L’identité, c’est chacun la sienne, forcément. Parce qu’essaie un peu de rentrer dans ma tête et tu verras de quel bois je me chauffe. Après, si tu tiens vraiment à devenir moi, tu peux toujours récupérer ma carte d’identité et me faire des bisous pour me remercier et ensuite aller très vite sur l’autoroute et me demander de payer.

Jeanne Calment

Nouvelle théorie breaking news attention ceci est un bandeau BFM Business : d’après des chercheurs russes, celle qui est encore aujourd’hui considérée comme la personne ayant vécu le plus longtemps sur cette terre de détresse, notre super-centenaire préférée, j’ai nommé Jeanne Calment serait en réalité morte en 1997 à l’âge beaucoup moins canonique de 99 ans. Les auteurs de l’étude formulent l’hypothèse selon laquelle la fille de Jeannette, Yvonne, aurait pris l’identité de sa mère à sa mort, en 1935, pour éviter de payer les droits de succession. Les papiers officiels indiquent qu’Yvonne serait morte de pleurésie, mais que nenni, il s’agirait donc bien de Jeanne. Ensuite, l’engrenage et le battage médiatique. Cette théorie aurait été échafaudée pour la première fois dans les années 90, lors de la contractualisation du fameux viager de la vieille : son extrême longévité avait alors éveillé les soupçons des assureurs, mais la hiérarchie avait jugé bon de ne pas faire d’histoire pour ne pas entacher la réputation de la doyenne de l’humanité. Affaire à suivre.

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Arnaud du Tihl ou Martin Guerre

Voilà l’histoire, bien connue depuis que Depardieu a joué le rôle : au mitan du XVI° siècle, un mec, Martin Guerre, s’en va non pas en guerre mais tout court parce qu’il s’est disputé avec son père et que bon là, ça va, quoi, hein, c’est plus tenable je me casse. Tout à trac, plus de Martin, disparu on ne sait où vivre on ne sait quelles aventures. Et puis 8 ans plus tard, après la mort du père, Martin revient pour toucher son héritage. Il y a comme un doute sur son identité, mais 8 ans sont passés et puis on n’a pas de photo pour comparer, alors… Sans compter qu’il a l’air très au fait de la vie du village, le Martin. La femme de Martin, elle, est persuadée qu’elle a retrouvé son lover boy, mais il y a des doutes, et un procès est organisé (on aimait ça, les procès, à l’époque) pour démêler le vrai du faux. L’affaire commence à faire du bruit. Après le procès vient l’appel, à Toulouse. Et en plein milieu du procès voilà… Martin Guerre, le vrai, qui arrive en claudiquant sur sa seule jambe encore valide.

Frédéric Bourdin

Le modus operandi de ce mec, c’était de récupérer des identités d’enfants disparus. A plus de 30 ans, il a ainsi réussi à se faire scolariser en 4ème pendant un long moment. Mais ce n’est qu’une seule de ses multiples prouesses : Bourdin a usurpé plus de 100 identités, souvent de personnes mortes ou disparues, au cours de ses années d’activité entre 1990 et 2005. Plusieurs fois incarcéré aux Etats-Unis et en France, il a fait l’objet d’un documentaire et de plusieurs bouquins, avant de demander l’effacement de son casier judiciaire en 2015.

Jean-Claude Marimontou

En 1958, en Guyane, l’Haïtien Jean-Claude Marimontou récupère le livret de famille de Guy Brival, un Guadeloupéen de passage. Grâce à ça, il réussit à se faire établir des papiers d’identité à son nom. Devenu français par ce tour de passe-passe, il se sert de l’identité de Brival pour ouvrir un compte. Brival, qui habite à rennes, ne se rend compte de rien. Jusqu’à ce qu’il cherche à s’inscrire sur les listes électorales en vue de la présidentielle de 1995 : il réalise alors qu’il est inscrit sur les registres du Cannet, en PACA. Brival porte plainte. Marimontou sera finalement interpellé en 2012, soit 54 ans après avoir piqué l’identité de Brival. Comme quoi on vit très bien en partageant son identité, hein, si ce n’est pour ce détail d’aller voter.

Joseph Newton Chandler III

En 2002, Joseph Newton Chandler III se suicide dans l’Ohio, aux Etats-Unis. On retrouve son corps une semaine plus tard et on cherche à contacter la famille mais… Il est impossible de la retrouver. Bizarre. On se renseigne auprès de ses anciens collègues, et on découvre le profil d’un mec très très très bizarre qui n’a ni ami, ni fréquentations, vit comme un ermite et semble formé en génie électrique. Ah : et il a été hospitalisé en 2000 après avoir essayé d’insérer sa bite dans un aspirateur. Assez rapidement, on se rend compte que Joseph Newton Chandler n’est pas sa vraie identité. Il s’agit du nom d’un enfant mort dans un accident de la route au Texas, en 1945. Le faux Chandler aurait récupéré cette identité en demandant une carte de sécu en 1978. Dès lors, impossible d’identifier le mort. On spécule : un ingénieur coupable de meurtre ? Un ancien criminel nazi ? Pire : le tueur du Zodiaque ?

