de décision. »

"Pour les Marocains, le couscous est cuit !"

Il y avait 5-0 pour les Français.

Ce qu’il aurait pu dire à la place : « Métonymie, la partie pour le tout. Il est amusant de voir à quel point ce qui nous définit pour les autres relève souvent du détail. On parlera du croissant français (qui a par ailleurs été inventé à Vienne), du boomerang australien, on simplifie, on classe. Et pourtant ces détails sont souvent riches d’une intensité englobante allant bien au-delà de leur caractère d’abord anecdotique. »

"Il faudrait que ça se débride"

Croatie-Japon.

Ce qu’il aurait pu dire à la place : « La placidité est une constante en Orient. On dira oui quand on pense non, on organisera sa posture pour ne jamais offenser l’autre. Ces qualités humaines desservent parfois l’esprit de compétition, la grinta nécessaire à la réalisation d’objectifs difficiles, face à une concurrence moins culpabilisée. »

"Les Roumains sont des voleurs de poules !"

La France affrontait la Roumanie.

Ce qu’il aurait pu dire à la place : « Les légendes roumaines comptent parmi les plus riches du patrimoine européen. Celle du vampyr, bien connue, est intéressante, parce qu’elle décrit bien le rapport très terrien, rural, au puissant et à l’inconnu dont les vues vont souvent à l’encontre des nécessités des masses. On se vengera de lui par des piques successives. On se battra avec ses armes. »

"C'est vrai que Le Pen est un peu excessif, mais c'est vrai qu'il y a certains points sur lesquels je suis d'accord avec lui."

Dans le journal Présent, au milieu des années 90.

Ce qu’il aurait pu dire à la place (histoire d’être plus clair) : « Les Noirs ont des grosses bites, contrairement aux chinetoques qui ont des tous petits zizis ridicules. Par contre, les Juifs, eux, ils ont de l’argent, et donc des femmes, parce qu’on sait bien que les femmes elles aiment l’argent. »

RIP.