La psychologie a été inventée pour mieux comprendre l’âme humaine et être plus à même de la soigner. Et pour y arriver, on a souvent choisi de réaliser des protocoles expérimentaux qui n’avaient strictement aucune éthique et qui foutait en l’air la vie de ceux qui y étaient soumis. Certains diront qu’on ne fait pas d’omelettes sans casser des œufs ; d’autres que c’est quand même une belle saloperie, tout ça.

Et si on faisait une étude sur l'espérance de vie des schizophrènes quand on les prive de médicaments ?

C’est à UCLA, au début des années 1990, que l’expérience « Processus développementaux dans les troubles schizophréniques » a été mise en place par un psychologue et un psychiatre. Et l’expérience ne visait guère qu’à voir ça : combien de temps pouvaient survivre les malades sans leurs médicaments ? Parce que les schizophrènes, eux, n’étaient pas au courant qu’ils faisaient partie d’une expérimentation médicale. Ils pensaient être encadrés et soignés. On donnait des placebos pendant 3 mois aux malades, puis on les privait de toute aide, même psychologique s’ils tenaient le coup. Et le résultat a été au-delà des attentes : un patient, après avoir développé des hallucinations complotistes, a mis au point un plan pour buter ses parents qu’il imaginait possédés par le diable. Un autre s’est jeté par la fenêtre. Après ça, le gouvernement a mené une enquête qui a conduit à la conclusion que c’était pas cool de ne pas avoir prévenu les patients, mais que l’expérimentation n’en demeurait pas moins éthique.

L'expérience de Rosenhan

Rosenhan avait un objectif : voir ce qu’impliquait, pour une personne saine d’esprit, d’être admis au milieu des malades dans un hôpital psychiatrique. 12 volontaires ont ainsi simulé des accès de schizophrénie pour être admis dans pareilles institutions. A la fin des années 1960, ils ont donc franchi une porte qu’on a bien du mal à franchir dans l’autre sens. Car certains faux patients ont ainsi été internés pendant près d’un confinement (52 jours). L’objectif de l’expérience était bien sûr de voir comment les professionnels du secteur pouvaient ou non déceler des patients qui leur mentaient. Mais pour les faux patients, c’était un enfer : hurlements, médicaments, infantilisation, impression de devenir fou… L’expérience a toutefois eu un grand retentissement et modifié en profondeur l’organisation des hôpitaux psychiatriques.

Le Monster Study

1939, belle année. C’est d’ailleurs celle choisie par deux chercheurs en linguistique et en psychologie pour étudier les raisons du bégaiement. Ils ont pris 22 enfants, les ont divisés en deux groupes, et se sont démerdé pour faire bégayer l’un des groupes. Dans le premier groupe, les enfants étaient valorisés ; dans le second, on expliquait aux gosses qu’ils parlaient mal et qu’ils allaient bégayer toute leur vie à coup sûr. Rapidement, les enfants brimés ont arrêté de parler. Et ont commencé, quand ils le faisaient, à bégayer sévère. Et à développer de graves troubles de la personnalité.

L'expérience de Zimbardo

En 1971, le psychologue Philip Zimbardo décide de mener une étude psychologique expérimentale sur les effets de la situation carcérale en sélectionnant 24 adultes sains d’esprits et de tous milieux sociaux (12 gardiens et 12 prisonniers) et les enferme pendant 3 semaines. Zimbardo fait ça dans les règles : les gardiens ont des matraques et rentrent chez eux après le service tandis que les prisonniers appelés par des numéros se baladent avec des chaînes pour aller jusqu’à la cantine. Zimbardo truffe la prison de caméras et observe tout ça avec attention, mais très vite l’expérience dérape et le psychologue perd le contrôle. Punitions physiques, manipulations psychologiques, humiliations sexuelles, les candidats ne jouent plus du tout. L’expérience Zimbardo prend une telle tournure que celui-ci y met fin avant son terme, les « prisonniers » présentant des troubles émotionnels très graves. Alors, c’est autre chose que les Anges de la téléréalité non ?

