Une maison hantée. Une famille. Des fantômes. Des secrets. Des morts. Des apparitions. Une terreur absolue. Des dialogues ciselés. Une superbe photo. Des acteurs géniaux. Un format parfait. Une impression de complètement une fois la saison achevée. Une bonne fin, d’ailleurs, pas décevante. Et un récit anecdotique dans lequel chacun peut se retrouver. Bref : une excellente série.

C'est la meilleure série d'horreur de l'histoire

Parce qu’on n’est pas dans le gore. Oh non, pas du tout. On est plutôt dans l’épisode Tooms, de X Files. Et ça fait vraiment peur. Le travail sur le maquillage des apparitions, leur rythme, la manière dont la tension est gérée est aux antipodes de ce que l’on voit habituellement dans les films d’horreur. Les jump scare sont régulièrement distillés avec intelligence, et l’atmosphère est plus proche de celle d’un thriller que d’un film d’horreur classique.

Mais c'est loin de n'être qu'une série d'horreur

C’est une série sur les relations familiales, le vécu commun, les rapports entre frères et soeurs et le deuil. L’irruption du fantastique dans cette affaire n’enlève rien à ce socle profond qui fait que la série n’est pas seulement un divertissement bébête, mais une vraie réflexion dans laquelle chacun peut se reconnaître.

C'est hyper bien filmé

La maison est superbement filmée. L’alternance des plans fixes et des travellings très mobiles est mortelle, de la même manière que le jeu sur les différentes profondeurs de champ qui permet de différencier les séquences et les époques. La photo aussi est assez dingue, notamment dans la maison hantée où tous les recoins ont l’air inquiétants, surtout de nuit. Il est rare de voir des scènes de nuit de cette qualité.

Les personnages sont bien écrits et les dialogues précieux

Aucun des personnages n’est caricatural. Ils ont une vraie réalité et des contradictions plus intéressantes que les remous qu’on voit dans toutes les séries. Le casting est vraiment bien choisi, vraiment réaliste et les relations entre frères et soeurs sont super bien brossées. Les dialogues n’empruntent jamais au pathos, notamment dans l’épisode 6.

L'épisode 6 est une prouesse

A la fois une prouesse d’écriture et de réal. Une prouesse d’écriture parce que nous faire vivre en parallèle deux scènes d’orage à 30 ans d’écart tout en créant une immersion, c’est compliqué. Une prouesse d’écriture aussi parce qu’il faut voir les dialogues durant la scène de veillée funèbres et d’engueulade façon Festen plus que Le Prénom. Mais c’est surtout une prouesse de réalisation, avec des faux plans séquences qui s’enchaînent et créent une vraie fluidité en même temps qu’ils renforcent encore l’oppression du récit.

C'est très librement adapté d'un bouquin extraordinaire

Connu sous le titre « Maison hantée » en français, c’est l’un des plus grands romans fantastiques depuis le Frankenstein de Mary Shelley et les nouvelles de Lovecraft, et c’est pas moi qui le dis, c’est Stephen King. Et comme le bouquin ne raconte pas la même histoire que la série, ça vaut plutôt le coup.

Et ça te donnera envie de voir le film tiré du bouquin

Parce qu’en 1963, Robert Wise, plus connu pour West Side Story, a adapté le livre qui est sorti en France sous le nom « La maison du diable ». Et c’est vraiment, mais alors vraiment un chef d’oeuvre. Tous les plans que l’on connait façon Resident Evil avec des angles pas possibles ont été inventés là. Les décors de la maison sont absolument dingues, la photo en noir et blanc magnifique, le découpage particulièrement réussi. C’est vraiment à voir.

C'est un huis clos qui ne lasse pas

Même pour des gens qui, comme moi, adorent Agatha Christie et tout ce qui ressemble à des gens coincés ensemble dans une demeure victorienne, le huis clos peut être un énorme foirage. C’est que, mal mené, il enferme la narration et crée une impression de répétition. Là, non : le principe du récit sur deux époques distinctes, la fluidité du passage d’une époque à l’autre à l’aide d’artifices de montage, la complexité des problèmes qui touchent, en dehors de l’intrigue principale, tous les personnages justifient largement le format de 10×52.

Les acteurs enfants jouent bien

Et ça franchement c’est suffisamment rare pour être souligné. Il y a donc 5 acteurs enfants et chacun a une personnalité affirmée et surtout crédible. Non seulement leurs rôles sont bien écrits, mais ils les interprètent bien, comme s’ils avaient une réflexion d’adulte sur ce qu’ils sont censés incarner. Ca sous-tend un réalisateur vraiment balèze.

C'est mieux que de regarder Marseille

Non mais vraiment, vraiment mieux.

N’éteignez pas la lumière.