Slate a récemment sorti un article très complet compilant les œuvres les plus sexistes pour enfants ; ce qui est intéressant, c’est que le sexisme y est souvent parsemé plus que revendiqué, comme une sorte d’état de fait de la différenciation sociale entre les hommes et les femmes dont il ne s’agirait pas de parler mais nécessairement reproduite pour coller à la réalité. Et nous nous sommes dits que ça valait le coup de compiler les bd, dessins animés et livres pour enfant les plus sexistes.

Les Schtroumpfs

On s’est bien marré avec les Schtroumpf et leur immonde ennemi Gargamel, genre de méchant plus nazebroque tu meurs. Mais on oublie souvent que c’est lui, Gargamel, l’humain méchant, qui a créé la Schtroumpfette pour foutre la merde chez les Schtroumpf (parce que c’est bien connu, foutez une fille dans un milieu de mecs, et ce sera la maxi-merde). En plus, le Grand Schtroumpf intervient pour pimper un peu la Schtroumpfette en lui filant des talons hauts et des cheveux bien blonds sinon ce serait pas agréable à regarder tout ça. Bref, une vision stéréotypée du monde et l’idée que les filles sont là pour se conformer aux attentes physiques masculines (et pour faire joli, de manière générale).

Smurfette

Toute la série des Martine

La série Martine est une bonne grosse indigestion de sexisme à l’ancienne. Qu’est-ce qu’elle fait, Martine, à part aller à la plage, à la piscine et à la mer ? Rien. Rien d’important. Mais elle se prépare plus tard à occuper des fonctions de femme au foyer modèle. Commencée en 54, la série dévie totalement de son temps en 68 : alors que la jeunesse se bat pour une égalité renforcée, Martine, elle, vit une journée de petite maman. Elle apprend à s’occuper d’un bébé, à faire à bouffer, c’est limite s’il n’y a pas un tuto pour bien passer l’aspi. C’est marrant, y’a pas ça dans Bob Morane.

Le modèle de la Princesse Disney

S’il a évolué depuis Pocahontas pour mieux représenter des femmes qui prennent leur vie en mains, le modèle de la princesse Disney est super problématique. Comment Cendrillon se sort-elle de sa situation de merde ? En rencontrant un mec riche qui l’emmène avec elle. Et la Belle au bois dormant ? Pareil. Et Blanche-Neige, que fait-elle de ses journées ? Le ménage chez 7 mecs. Mais ça va encore plus loin. Dans Robin des bois, que fait Marianne à part être belle et attendre que Robin vienne la conquérir ? Pire : dans Le livre de la jungle, la moitié des spectateurs étaient convaincus que Bagheera était une femme, parce qu’il s’occupait de Mowgli et qu’il incarnait une forme de sérieux au regard de l’irresponsabilité de Baloo.

Le loup de Tex Avery

J’ai hurlé de rire devant les épisodes de Tex Avery. Pour autant, en plus de colporter une drôle d’image des Noirs, les dessins animés absurdes du maître américain sont très problématique quant à l’image genrée qu’ils renvoient. Il y a d’abord l’affaire du loup, dingue de la chanteuse : dans un climat de normalité, ce loup la poursuit partout et la harcèle, renvoyant une image cliché au possible de mec obnubilé par le sexe face aux femmes qui aguichent mais en réalité sont froides et méprisantes envers les hommes. C’est gênant, mais ça reste plutôt comique. Le problème se pose encore plus fortement dans les épisodes dits « du futur », quand Tex Avery imagine la maison de demain ou la voiture de demain. Dans ce cadre, tous les gags sont prétexte au plus pur sexisme, depuis la femme acariâtre dont la bouffe est toujours dégueulasse aux blagues bien grasses sur la belle-mère. Un enfer.

Astérix

Astérix pose un problème un peu similaire à celui des Schtroumpf. La BD est riche, pleine de blagues à hurler de rire et de sous-texte, mais le personnage de Falbala est invraisemblable : il ne sert qu’à incarner la beauté et à rendre Obélix fou tout en n’apportant rien au schmilblick. Et dans La rose et le glaive, on se retrouve avec des bonne femmes qui viennent emmerder le monde avec leur féminisme et faire fuir les hommes. A la limite, on pourrait prendre ça comme une dérision de la dérision. Mais plus pragmatiquement, la femme du chef passe son temps à le rabaisser, celle du poissonnier à se moquer de lui. Les femmes apparaissent systématiquement comme des grosses rombières dont le seul but dans la vie serait d’emmerder les hommes.

Il était une fois l'Homme

La série Il était une fois la vie véhicule aussi son lot de clichés. L’épisode consacré l’homme de Cro-Magnon simplifie l’évolution en la faisant entrer dans des modèles. Les femmes seraient fabriquées sur la base d’un modèle de charme, lequel est opposé au modèle standard, ou au modèle teigneux, voire indestructible. Comprenez : les hommes sont des badass ou à tout le moins des gens normaux ; les femmes, elles, ont pour objectif d’être désirables – merci pour elles.

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"*TUIUIUIUIUIU* Oui allô ? / Oui ce serait pour signaler un lien disparu / Ok on envoie nos équipes d'enquêteurs sur le coup"

Père Castor

Plusieurs histoires de Père Castor véhiculent une image ultra-sexiste. Le vieux castor n’est pas vieux pour rien. Dans plusieurs de ses histoires, les personnages féminins ne cherchent qu’à trouver un bon parti à épouser ou préfèrent une vie de mère de terrier à une vie d’aventures, parce que quand même c’est plus raisonnable. Des modèles à se flinguer.

Lucky Luke

Les personnages féminins sont quasiment absent de la BD dont les belles heures ont été réalisées par Goscinny et Morris. Mais de mémoire, quand ceux-ci font irruption, ils sont très problématiques. Dans La Fiancée de Lucky Luke, un convoi de femmes hystériques n’a qu’une idée en tête, se marier. Et (de mémoire) dans Le bandit manchot, les femmes du village, au travers de la femme du maire, passent leur vie à pourrir la vie des hommes en leur interdisant de boire de l’alcool. C’est bien connu : les femmes sont des emmerdeuses. Les seules femmes sympas sont soit des putes, soit des danseuses de French-Cancan, soit un mélange des deux, soit Calamity Jane ; mais il est sous-entendu que Calamity Jane n’est pas vraiment une femme.

Boule & Bill

Peut-on rappeler les activités des parents de Boule ? Le père va au travail et a l’air fatigué. La mère, on ne sait pas trop, à part qu’elle s’occupe de la bouffe, du ménage, de réparer les conneries de Boule. Mais quand le père rentre du travail, c’est à lui que revient le droit d’apprendre des trucs à son fils en lui faisant vivre des aventures. C’est édifiant.

Cobra

Un animé qui ne donne pas nécessairement une image géniale des femmes. A moins bien sûr que donner une image géniale des femmes consiste à les faire se promener en string avec des seins énormes, à faire du lap’dance, le tout pour les beaux yeux d’un personnage principal dur à cuire et complètement con. Les dessins animés, c’était parfois compliqué.

Les temps changent (mais pas tant que ça).

Sources : Slate.fr