Crédits photo (CC BY-SA 4.0) : Elekes Andor

Quand un chimpanzé est élevé avec ton gosse, comme si c'était sa sœur

Dans les années 30, on maîtrisait pas très très bien la génétique encore. Il y avait une pensée positiviste et magique selon laquelle élever un singe comme un humain le rendrait fatalement humain. Et c’est là qu’un psychologue qui s’appelait Kellogg et ne faisait pas de cornflakes a décidé d’adopter une femelle chimpanzé de 7 mois au moment de la naissance de son fils en faisant comme si de un c’était normal, de deux ils étaient frères et soeurs.

Sauf que le gosse a commencé à développer des comportements de singe assez rapidement. A un an et demi, il maîtrisait trois mots en tout et pour tout et mordait tout le monde.

Dommage.

Comment générer de la culpabilité chez les gosses

La culpabilité, c’est un enfer. Raison pour laquelle des psychologues de l’Université de l’Iowa ont décidé de prendre des gosses et de leur créer de la culpabilité pour rigoler. Un adulte donnait une poupée à un gosse en insistant sur l’importance de cette poupée, ce qu’elle signifiait à ses yeux et à quel point il fallait faire attention lalalalalala. Sauf qu’à peine la poupée était-elle confiée à l’enfant qu’elle se brisait automatiquement. Ensuite, l’adulte regardait l’enfant en silence pendant une longue (très longue) minute. Avant d’aller le voir en lui expliquant que c’était pas de sa faute.

Le but de l’expérience était de savoir si la compensation orale mettait fin à la culpabilité. Apparemment pas.

L'histoire du petit Albert

En plus de suivre partout son pote Sherlock Holmes, John Watson était aussi un scientifique qui s’intéressait à la naissance des peurs chez l’enfant. Il a donc élevé Albert, son fils de 9 mois, en lui expliquant que les trucs blancs, ça faisait super peur. Résultat : il avait peur de tout tout tout tout tout ce qui était blanc, quand bien même il avait eu par le passé une expérience positive avec des trucs blancs. Bref, à un moment, la mère est intervenue pour mettre fin à cette comédie parce que le gosse ne bénéficiait d’aucun suivi.

Crédits photo (Domaine Public) : Unknown (pre-1923 photo) Watson, per the link in the source, left Johns Hopkins in 1921 (on bad terms). This is a photo of him there.

MK-ULTRA version enfants

En 1951, la CIA décide de mener des expériences avec des drogues type LSD pour voir à quel point ces trucs pourraient être utilisés par l’armée pour transformer les humains en robots militaires. Dans le lot, quatre projets sont tournés vers les enfants et bénéficient de la complicité d’un organisme de colos de vacances. Le but était de les dissocier au maximum en leur faisant subir, entre autres, des actes pédophiles. Une horreur absolue que la CIA n’a jamais reconnue.

Les expériences de Vipeholm

Imaginez un peu que vous soyez scientifique et qu’on vous demande de forcer des patients handicapé mentaux à bouffer des bonbons jusqu’à ce que leurs dents tombent. Nous, ce n’est pas un cauchemar, mais l’expérience de Vipeholm. L’idée était juste de savoir s’il existait un lien entre les problèmes dentaires et la consommation de bonbons qui, en Suède, était extrêmement élevée dans les années 40. Et quoi de mieux pour faire un test que de le faire sur des personnes qui ne pourront pas se plaindre de voir leurs dents pourrir et tomber ? C’est comme ça qu’il a été décidé de recourir à des handicapés mentaux qui étaient à la charge du gouvernement suédois. C’est donc la fleur au fusil que les médecins sont allés à l’Institut Vipeholm où le gouvernement gardait ses petits handicapés. Et donc on a gavé 660 handicapés mentaux de sucreries pour voir si les dents pourrissaient ou non. Deux ans de recherches pour en arriver à cette conclusion : oui, le sucre n’est pas bon pour les dents. Les résultats de l’étude furent finalement publiés en 1957, 10 ans plus tard, histoire de satisfaire le lobby des sucreries. Mais une fois l’étude publiée attention, hein, les autorités suédoises ont tapé du poing sur la table en publiant des campagnes massives pour encourager les gosses à pas trop bouffer de bonbecs et surtout à se laver les dents.

Crédits photo (CC BY-SA 3.0) : Gymnasieskolan Vipan

Et si vous aimez la psychologie qui tourne mal, on a aussi les expériences de psychologie sociale qui ont mal tourné et un top entier dédié aux pires expériences avec des enfants.

Sources : Cracked, Wikipédia