C’est finalement en 2018 que les bases de données d’ADN ouvertes ont permis d’identifier l’usurpateur : il s’appelait Robert Ivan Nichols. Les enquêteurs pensent qu’il pourrait avoir un lien avec le meurtre inexpliqué d’Amy Mihaljevic, une jeune fille de 10 ans assassinée en 1989.

Alexandre Chargueï

Ingénieur aéronautique, Chargueï a théorisé le modèle de mise en orbite lunaire qui sera ensuite utilisé par la NASA pour ses missions Apollo. Mais il l’a fait sous un autre nom. Officier dans l’armée tsariste lors de la révolution d’octobre, Chargueï risquait en effet de se faire flinguer fissa et, faute de pouvoir fuir, il a pris l’identité de Yuri Vasilievich Kondratyuk, un homme mort de la tuberculose en 1921. C’est sous ce nom qu’il échappera aux purges soviétiques et parviendra à mener à bien ses travaux astronautiques, jusqu’à sa mort au combat en 1942.

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Patrice Griffaton

En 2010, Patrice Griffaton est interpellé par la police. Le motif ? Depuis 1995, il multiplie les délits sous le nom de son frère, Pascal : trafic de drogue, conduite en état d’ivresse, tout le toutim. Et à chaque fois, l’addition est payée par Pascal, qui se retrouve à faire de la préventive à la place de son frère et à se battre pour prouver son innocence. A tel point que le vrai Pascal a fait une tentative de suicide. Heureusement, tout est bien qui finit bien et en famille, surtout.

L'histoire du Faux Dimitri

C’est une excellente histoire. Né en 1582, Grégori Otrepiev vit dans l’Empire russe en temps de troubles. Après la mort d’Ivan le Terrible, la succession est compliquée et le pays au bord de la guerre civile. Mais Otrepiev n’est pas un imbécile : il décide de se faire passer pour le fils du défunt tsar et réclame le trône. Alors que la famine décime le pays, Otrepiev, devenu Dimitri, rallie à lui une bonne partie de l’armée, les Cosaques, ainsi que la plupart des couches sociales qui veulent le rétablissement de l’ordre. Reconnu par sa propre mère, Dimitri II est couronné en 1605 tsar de Russie. Très rapidement, le tsar entreprend de grandes réformes qui mécontentent les élites et conduisent naturellement à son assassinat. C’est alors que la mère du vrai Dimitri révèle la supercherie, expliquant que son fils est mort des années auparavant. Après le premier, deux autres faux Dimitri tenteront d’usurper le trône de Russie.

Crédits photo (Domaine Public) : Szymon Boguszowicz

Otto Witte

Né à Düsseldorf en 1872, Otto Witte a réussi le tour de force d’usurper une identité et de faire croire en sus que ça lui avait servi. En gros, voilà ce que ce petit malin a fait. Illettré, bandit de grand chemin, il s’évade de prison et devient un genre de forain itinérant, parcourant l’Europe et gagnant son pain dans les cirques où il avale les sabres. Avec son pote d’infortune, ils multiplient les petites escroqueries, vendant notamment une fausse Joconde en 1911 à quelque riche acheteur prêt à acquérir le tableau volé peu avant. La suite, c’est Witte qui la raconte et il n’est donc pas certain qu’il faille lui donner foi. En 1912, l’Albanie nouvellement indépendante demande au neveu du sultan ottoman de devenir leur premier roi musulman. Witte lit la nouvelle dans le journal et se rend compte qu’il ressemble vachement au neveu en question. Son sang ne fait qu’un tour : il envoie un télégramme à Tirana annonçant son arrivée, s’achète un costume d’apparat et une fausse moustache et part pour l’Albanie. Sur place, il est accueilli en triomphe : il prononce un discours dans lequel il affirme accepter le trône et déclarer la guerre au Monténégro. le 13 août 1912, il est couronné. Sauf que le vrai prétendant au trône annonce à son tour son arrivée aux Albanais deux jours plus tard. Witte ne s’éternise pas. Il prend ses affaires et se taille en volant une partie du trésor royal. Ensuite, il se vante de l’aventure, même s’il est difficile d’en attester la véracité. Sa carte d’identité portait la mention « roi d’Albanie », de même que sa tombe ; Witte est mort en 1958, non sans s’être plaint de ne pas avoir été invité au mariage de Rainier et Grace Kelly en tant qu’ancienne tête couronnée.

Lori Erica Ruff

Le 24 décembre 2010, Lori Erica Kennedy se suicide. Son mari fouille ses papiers et trouve plusieurs identités usurpées à des personnes mortes dans des accidents. Il découvre aussi que Lori Kennedy a fait changer son nom en 1988. Mariée à Blake Ruff en 1994, elle en avait divorcé récemment. Les lettres retrouvées près du corps sont totalement incohérentes et d’autres notes indiquaient des affaires de police, d’avocat, ainsi que des durées exprimées en mois. 6 ans plus tard, les enquêteurs sont parvenus à identifier la vraie identité de Kennedy : Kimberly McLean. On ignore totalement pourquoi la jeune femme avait ainsi cherché à effacer son passé. A ce jour, le mystère reste entier.

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Moi je garde toujours ma carte d’identité sur moi.