La langue française est difficile à maîtriser, c’est vrai, et on peut comprendre que certains fassent quelques fautes de grammaire à l’occasion, mais il y a des limites. La plus grosse des limites, c’est quand quelqu’un vous explose le tympan avec une faute de liaison bien dégueu. Là, je dois avouer que ma propre tolérance a des limites, c’est pourquoi je voudrais une fois pour toutes mettre un coup de projo sur ces erreurs de liaisons horribles que tout le monde fait.

"Je lui ai donné cent-z-euros"

C’est probablement celle qu’on entend le plus souvent, alors je vous le dis avec la plus grande fermeté : on prononce « cent-t-euros ». Il n’y a qu’au pluriel qu’on peut glisser un petit « z », comme dans « Quatre cents-z-euros », puisque « cent » prends un « s » au pluriel (s’il n’est pas suivi d’un autre chiffre comme dans « quatre-cent-deux » évidemment). C’est quand même simple non ? Bon ok c’est pas siiii simple que ça mais c’est facile de retenir qu’on prononce « Cent-t-euros ».

Crédits photo (Creative Commons) : Robert Kalina

"J'ai vingt-z-appels manqués"

Non, c’est comme pour « cent », on dit « vingt-t-appels », et ça change au pluriel (« quatre vingts-z-appels »). Maintenant que vous le savez, vous pouvez devenir de meilleures personnes et partager cette sage parole autour du monde. Mais surtout dans les pays francophones.

"Ceux qui z-ont fini leur contrôle vous pouvez sortir"

Pourquoi venir inventer une liaison farfelue ici alors que « ceux qui ont » ne nécessite aucune liaison ? La vie est déjà bien assez difficile comme ça, pas besoin de la compliquer davantage, merci.

"Ils devraient-z-arriver vers 15 heures"

La vraie prononciation est bien entendue « ils devraient-t-arriver », mais je ne vous en voudrai pas si vous ne faites pas de liaison du tout, parce que vous n’êtes pas, à ma connaissance, ministres ou académiciens.

Il n'est point-z-à moi

Avez-vous vu un « s » à la fin de point ? Non, donc vous pouvez dire « point-t-à moi ». Vous pouvez aussi ne pas utiliser le mot « point » parce que vous n’avez pas 80 ans, mais ça c’est vous qui voyez.

"Il va-t-être content de nous revoir"

Pas besoin de liaison par ici, un simple « il va être » suffit. Laissons ce « a » et ce « ê » se côtoyer sans aucune barrière. Ils ont le droit de vivre leur amour sans contrainte. Merci.

"Donne-moi-z-en un peu steup"

NON, NON ET NON. Désolé, je m’emporte car je n’ai toujours pas mangé aujourd’hui, mais il faut avouer que cette faute est agaçante. On dit « donne m’en », pas ce « donne-moi-z-en » qui n’a absolument rien de logique. En plus, la bonne prononciation est plus courte, ce qui vous laisse plus de temps libre pour faire d’autres activités, comme aller élaguer le cerisier de votre jardin ou apprendre le mah-jong. La vie a beaucoup à vous offrir.

"Il se rend-t-à Mulhouse aujourd'hui"

Il faut avouer que celle-là prête à confusion puisque le « d » de « rend » nous donne bien envie de le faire sonner comme un « t ». Et pourtant… et pourtant… il n’en est rien : on dit « il se rend à » sans aucune liaison. Je sais, c’est dur à accepter, mais en même temps c’est assez facile à accepter à partir du moment où on se rend compte qu’on n’en a un peu rien à foutre.

"Ta demande de congés a-t-été acceptée"

Je ne vais pas passer par quatre ou cinq chemins : on dit « a été ». Alors virez-moi ce « t » qui n’a rien à faire là et envoyez-le faire quelque chose de vraiment intéressant, comme aller élaguer le cerisier de son jardin ou apprendre le mah-jong. Eh oui, j’ai déjà utilisé ce bout de phrase plus haut dans l’article, je fais une grève de l’inventivité en attendant que ma demande de « plus de frites à la cantine » soit acceptée.

Dupont-taignan

Passons un peu aux noms propres avec ce Nicolas Dupont-Aignant dont le patronyme est souvent écorché. En réalité, on dit « Dupont Aignant » sans aucune liaison. Après, comme le mec est relou, il n’y a que peu de gens pour s’émouvoir lorsque l’on prononce mal son nom. Déso Nico.

Crédits photo (CC BY 2.0) : Debout la France

"Bourguenbresse"

La ville de Bourg-en-bresse est censée se prononcer « Bourkenbresse », mais il faut avouer qu’on en a tous rien à carrer et qu’on ne voit pas pourquoi ce « g » ce transformerait en « k » sans aucune raison valable. M’enfin, si vous voulez faire plaisir à un Burgien, susurrez-lui « bourkenbresse » dans l’oreille ; il devrait vous offrir une volaille qui scellera votre amitié à tout jamais.

Sinon on peut changer l’orthographe des mots et ne plus rien respecter, c’est vous qui voyez.