La grossophobie est récemment devenu un sujet de société, on se penche ENFIN sur la question alors que le problème n’avait que trop longtemps duré. C’est pourquoi quand on jette un œil dans le passé (et souvent dans le présent aussi, ce qui est encore pire) on redécouvre parfois certaines scènes éhontément grossophobes et on trouvait ça tous normal. En tout cas, ça ne nous choquait pas. Il ne s’agit pas ici de faire le procès des séries surtout quand elles sont finies depuis de nombreuses années mais plutôt de prendre conscience que la grossophobie est partout et qu’il serait temps que ça s’arrête.

Globalement le personnage de Monica dans Friends

Si Friends est pour plein de raisons la meilleure série comique de tous les temps, quelques années de recul nous permettent de prendre sérieusement conscience de la grossophobie émanant de certaines scènes voire de personnages entier. Ainsi la charmante Monica Geller, ex-grosse est un objet de dérision et les flash-back qui la montrent obèse sont vraiment peu reluisant. Par ailleurs, on explique sans détour que si elle n’avait pas fait beaucoup d’effort (comme passer par un centre d’amaigrissement) elle n’aurait jamais trouvé de petit copain. Normiche, les grosses n’ont pas droit à l’amour. Bref, le traitement du personnage est franchement problématique. Mais bon c’est pas une raison pour interdire Friends, restons stables. Par contre c’est très important d’en prendre conscience.

Quand Ross est dégoûté de danser avec une adolescente en surpoids

On revient encore un petit coup sur Friends, tant qu’on y est, avec cette scène ultra awkward durant le mariage de Monica et Chandler où Ross, cherchant à séduire Mona accepte de danger avec les petites filles qui montent alors chacune sur ses pieds. Tout va bien jusqu’à ce que Gert, une ado en surpoids quémande son tour sous le regard désespéré de Ross. Pas ultra cool.

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"*TUIUIUIUIUIU* Oui allô ? / Oui ce serait pour signaler un lien disparu / Ok on envoie nos équipes d'enquêteurs sur le coup"

Le concept de la série Insatiable, un tout petit peu problématique

Si la série compte à ce jour deux saisons à son actif, le premier trailer n’a pas eu bonne presse à l’époque de sa sortie. Pour la faire courte c’est l’histoire d’une ado en très léger surpoids qui se fait shamer par tous les élèves. Un jour elle se fait agresser et péter la mâchoire. Durant sa rééducation, elle ne peut donc quasiment plus rien manger et se découvre alors une ligne un peu plus acceptable pour la norme lycéenne américaine, YAAAAAAAY. Sauf que Patty, ça ne lui suffit pas d’être mince, elle veut aussi se venger contre tous les gens qui ont été méchants avec elle. En dehors de l’aspect touchy de la série, on a du mal à imaginer comme un synopsis si léger a déjà pu la faire tenir deux saisons.

Une remarque qui passe mal dans La promesse

La promesse est une mini-série française diffusée sur TF1. Pour l’histoire on s’en cogne un peu, c’est une enquête sur une petite fille disparue 20 ans plus tôt. Jusque là tout va bien. Et puis il aura suffi d’une réplique « Le temps l’a pas arrangée, tu l’aurais vue à 15 ans, une bombe » pour enflammer la twittosphère. Alors bien sûr ça ne veut pas dire que la série est grossophobe dans son ensemble mais c’est un petit indice.

Millie dans Les Frères Scott est pas la meuf la plus cool

Millie est la meuf de Micro. Chou. Et pourtant, il lui arrive de le traiter de gros notamment dans l’épisode 3 de la saison 9. Sans compter que Lee Michael Norris a dû endosser ce qu’on appelle un « fat suit » pour avoir l’air plus gros, pratique hautement décriée de nos jours qui s’apparente à un grimage comme une blackface.

Les filles de Gaby dans Desperate Housewives n'ont pas vraiment la belle vie

Alors que Gabrielle répond à 102% aux critères de beauté de l’époque, elle déplore le surpoids de ses deux filles qu’elles incitent fortement à maigrir. Elle fait ainsi courir une de ses filles derrière sa voiture pour s’assurer de sa pratique sportive, alors qu’elle n’a que 4 ans. Bon après, c’est pas comme si le personnage de Gaby avait initialement une quelconque consistance morale mais bon le traitement de ces petites filles donnent quand même envie de pleurer.

Seinfeld, meilleure série du monde mais aussi ultra problématique

En fait je déconnais quand je vous disais que Friends était la meilleure série du monde parce que c’est Seinfled en fait la meilleure série du monde. Née 10 ans avant, Friends lui a pompé un paquet de vannes en y ajoutant une bonne dose de bien-pensance. Mais bon c’est pas la question. Seinfeld, bien que génial, n’a pas lésiné sur les blagues parfois limites (et on adore les limites). En ce qui concerne le fat shaming, on peut noter que le seul personnage gros, Newman, est antipathique et porte tous les stigmates de l’obésité. Quant à Elaine, il se trouve que Julia Louis-Dreyfuss qui l’interprétait était enceinte lors de la 9ème saison, on a donc pensé qu’il serait sympa de profiter du changement de son corps pour faire croire que son personnage devenait obèse. Pas super délicat. Bon au final, l’idée n’est pas restée et une panoplie de vêtements larges ont suffi à cacher ce ventre porteur de vie.

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La souffre douleur de Robin dans How I Met

OK la haine que développe Robin tout au long de la série vis-à-vis de sa collègue Patrice est un running gag, drôle par son excès. On n’est pas débile on a compris. Mais il n’empêche que Patrice est grosse. Comme par hasard. A ceci on ajoute que le personnage de Barney est le spécialiste du body-shaming. Certes c’est la blague du personnage, mais disons que dans l’ensemble on sent bien que les gros n’ont pas trop leur place dans le cœur des scénaristes.

Le personnage de Schmidt dans New Girl, une Monica au masculin

Même si la série New girl se veut assez progressiste dans l’ensemble, elle ne déroge pas aux mauvaises habitudes concernant les blagues grossophobes. En l’occurrence, le personnage de Schmidt est assez proche de celui de Monica, ex-gros il est souvent l’objet de vannes, raconte que personne ne voulait de lui alors, et que sa vie a pris un tournant positif à partir du moment où il a perdu ses kilos en trop.

Pretty Little Liars, même combat

Certes la série est addictive mais elle trimballe aussi son lot de fat-shaming notamment avec le personnage de Hannah qui était en surpoids symbole de l’anti-cool. De cette façon, Ali la manipulait oklm. En gros, le sous texte c’est de dire que pour devenir populaire et cool il ne répondre aux normes physiques, c’est-à-dire ne pas être gros.

La liste est bien plus longue vous vous en doutez et bien sûr ces quelques exemples ne sont pas une raison pour brûler les séries mentionnées. Mais les pointer du doigt permet de remettre en question ce rapport à l’obésité (et notamment les idées reçues sur l’obésité), ou même simplement au surpoids. Il suffit de penser au traitement des personnages gros dans les séries : essayez de trouver un seul personnage en surpoids qui ne soit pas mis en dérision, ou dont le surpoids n’est pas un sujet, ou qui est en surpoids mais on s’en bat les reins… Pas évident !

Source : Slate