Les scientifiques font avancer le monde, découvrent des trucs, manipulent des machins, c’est très bien. Mais pour découvrir il faut chercher, et parfois on part dans de mauvaises directions. Les expériences dont nous allons vous parler maintenant mettent toutes en jeu des recherches sociales ou psychologiques qui sont allées un peu trop loin et qui nous rassurent pas des masses sur la bonté et la gentillesse du genre humain.

Expérience de Standford

En 1971, le psychologue Philip Zimbardo décide de mener une étude psychologique expérimentale sur les effets de la situation carcérale en sélectionnant 24 adultes sains d’esprits et de tous milieux sociaux (12 gardiens et 12 prisonniers) et les enferme pendant 3 semaines. Zimbardo fait ça dans les règles : les gardiens ont des matraques et rentrent chez eux après le service tandis que les prisonniers appelés par des numéros se baladent avec des chaînes pour aller jusqu’à la cantine. Zimbardo truffe la prison de caméras et observe tout ça avec attention, mais très vite l’expérience dérape et le psychologue perd le contrôle. Punitions physiques, manipulations psychologiques, humiliations sexuelles, les candidats ne jouent pas du tout. L’expérience Zimbardo prend une telle tournure que celui-ci y met fin avant son terme, les « prisonniers » présentant des troubles émotionnels très graves. Alors, c’est autre chose que les Anges de la téléréalité non ?

The Monster Study

En 1939, le Dr Johnson, orthophoniste, lance une recherche sur le bégaiement. L’expérience a pour but de prouver que le bégaiement avec apprentissage s’atténue et que rien n’est donc définitif. 22 enfants d’un orphelinat d’Iowa de 5 à 15 ans sont recrutés dont 10 avec des bégaiements. Ils sont séparés également dans 2 groupes. Dans le premier on encourage l’enfant, on le félicite pour ses progrès. Dans l’autre on le réprimande à la moindre erreur. Les résultats ont montré que les enfants qui avaient reçu des retours négatifs étaient sérieusement touchés psychologiquement. Pour certains, la qualité d’élocution s’est même sérieusement dégradée. A tel point qu’en 2007 on dédommagea la famille de 6 orphelins victimes de cette étude.

Le projet MK-ULTRA

MK-ULTRA est un projet secret illégal de la CIA entamé en 1951 et visant à manipuler mentalement certaines personnes par l’injection de psychotropes et d’autres substances délirantes comme du LSD. On pense que Theodore Kaczynski, aussi connu sous le pseudonyme d’Unabomber (un terroriste américain poseur de bombe) fut un des cobayes de ces expériences et qu’elles auraient joué sur son instabilité mentale. On a aussi recensé 4 sous-projets axés sur des enfants qui font passer la série Fringe pour une petite fable sympa.

Tusko, l'éléphant sous LSD

En 1962, Warren Thomas, le directeur du Lincoln Park Zoo d’Oklahoma City a eu la brillante idée d’injecter un gros paquet de LSD à un éléphant nommé Tusko. Caché derrière des prétextes faussement scientifiques, Thomas voulait juste « voir ce que ça faisait ». Et pour voir il a vu puisque Tusko est mort presque immédiatement après s’être effondré en convulsant.

L’expérience Milgram

En 1963, suite aux atrocités de l’Holocauste, Stanley Milgram s’interroge sur l’obéissance aveugle d’une grande majorité des Allemands. Sous le prétexte d’une expérience d’apprentissage, Milgram a demandé au panel de sujets de poser des questions à un homme attaché à un générateur de décharges électriques et de lui en envoyer une s’il se trompe. L’homme était un acteur, les chocs électriques étaient faux mais tout cela les participants l’ignoraient. Le résultat est clair : les cobayes ont obéi aux commandes de l’expérimentateur, même quand l’homme attaché criait de douleur. « Inattendus et inquiétants », voilà ce que dit Milgram des résultats. Pas rassurant.

L'affaire Tony LaMadrid

En 1983, l’Université de Californie engagea un panel de schizophrènes et leur demanda d’arrêter leur traitement. L’expérience devait aider les médecins à mieux comprendre la maladie et à mieux la traiter. Au lieu de cela, et comme on pouvait s’y attendre, les patients ont fait des rechutes sévères, allant même jusqu’au suicide d’un des sujets, Tony LaMadrid, 6 ans après le début de l’expérience.

La fosse au désespoir

Harry Harlow est un psychologue connu pour avoir mené des expériences souvent choquantes sur plusieurs groupes de singes dans les 70’s. Si sa démarche scientifique était selon lui fondée, elle souleva beaucoup de protestations au seins des groupes de protections des animaux. Il isolait dès le plus jeune âge de jeunes macaques dans ce qu’il appelait le « puits du désespoir » afin de voir si leur réintégration se déroulait normalement. Spoiler alert : ça se passait très mal. Les petits singes devenaient zinzins, autistes et ne communiquaient plus du tout avec les autres spécimens. Pauv’ ti macak :(

La troisième vague

Si vous avez vu le très bon film « La Vague » vous savez sûrement de quoi il retourne. Similaire à celle de Milgram en ce qu’elle cherchait à étudier les mécaniques sociales du fascisme lors de la 2nde Guerre Mondiale, elle fut menée par le professeur Ron Jones sur une classe de lycéens en 1967. Il fonda au sein du groupe un mouvement idéologique vantant les mérites de la discipline et de la communauté. Les étudiants se montrèrent plus motivés, plus attentifs en cours, manifestant très vite des signes de rejet envers ceux qui n’appartenaient pas au mouvement, « la Troisième Vague ». Ron Jones coupa court au projet au bout de 4 jours, voyant que celui-ci lui échappait totalement. (Si vous voulez plus d’infos sur le déroulement de l’expérience.)

La thérapie par aversion homosexuelle

Dans les années 1960, l’homosexualité était souvent décrite comme une maladie mentale et la pression sociale était telle que certaines personnes se portaient volontaires pour des cures de « guérison ». La thérapie était digne d’un film d’horreur : des images homosexuelles étaient associées à des chocs électriques et à des injections vomitives. Bien évidemment ça ne marchait pas du tout, conduisant même jusqu’à la mort d’un des patients après qu’il soit tombé dans le coma. Aaaah, l’insouciance des sixties.

Le cas David Reimer

En 1966 David Reimer est âgé de 8 mois. Suite à une circoncision ratée, il subit une pénectomie. Le psychologue John Money conseille alors aux parents un changement de sexe pour le fiston, ce qu’ils acceptent. Ils ignoraient que Money voulait faire de David un sujet d’expérimentation, visant à prouver que l’identité sexuelle n’était pas innée mais acquise. David fut rebaptisé Brenda, on lui construisit un vagin et lui administra un traitement hormonal. Malgré tout cela, Brenda se comporta comme un petit garçon pendant 14 ans, jusqu’à ce qu’on lui révèle la vérité. Il décida de redevenir David et en 1997 subit une ablation des seins et une reconstruction du pénis. David se suicida en 2004 à l’âge de 38 ans.