Comment définir un film de gros boomers ? C’est souvent un subtil mélange de clichés racistes, d’humour lourdingue déjà vu, de valeurs d’avant idéalisées et de chocs des cultures. Tout ça avec des personnages réacs qui finissent par prendre conscience que, dans la vie, il faut être tolérant. Sacré programme. Ça ne donne pas envie. Pourtant, des films de boomers, il y en a à la pelle, et ils ont quasiment tous du succès. Pourquoi ? Parce que les boomers sont nombreux et qu’ils ont droit, eux aussi, de se divertir.

Qu'est-ce qu'on a fait au bon Dieu ?

C’est LE film de boomer par excellence, à base de clichés racistes « pour dénoncer le racisme », de choc des générations et de Christian Clavier qui joue un gros bourgeois intolérant qui finit par devenir tolérant. On aurait envie de dire que « boh, ça ne fait de mal à personne », mais ça fait du mal à pas mal de gens concernés ainsi qu’à la qualité du cinéma français, donc on ne le dira pas.

(Sacré pavé dans la marre)

Si j'étais un homme

Une femme qui vient de se faire larguer par son mari se retrouve affublée d’un pénis. Elle en parle à son gynéco (Christian Clavier, évidemment), à sa voisine, et à un mec qui finit par l’aimer pour ce qu’elle est. Ça aurait pu être une manière subtile de déjouer les clichés sur les genres, mais le truc s’est transformé en foire aux généralités du type « les femmes sont plus comme ci », ou « les hommes sont plus comme ça ». À la fin, on se retrouve avec un film du niveau stand up des années 2000 moitié-mignon, moitié-transphobe. Forcément, y’a une moitié qui fait plus tâche que l’autre, mais ça plait aux boomers, et ça c’est important.

À bras ouvert

Bon promis, après on arrête avec les films de Christian Clavier qui se ressemblent tous, on en a déjà fait un top en plus. N’empêche, À bras ouvert, qui raconte l’histoire d’un riche écrivain obligé d’accueillir des Roms chez lui, regroupe à peu près tout ce qui se fait de plus boomer. On a droit à toute la panoplie de stéréotypes stigmatisant un peuple pour, au final, nous dire que ce qui prime, c’est l’humanité. Une belle morale servie par des trucs bien nauséabonds. Selon notre propre étude statistique faite au doigt mouillé, absolument aucun spectateur de ce film n’est sorti de salle en déclarant : « finalement, j’adore les Roms. »

Les Choristes

Parmi les films de boomers, il existe une catégorie obscure, celle des films nostalgiques de la « vieille France ». Vous voyez, cette France où on avait encore des vraies valeurs, celle où les écoles n’étaient pas mixtes, celle où les enfants parlaient encore le bon français, celle où on pouvait encore donner la fessée, celle où le Maréchal Pétain… bon peut-être pas ça, mais on n’en est pas loin. Les Choristes fait partie de cette (pas si) charmante catégorie aux côtés d’autres pépites comme L’École buissonnière ou Le Petit Nicolas.

Gran Torino

Clint Eastwood est la preuve qu’on peut faire des films de boomers pas dégueux. Car oui, Gran Torino reste un film de boomer avec un personnage principal qui ne peut pas saquer les étrangers mais qui finit par les tolérer et, même, les apprécier. Pourtant c’est loin d’être lourdingue, ça se passe de gros clichés, et à la fin on en redemande. Comme quoi c’est chouette parfois d’être un boomer.

8 rue de l'humanité

Dany Boon qui s’empare du sujet du confinement pour en faire un film en à peine un an, ça sentait déjà mauvais. Mais c’est plus que ça : c’est boomer. Toutes les blagues que vous avez entendues pendant les premiers mois du covid, on les retrouve ici. Enfin, surtout les plus lourdes. Celles qui font rire vos parents. Et à la fin, on se dit que finalement, c’est bien de connaître ses voisins. Ah et puis y’a Elie Semoun qui a un petit rôle. Bref, la bonne recette qu’on aime quand on a environ 60 ans.

Il reste du jambon ?

Quatre ans avant Qu’est-ce qu’on a fait au bon dieu ?, on avait déjà droit au fameux choc des cultures de la jeune femme blanche qui présente un homme arabe à sa famille (raciste). S’il ne s’agissait que d’un tout petit élément du film, ça ne serait pas boomer, mais là, TOUT le film tourne autour de ça, avec évidemment son lot de clichés qui vont bien. Et que dire du titre ? Il n’y a bien que des boomers pour penser en premier à « jambon » quand on leur dit « musulman ».

Le Brio

Un prof de fac de droite blanc. Une étudiante maghrébine de gauche. Il va devoir lui apprendre l’éloquence, et tous les deux vont devoir dépasser leurs préjugés. Cette fois-ci c’est Daniel Auteuil qui a enfilé le « costume de Christian Clavier » (sûrement déjà pris par un autre tournage pour un rôle de bourgeois), et le pire c’est que c’est pas fondamentalement mauvais. C’est juste ultra-prévisible puisque le film emprunte la trajectoire classique du film de boomer. Spoiler : à la fin, ils sont plus tolérants.

Tu veux ou tu veux pas ?

Le pitch : Patrick Bruel, addict au sexe (dans le film HEIN ;) ) est en plein sevrage, mais il doit travailler en binôme avec Sophie Marceau, nymphomane assumée. Vous l’aurez deviné, ou constaté si vous avez vu le film, c’est la porte ouverte à toute la panoplie des blagues de cul bien lourdes de nos tontons préférés. À regarder avec vos parents si vous voulez passer un bon moment en famille (à condition d’oublier le bon goût, les histoires de consentement et le fait que vous êtes en famille).

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Ce film est une exception puisqu’il représente un dilemme pour le boomer : est-ce qu’on peut être un boomer réac qui déteste les nouvelles technologies quand d’autres combattent le même système au nom de valeurs de la gauche ? C’est compliqué, et c’est pour ça que ce film (plein de gens chouettes) navigue dans un entre-deux qui met mal à l’aise. Les personnages combattent les GAFAM – comme des gens woke – tout en balançant des vannes dignes de nos amis les boomers qui ne savent pas utiliser une souris d’ordinateur. C’est perturbant. Difficile de savoir si on aime ou non.

Alors attention, si vous aimez ces films, ne vous inquiétez pas, vous êtes peut-être juste vous-même un boomer. Dans le doute, passez le test Es-tu un boomer ? pour en être sûr. Ne paniquez pas, tout va bien se passer.