Dans la longue liste des débats de société houleux, la sujet de l’euthanasie revient souvent au centre des discussions. Si chacun est libre de penser ce qu’il souhaite sur le sujet, la parole des principaux intéressés, à savoir les personnes en fin de vie ou malades qui vivent dans la souffrance au quotidien, reste la plus intéressante. Si vous n’y connaissez rien, voici les quelques réponses aux questions les plus courantes sur l’euthanasie.

Quelles sont les origines de l'euthanasie ?

Dans la Grèce antique, on compte plusieurs cas où l’on mettait volontairement fin à la vie de quelqu’un. Il faut comprendre que la vision de la mort était très différente pour les Grecs que pour nous aujourd’hui, on favorisait à la sénilité de la vieillesse une mort dans une dernière festivité en buvant de la ciguë (plante toxique).

Concernant les naissances d’enfants difformes ou qui n’étaient pas « en bonne santé mentale », on pratiquait une « euthanasie assistée » qu’on peut voir aujourd’hui comme un meurtre pur et simple, comme les spartiates le faisaient avec les enfants jugés « déficients » ou comme Platon le soutient dans « La République » en disant qu’il faut « accompagner vers la mort » les gens en mauvaise condition physique et mentale pour le bien-être des autres.

Que veut dire "euthanasie" ?

Étymologiquement, « euthanasie » veut dire « bonne mort ». Le terme a été réutilisé après la Grèce antique par Francis Bacon, un philosophe anglais dans l’un de ses textes datant de 1605. Sa racine vient de « eu » qui veut dire « bon / bonne » et de « thanatos » qui était le Dieu grec de la mort. Bacon décrivait dans son texte le droit à un malade d’obtenir une « mort douce et paisible » lorsqu’il n’y avait plus « d’espérance » d’être soigné.

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Quels sont les trois degrés de consentement d'euthanasie ?

On distingue trois « types » d’euthanasie qu’on juge par leur degré de consentement :

– L’euthanasie volontaire : la personne donne son consentement pour être euthanasiée.

– L’euthanasie involontaire : la personne n’était pas consentente mais l’acte est quand même pratiqué, ce qu’on peut comparer à un meurtre.

– L’euthanasie non volontaire : la personne n’est pas en mesure de donner son consentement car elle est dans l’impossibilité de se prononcer (coma). C’est alors un proche (personne de confiance) qui donne la décision avec un collège de médecins.

Le serment d'Hippocrate autorise-t-il l'euthanasie ?

Concrètement non. Le fameux serment que tous les médecins doivent prêter et qui remonte à l’Antiquité n’autorise pas réellement l’euthanasie. C’est un passage en particulier qui répond à cette question délicate en disant : « Je ne prescrirai pas un médicament mortel pour plaire à quelqu’un, ni ne donnerai de conseils susceptibles de causer sa mort. » Ceci étant dit, les pratiques et les moeurs évoluant avec la société on peut remettre en question certains aspects du texte originel de nos jours.

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Euthanasie active et euthanasie passive, quelles différences ?

On parle souvent de ces deux types d’euthanasie qui sont réellement différents dans leur nature, même si de nombreuses personnes et associations ne veulent pas y voir de nuances. L’euthanasie active consiste à littéralement abréger les souffrances d’un être en lui donnant la mort de façon volontaire (acte qu’il faut ensuite classer par degré de consentement). L’euthanasie passive, elle, consiste à cesser de donner un traitement à une personne ou de stopper l’utilisation de machines qui gardent le patient en vie pour attendre concrètement que la mort vienne d’elle même.

L'euthanasie et le suicide assisté, est-ce la même chose ?

De nombreuses personnes font un amalgame entre l’euthanasie et la notion d’aide au suicide ou de « suicide assisté », c’est en réalité la nature même du procédé qui diffère. Concrètement, l’euthanasie va être réalisée par un tiers (médecin) là où le suicide assisté est le fait de donner directement à la personne la capacité et les conditions pour mettre fin à ses jours. Pour vulgariser soit on donne la mort à quelqu’un (euthanasie) soit on lui donne le nécessaire pour qu’il se donne la mort (suicide assisté).

Que dit la loi en France ?

En France, la loi Léonetti stipule qu’on doit accompagner un malade vers une mort digne avec l’aide de soins palliatifs et de sédatifs. On peut suspendre définitivement le traitement s’il apparaît exagéré ou inutile, ce qui se rapproche de l’euthanasie passive mais qu’on appelle « sédation profonde ». D’autre part il faut que la décision soit acceptée par un collège de médecins ainsi que le patient, ou un proche dans le cas où le patient est dans l’incapacité de se prononcer. Ceci étant dit, l’euthanasie reste totalement illégale en France, elle est considérée comme un homicide (active) ou comme une non assistance à personne en danger (passive).

Combien de pays pratiquent l'euthanasie ?

S’il faut bien distinguer l’euthanasie active, passive et le suicide assisté dans la législation des différents pays ainsi que les « conditions » pour que l’euthanasie soit acceptée, on compte près d’une douzaine de pays dans le monde qui l’autorisent à des degrés différents (active : bleu foncé, passive : bleu clair, illégale : rouge). La Belgique, le Portugal, la Suisse, les Pays-Bas, l’Inde, la Colombie, le Luxembourg, le Canada, l’Espagne, le Japon, l’Albanie et cinq états des États-Unis.

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Combien de temps dure l'euthanasie ?

Tout dépend du patient, de la méthode et du type d’euthanasie. En Belgique, où l’euthanasie active est légale, un patient décède en moyenne entre une demie-heure et trois heures, ce qui est relativement court par rapport à la sédation profonde qu’on peut pratiquer en France. Dans ce cas, selon les patients le décès peut survenir entre deux et huit jours après l’arrêt des soins.

"La dignité humaine", le coeur d'un débat houleux

Ce qui est assez étonnant dans le débat sur l’euthanasie est que les personnes qui sont favorables et celles qui sont contre en appellent au même concept de « dignité humaine ». Pour les premiers, elle se caractérise par le fait de pouvoir décider de mourir dignement et volontairement pour arrêter de souffrir et pour les autres elle consiste à mourir naturellement sans recours extérieurs. C’est sans doute la raison pour laquelle ce débat existe depuis aussi longtemps.

Bon, on vous l’accorde, ça n’est pas le sujet le plus festif de la terre, mais c’est un sujet important alors n’hésitez pas à aller jeter un coup d’œil aux sources pour en apprendre encore plus.

Sources : Wikipedia (1, 2, Asian Age, Journal des femmes, Top Santé.