Ce qui est bien avec les contes populaires, c’est qu’ils sont populaires. Comme tout le monde les connaît, il y a un paquet d’auteurs en mal d’inspiration qui les réécrivent par flemme d’avoir des idées. Quelle que soit la culture, la technique reste invariablement la même : se nourrir exclusivement de LSD pendant 4 mois avant de supprimer des phrases de façon aléatoire de l’histoire originale pour les remplacer par tous les mots qui te passent par la tête. Il y a des pépites.

Le lièvre et la tortue

Version qu’on connaît : le lièvre se la pète et perd la course, la morale c’est que l’humilité c’est pas pour les chiens.

Version allemande : C’est deux alcooliques et ils parient une bouteille de Brandy sur la course. Vu que le hérisson (c’est pas une tortue ici) gagne en trichant, le lièvre s’énerve et ils recommencent 74 fois (je n’invente rien), jusqu’à ce qu’une veine de son cou explose et qu’il meure. La morale de cette histoire est donc : trichez les enfants, cela vous permettra de gagner une bouteille d’alcool et de faire mourir votre adversaire.

Crédits photo (Domaine Public) : Rvalette

La Belle et la Bête

Version qu’on connaît : une belle gosse tombe amoureuse d’un monstre qui la retient prisonnière et ils se marient et le monstre devient un prince et c’est beau l’amour et le message passé aux gosses est pas terrible terrible mais quand même le film nous sert son lot de meilleures citations Disney.

Version russe : la bête n’est pas un gros nounours griffu, mais bien un serpent à 3 têtes qui capture la fille d’un marchand. Vu qu’ils sont juste à deux dans un grand château et que chaque nuit le serpent rapproche son lit de celui de la BG, l’ambiance n’est pas trop top. Un jour, le serpent, qui ne bat pas des records de QI, lui dit qu’elle peut retourner dans sa famille mais que si elle n’est pas de retour à la nuit tombée, il se suicidera. Pas une très bonne idée, puisque vu qu’il n’a qu’une parole, il met sa menace à exécution. Au final, elle embrasse les trois têtes du serpent mort, qui se transforme en prince vivant et j’ai du mal à saisir la morale de cette histoire.

Raiponce

Version qu’on connaît : Raiponce est la fille d’un roi dont les cheveux ont des pouvoirs magiques tant qu’on ne les coupe pas. Du coup, une sorcière la garde bien au chaud dans sa tour jusqu’à ce qu’un prince vienne lui péter les dents.

Version égyptienne : Yousif, un jeune prince entend parler d’une zoulette pas trop dégueu enfermée quelque part dans le désert. Il décide que le fait qu’il ne sache absolument rien à son propos justifie de risquer sa vie à la sauver. Il doit donc se débarrasser d’une ogresse, ce qu’il fait en tétant ses seins pour lui faire croire qu’il est son fils. Il finit par trouver la zoulette, retenue prisonnière pour une obscure raison par son père, qui est un ogre. Comme Raiponce, elle a des cheveux longs, et comme Raiponce elle a des pouvoirs de fou furieux qu’elle utilise pour empêcher son père de les poursuivre, puis pour le tuer. Par contre, elle n’a jamais pensé à se servir de ses pouvoirs pour s’enfuir toute seule parce qu’elle est quand même bien teubé, faut pas déconner. Quelle belle histoire pleine de valeurs.

Blanche-Neige

Version qu’on connaît : après avoir joué les bonniches pour 7 nains, une meuf archi bonne selon miroir-miroir se fait empoisonner par la reine jalouse, avant qu’un prince ne vienne la sauver en l’embrassant pendant qu’elle dort.

Version écossaise : dans cette version, il y a encore un contest de sexitude entre la reine et l’héroïne et la reine est toujours assez mauvaise perdante. Elle fait alors semblant d’être gravement malade et dit au roi que le seul moyen de la sauver serait de manger le cœur de Blanche-Neige. Cherchez pas à comprendre, c’est une médecine alternative. Le roi fait semblant d’accepter mais en fait c’est un pranque qu’il fait à la reine vu qu’il lui donne le cœur d’une chèvre, mdr regarde il y a des caméras là, là, et là. Quand elle comprend qu’elle s’est fait bananer, la reine traque la zouz, qui s’était entre temps marriée avec un prince et vivait cachée. C’est encore long alors je vous la fais courte : la reine empoisonne Blanche-neige, son mari la garde dans sa chambre plutôt que de l’enterrer, puis il se remarie, sa nouvelle femme tombe sur le corps, en extrait le poison, Blanche-Neige revient à la vie, tout ça se termine en ménage à trois et c’est probablement à ce moment que l’auteur a fait son overdose.

