Comme chaque année, Reporters sans frontières a sorti son bilan annuel de la liberté de la presse dans le monde en 2017. Et l’association demeure alarmée par le traitement réservé aux journalistes dans le monde, notamment dans les zones de conflit. Entre les 65 journalistes assassinés, les 326 journalistes emprisonnés et les 54 journalistes retenus en otage, la situation ne s’améliore pas. S’il serait commode d’imaginer que les premiers touchés sont les envoyés spéciaux en zone de conflit, il est à noter par exemple que 58% des journalistes assassinés en 2017 sont morts dans leur pays d’origine. Un constat qui en dit long sur la liberté de la presse dans certaines zones du monde.

Les 5 pays où les journalistes ont été le plus tués en 2017

La Syrie - 12 journalistes tués

Cela fait désormais six ans (depuis le début de la guerre, en réalité), que la Syrie est le pays le plus dangereux pour les journalistes. Si ce chiffre est en baisse, c’est aussi parce que la couverture médiatique de la guerre en Syrie a considérablement baissé en 2017.

Le Mexique - 11 journalistes tués

A la différence de la Syrie, le Mexique est un pays en paix ; les 11 journalistes qui y sont morts y ont donc été sciemment assassinés et ne sont pas décédés dans l’exercice de leur fonction en raison, par exemple, d’un bombardement. Au Mexique, les journalistes qui osent s’attaquer à la corruption et au narcotrafic vivent un enfer quand ils ne cessent pas tout simplement de vivre.

L'Afghanistan - 9 journalistes tués

En Afghanistan, les journalistes sont les victimes collatérales des attaques et des attentats internes. Il s’agit pour la plupart de journalistes afghans.

L'Irak - 8 journalistes tués

Deux journalistes de la chaîne pro-gouvernementale ont été assassinés par l’Etat islamique en 2017 en Irak. En outre, les combats qui déchirent le pays ont fait 6 victimes supplémentaires, dont 4 étrangères.

Les Philippines - 4 journalistes tués

On connaît le problème avec Duterte : il est dingue. 5 journalistes philippins ont ainsi été visés par balle par des milices dans un pays où le président a annoncé la couleur en disant que les journalistes ne seraient pas préservés des assassinats s’ils étaient « des fils de pute ». Entendez par là des ennemis de Duterte.

Les 5 pays comptant le plus de journalistes en prison

La Chine - 52 journalistes détenus

La Chine n’est pas ce qu’on appelle un modèle en matière de liberté de la presse. Quand la moitié des journalistes détenus dans le monde le sont dans 5 pays différents, la Chine se taille la part du lion. De plus, les journalistes opposants au régime sont emprisonnés dans des conditions déplorables et meurent souvent derrière les barreaux. Cette année, deux prisonniers d’exception, le prix Nobel de la Paix Liu Xiaobo et le blogueur d’opposition Yang Tongyan sont morts en prison d’un cancer détecté trop tard.

La Turquie - 43 journalistes détenus

Après la tentative de putsch de juillet 2016, Erdogan a commencé une énorme entreprise de purges. 42 journalistes professionnels ont été arrêtés et jugés à la va-vite avant de terminer derrière les barreaux. C’est très réjouissant.

La Syrie - 24 journalistes détenus

La Syrie en guerre n’est pas tendre non plus avec les journalistes qui s’opposeraient au pouvoir d’Al-Assad. Les voix critiques terminent le plus souvent derrière les barreaux.

L'Iran - 23 journalistes détenus

Autre anti-modèle de la liberté de la presse, l’Iran détient 23 journalistes critiques du pouvoir en prison. Malgré un assouplissement relatif au cours des dernières années, le pouvoir iranien demeure donc très loin de satisfaire aux impératifs du pluralisme.

Le Vietnam - 19 journalistes détenus

Le pouvoir vietnamien s’est engagé dans une importe phase de répression en 2017. Des blogueurs hostiles au pouvoir sont arrêtés, déférés et jetés en prison, battus ou condamnés à l’exil. La fête.

Les 4 pays avec le plus de journalistes retenus en otage en 2014

La Syrie - 29 journalistes en otage

La plupart des otages, dans le monde, sont des journalistes locaux dont on ne parle pas. Evidemment, la Syrie en guerre se taille la part du lion en matière de détention de journalistes, le groupe Etat islamique retenant à lui seul 22 journalistes en otage.

Le Yémen - 12 journalistes en otage

Les Houthis ne rigolent pas avec l’opposition, au Yémen. Alors que la guerre civile n’en finit plus de ne plus finir, ils ont placé 11 journalistes en otage. Par ailleurs, Al Qaïda détient un journaliste en otage dans le même pays.

L'Irak - 11 journalistes en otage

Au moins 11 journalistes irakiens sont détenus sur leur territoire par des groupes islamistes radicaux, mais ce chiffre pourrait être beaucoup plus important, car les familles ne communiquent pas toujours publiquement dans les cas d’enlèvement, souvent à la demande des ravisseurs.

L'Ukraine - 2 journalistes en otage

Les forces séparatistes ukrainiennes ne sont pas tendres avec les journalistes critiques et retiennent selon un principe de souveraineté discutable plusieurs journalistes en prison, entendez donc en otage.

De la joie pour Noël.

Source : Reporter Sans Frontières