Vu le nombre de séries qui sortent tous les jours, on n’a pas vraiment le temps de regarder vers le passé en matière télévisuelle. Il y a tant et tant à voir qu’on va pas non plus commencer à regarder des séries des années 60 et 70. Eh bah on a tort parce que certaines vieilles séries à la papa, trésors des rediffusions télé sur M6 et sur TMC, sont en fait extraordinairement bien faites, bien jouées, bien écrites et modernes. Avec en plus le charme suranné de la patine vintage. Non en vrai, on aurait tort de s’en priver.

Columbo

Columbo est une des meilleures séries de tous les temps, et ce n’est pas pour rien qu’elle est diffusée, rediffusée et rerediffusée depuis 40 ans. Parce que la spécificité de l’agencement (on connaît le meurtrier et on regarde Columbo le cuisiner petit à petit), la qualité de jeu de Peter Falk et des guests, la qualité de la réal (Spielberg pour le pilote, Cassavetes, on en passe) et la confrontation de deux classes sociales (Columbo pour les petites gens, la très grande richesse pour les meurtriers), tout concourt à en faire un joyau télévisuel. Alors évidemment, à partir des années 80 et à mesure que Columbo vieillit et qu’on entre dans le mauvais goût 80/90, ça perd de son charme. Mais tous les épisodes des années 60 à 70 (et il y en a beaucoup) sont absolument formidables.

Maigret

Comme ça passait sur France 3 à l’heure idéale pour accompagner la sieste des grands-parents, on a longtemps considéré les Maigret avec Crémer comme la lie de la production télévisuelle française. On avait tort : déjà parce que c’est sans doute l’adaptation la plus fidèle à Simenon et Simenon, entre nous, c’était pas un nul. Ensuite parce que l’ambiance poisseuse, la démarche lente de Maigret, les bières commandées au comptoir, les sandwichs, tout ça crée une vraie atmosphère noire, glauque, comme un instantané d’une France rurale, au ralenti, qui n’a finalement rien à envier à l’univers similaire mais américain d’un True Detective. Enfin et surtout parce que Crémer est formidable. Il ne joue pas, il est normal. Et que c’est toujours fascinant de voir un mec bien jouer.

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"*TUIUIUIUIUIU* Oui allô ? / Oui ce serait pour signaler un lien disparu / Ok on envoie nos équipes d'enquêteurs sur le coup"

Poirot

C’est exactement le même constat que pour Maigret : la série, commencée fin 80 et terminée au mitan des années 2010, passe à peu près aussi souvent sur TMC que les Simpsons sur W9 et on pourrait légitimement se dire que c’est tout pourri. Mais ça ne l’est pas, mais alors pas du tout. L’ambiance de crime anglais, David Suchet en Poirot formidable, les rôles d’Hastings (Hugh Fraser), Japp et Ariadne Olliver, la musique, l’humour, la prétention de Poirot… C’est réellement une excellente série policière et même les premiers épisodes n’ont pas tant vieilli que ça.

Chapeau melon et bottes de cuir

A peu près 70.000 saisons, 15 side-kicks différents pour Steed, du noir et blanc et de la couleur et une fin très 80 qui verse dans l’ambiance Arnold et Willy encore plus mal vieilli. Mais mais mais mais mais toutes les saisons de Chapeau melon avec Emma Peel (Diana Rigg, la vieille Tyrell dans GoT) et Tara King sont absolument prodigieux. La bizarrerie anglaise façon Swinging London dans tout ce qu’elle a produit de mieux. Des épisodes entiers où on ne comprend rien à l’intrigue mais qui emmènent nos amateurs de champagne dans des cirques itinérants où des gens sortent des oeufs de leur bouche tandis qu’un clown à grandes chaussures assassine avec un faux pistolet. Dit comme ça, ça a l’air foutraque et de fait ça l’est, mais c’est un véritable bonheur d’inventivité à regarder. Les acteurs sont super et il y avait du fric – autant dire, donc que c’est bien réalisé.

Le Prisonnier

Le chef d’oeuvre de ce top. Patrick McGoohan est un agent secret qui a démissionné des services. Il se fait enlever et arrive sur une île du Nord de l’Angleterre où il se retrouve prisonnier d’une sorte de village témoin insupportable où tout le monde est très poli et où la participation à la fête des voisins est plus ou moins obligatoire. Impossible de s’évader, mais McGoohan va quand même essayer d’y parvenir. Plus de nom pour le héros, mais un numéro : le 6. Et il doit déjouer les pièges du numéro 2, lequel change à chaque épisode. Mais qui est le numéro 1 ? Surréalisme à tous les étages, 17 épisodes à peine et un bonheur de visionnage.

Le Saint

Un cran en dessous, mais Roger Moore qui cabotine c’est quand même un vrai plaisir. Surtout que son personnage, Simon Templar, est une sorte d’incarnation de l’homme parfait qui traîne son charme dévastateur sur 118 épisodes (c’est un peu long). On ne peut pas dire que ce soit un chef d’oeuvre, mais c’est quand même carrément mieux que Ma sorcière bien aimée.

Amicalement vôtre

Si on arrive à fermer les yeux sur le machisme évident des dialogues entre Sinclair et Wilde (Moore et Curtis), on prendra quand même un plaisir dingue à regarder les aventures de l’aristo et du parvenu qui s’associent pour sauver la veuve et l’orphelin. Décapotables et riviera, pantalons patte d’eph’ 70’s et surtout une seule saison : la série a été une catastrophe industrielle aux Etats-Unis et sa production a été arrêtée, alors qu’elle a cartonné en Europe.

Code Quantum

91 épisodes sortis en 1989 et 1993 et les aventures totalement dingues de ce type perdu dans l’espace temps et qui ne peut jamais rentrer chez lui, obligé d’intervenir dans le passé pour éviter des drames et ainsi changer le cours de l’Histoire. C’est vraiment vraiment bien, bien documenté, drôle et intelligent.

Mission : impossible

Complètement occultée par les films, la série, avec son thème directeur en 5/4, est vraiment super. Jim Phelps et son équipe se chargent de sauver le monde contre des gens qui ont envie de le détruire on ne sait pas trop pourquoi : masques pour se déguiser en ennemis, trucages et inventions en tout genre avec la technologie 60ies à faire pâlir d’envie le Quatermaster de James Bond : un charme fou.

Les Incorruptibles

Qu’on se le tienne pour dit : le film de De Palma est une bouze. Kevin Costner n’a aucun charisme et de Niro déçoit en Capone. Mais la série en noir et blanc des années 60 est d’une toute autre portée. Robert Stack en Elliot Ness casse la baraque, parce qu’il n’est pas sympa et pas là non plus pour être sympa. Les mafieux font vraiment peur (notamment Nitti) et il y a une très grande violence. Le noir et blanc est magnifique et l’ambiance de Chicago dans les années 30 extrêmement bien rendue. Surtout que la série reste relativement fidèle à la vraie histoire (tout en prenant des libertés narratives).

C’est dans les vieux pots qu’on fait les meilleures séries.