Cendrillon

Version qu’on connaît : une orpheline est exploitée par sa belle-mère et ses belle-sœurs tyranniques, jusqu’à ce qu’elle tape dans l’œil d’un prince un peu concon grâce à ses pompes en verre.

Version grecque : pareil, une orpheline qui se fait bolosser. Un jour, elle va sur la tombe de sa mère et lui demande de l’aide. En réponse, le soleil lui donne l’esprit, la lune lui donne la beauté, l’aube lui donne la grâce, et la mer lui donne une paire de chaussures bleues. Cimer la mer, si c’est que ça elle aurait aussi bien pu aller sur Zalando. Ensuite, un prince passe par là et tombe amoureux d’elle. Pour la séduire, il a une idée géniale : faire un piège à base de miel et de cire dans laquelle elle resterait coincée. Malin. Fin de l’histoire.

La Belle au bois dormant

Version qu’on connaît : après s’être piqué le doigt avec un fuseau, une princesse dort pendant hyper longtemps, genre 100 ans. Ptet plus, je sais pas mais en tout cas c’est vraiment archi long. Ensuite, un prince débarque et la pécho dans son sommeil parce que c’est ce que les princes font. Elle se réveille et ils se marièrent et eurent beaucoup d’enfants.

Version italienne : si la belle dort, c’est parce que sa mère, la reine, l’a souhaité. C’est tout. Un pouvoir que beaucoup de parents jalousent. Bref, dans cette version, quand le prince arrive là, il se dit que franchement il a fait un long trajet et tout alors juste un bisou c’est pas une juste récompense. Qui pourrait l’en blâmer ? Du coup il lui fait plusieurs gosses pendant qu’elle dort. Ensuite, comme la mère du roi aime pas trop ses arrières petits-enfants, elle les donne à manger au roi. Un conte chaleureux et familial, et une excellente idée de cadeau de noël.

Les trois petits cochons

Version qu’on connaît : trois cochons se construisent une maison pour pas finir dans dans un sandwich au beurre préféré des parisiens et des grands méchants loups. Une en paille, une en bois, et une en brique. Le loup déboîte les deux premières maisons mais du coup les trois cochons se réfugient dans la maison en brique et bolossent le pauvre petit canidé qui ne cherchait qu’à se nourrir.

Version italienne : trois oies se construisent une maison pour pas finir dans dans le bucket d’une célèbre enseigne de fast food. Une en paille, une en bois, et une en fer. Le loup déboîte les deux premières maisons et graille les deux oies débiles qui s’y étaient abritées. Ensuite, il se pète le poignet sur la troisième et le répare en allant voir… un serrurier. On est dans un conte, hein, la cohérence c’est en option. Finalement, il se fait avoir par la dernière oie qui le tue en lui balançant de la soupe très très chaude dessus. Savage.

Crédits photo (Domaine Public) : Leonard Leslie Brooke (1862-1940)

Tom Pouce

Version qu’on connaît : un couple qui ne parvient pas à avoir d’enfants fait un jour le vœu d’en avoir un, quelle que soit sa taille. Evidemment, on est dans un conte alors ils sont exaucés, sinon l’histoire présenterait peu d’intérêt. Du coup, ils se retrouvent avec un ptit bonhomme qui fait la taille du pouce de son père et qui va vivre plein d’aventures comme se faire bouffer par une vache, arrêter des voleurs, ou épouser une princesse.

Version lettone : la version lettone commence sensiblement pareil, mais monte dans les tours beaucoup plus rapidement puisqu’il rencontre la mère des vents qui lui confie ses fils. Mère indigne. Elle a du bol que l’assistante sociale soit pas passée par là, putain ça me dégoûte ça. Le pauvre Tom n’arrive pas à gérer les 4 vents, normal vous allez me dire, c’est des vents et lui c’est un tout petit garçon. Finalement il trouve un sifflet qui lui permet de les maîtriser parce qu’on est dans un conte et que ça serait quand même con d’avoir une histoire qui a du sens. On passe quelques étapes et à la fin le roi lui offre la main de sa fille mais elle refuse parce qu’elle veut pas d’un keum aussi petit. RT si c trist.

Crédits photo (Domaine Public) : Tagishsimon

J’aurais préféré que Disney adapte les contes comme ça, ça aurait été plus golri.

Source : cracked, Mic, Wikipédia