On n’est plus tout à fait nous-mêmes. On n’est pas non plus quelqu’un d’autre. On est nous, mais un nous dont toute la force vitale est tournée vers la jouissance. Dans cette vacance de l’esprit, les idées naissent, nombreuses. Si on faisait ça ? Si on appuyait là ? Si, si, si ?

Mieux vaut s’en tenir au protocole, les gars.

Mordiller fort une partie génitale

Emporté par la fougue, te voilà qui passe de la léchouille au mordillage et du mordillage à la morsure. Clitoris, gland ou téton, même combat.

Emporté par la fougue, te voilà qui passe du sexe à l’hôpital.

Emporté par la fougue, te voilà qui passe de l’amour à la rupture.

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Il n'a pas souffert, promis

Hurler "Je t'aime"

Comme l’esprit n’est plus irrigué normalement, comme l’esprit n’a plus que deux préoccupations (son cul et celui-de l’autre), comme l’esprit enfin entre en mode shuffle, le voilà qui déclenche des séquences inattendues et automatiques : « Je t’aime ». A l’image des hypnotiseurs du siècle dernier qui donnaient à leurs patients des mots-déclic visant à les faire sortir de leur transe, Dieu a doté l’amour d’un mécanisme similaire : dire « Je t’aime » revient à sortir de la transe pour instituer le malaise.

Oublier toute convention sociale

Encore une fois, nous ne sommes pas nous-mêmes ; est-ce une raison pour nier l’existence de l’autre, voire des autres ? Baiser à côté d’autres personnes est par exemple une promesse de malaise mutuel, surtout après coup. De la même manière, traiter le partenaire comme un objet qu’on manipule jusqu’à obtention du plaisir peut sembler tentant à mesure que l’on s’oublie, mais ce n’est généralement pas gage d’un après-sexe réussi.

Faire une demande en mariage

Sorte de pas supplémentaire sur le chemin de l’après-hypnose, la demande en mariage au milieu du coït arrive comme une cerise dans les fesses. Sur le moment, ça semblait une bonne idée, mais une fois l’irrigation normale du cerveau retrouvé, ne regrette-t-on pas un peu d’avoir agi de la sorte ? Si, hein, on regrette un peu.

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Il n'a pas souffert, promis

Te filmer

Ne serait-ce pas exceptionnellement excitant que de se filmer pendant l’amour ? Ne serait-ce pas la promesse d’un secret partagé que l’on pourrait regarder en cachette les soirs de vague-à-l’âme ? N’y aurait-il pas là une forme de transgression qui correspond bien à mes idées larges ? Et vas-y que, attends, tiens moi la caméra, vas-y, ouais je fais un gros plan, arrête de bouger, là, c’est bon, t’es cadré.

Outre le peu de compatibilité entre la manipulation technique et l’amour, on se sentira tout bizarre, après. La vidéo ne sera jamais regardée.

Te mater dans la glace

Qui n’a jamais rêvé de pouvoir s’observer comme une entité extérieure ? Les miroirs sont faits pour ça. Et voilà que l’expérience du plaisir mutuel se transforme en contemplation, à deux, des ébats. Démarche narcissique, pornographique, presque, quand l’on sort du moment à deux pour se concentrer sur des images de nous. Je vous le fais pas dire : on s’emmerde.

Dire des trucs sales

Sur le moment, on pense que les termes salaces sont à même de renforcer l’excitation de l’autre. D’abord, ce n’est pas toujours le cas ; ensuite, les trucs sales que l’on dit nous salissent directement. Et voilà que la petite mort se transforme en enterrement solitaire.

Mettre de la chantilly quelque part

Ce serait marrant, pas vrai, si j’aspergeais tes seins de chantilly, non ? Ce serait marrant… Jusqu’à ce qu’il y en ait partout sur les draps, que les abeilles fassent leur apparition, que les corps fatigués paraissent totalement dégueulasses et gluants, jusqu’à ce qu’on se rende compte que ce n’était pas une bonne idée.

Te dire que c'est ça, en fait, la vie, pas le reste, ça

Ces pensées presque ivres qui t’assaillent ; le fric, on s’en fout, le travail, on s’en fout, la famille, on s’en fout, les amis, on s’en fout, les ennuis, on s’en fout, les échéances, on s’en fout, tout le reste, on s’en fout. Le sexe devrait être l’essence même, perpétuelle, de la vie. Et pendant qu’on pense tout ça, on jouit, on est content, puis on se sent totalement ridicule après coup de s’être bercés de mensonges.

Faire un suçon

Comme un tatouage « Light my fire » au-dessus du sexe, le suçon est une marque semi-indélébile de vulgarité. Refrénez vos ardeurs, les enfants. Si c’est trop tard, alors utilisez ces techniques pour camoufler un suçon. On ne vous félicite pas.

Balayez-moi toutes ces idées nées de cerveaux sous-irrigués.