Quand on était enfant, on passait nos journées à l’école et à jouer gaiement dans l’herbe mais ça aurait été bien différent si on avait vécu 200 ans plus tôt. Au 19ème siècle, l’exploitation des enfants est la norme ; les enfants travaillaient à l’usine ou dans les mines dès 6 ou 8 ans. Ils travaillaient plus de 12h par jour pour être payés trois à quatre fois moins que les adultes. Dix ans avant la loi Jules Ferry sur l’enseignement laïc obligatoire, des centaines de milliers d’enfants travaillaient encore tous les jours. En 1868, un travailleur sur dix avait moins de 15 ans. C’est quand même moins fatiguant de dormir en cours de maths…
Les petits ramoneurs savoyards
Dès le 17ème siècle et jusqu’au début du 20ème siècle, on employait des enfants pour ramoner les cheminées des villes européennes parce que les adultes étaient trop larges pour s’introduire dans les conduits. La grande majorité de ces enfants venaient de Savoie (une région qui n’était pas française à l’époque) parce que leurs travailleurs étaient réputés pour être robustes et ne pas avoir le vertige.
Comme les familles savoyardes étaient très pauvres, ils louaient leurs enfants dès l’âge de 6 ans pour qu’ils partent travailler à Paris. Les patrons promettaient aux familles que leurs enfants seraient nourris et logés mais il n’en était rien. Les enfants étaient durement exploités (ils travaillaient 12 à 14 heures par jour) et devaient souvent faire la manche pour survivre. Beaucoup de ces petits ramoneurs mourraient très jeunes, à cause d’un accident ou d’une maladie.
Les enfants dans les mines
C’est dans les mines de métaux des Vosges qu’on embauche les premiers enfants mineurs dans les années 1570. Les enfants étaient des employés précieux puisqu’ils étaient les seuls à pouvoir se faufiler dans les galeries les plus étroites. Les garçons poussaient les wagonnets remplis de charbon au risque de se faire écraser et les fillettes remontaient les échelles avec des hottes sur le dos au risque de tomber. Ces enfants travaillaient dès 5 ou 6 ans et pendant plus de 12h par jour. Parfois, on leur demandait même de rester sous terre deux jours d’affilée pour un salaire de misère.
Les enfants dans les manufactures de textile dès l’âge de 4 ans
Les enfants étaient employés dans tous les types de manufactures mais en France, ce sont les usines de textile qui recrutaient le plus. La petite taille et la souplesse des enfants sont très utiles pour nettoyer des métiers à tisser et se faufiler derrière pour rattacher les fils. Dans la région de Tourcoing en 1790, près de la moitié des employés sont des enfants et il arrive que certains se noient dans les fosses où l’on lave la laine. Plus l’entreprise est petite et moins elle est contrôlée, il arrive donc que des fillettes de 4 ou 5 ans soient obligés de coudre de la dentelle plus de 12h par jour.
Les enfants exploités dans les cirques
Au 19ème siècle, alors que l’école est toujours très peu répandue, des enfants sont engagés dans des cirques (parfois contre leur gré) pour échapper à la vie dans la rue. Ces enfants, parfois très jeunes, sont placés là par leurs parents qui récupèrent leur salaire ou sont récupérés par des cirques et théâtres après avoir été abandonnés.
Les enfants dans les usines à la forge, dans les imprimeries et les verreries
Partout dans le monde, les enfants sont considérés comme de la main d’oeuvre pas chère et la France du 19ème siècle ne fait pas exception. Le travail des enfants permet d’embaucher toute la famille en même temps, cela permet aux industriels de créer une rupture avec le travail rural plus traditionnel. En plus, le faible salaire des enfants permet de faire pression à la baisse sur le salaire des adultes. Dans les usines de forge de métaux, les enfants sont embauchés dès 4 ans pour les former le plus tôt possible. Dans les imprimeries d’Ardèche, les patrons demandent aux adultes de venir le plus possible avec leurs enfants.
Les petits chiffonniers parisiens
Au milieu du 19ème siècle, la poubelle n’a pas encore fait son apparition et les déchets s’entassent dans les rues de la capitale. Ce sont les chiffonniers qui s’occupent de récupérer les déchets, de les trier et de revendre ce qu’ils peuvent. Ils sont considérés comme des parias mais sont mieux payés que certains ouvriers et occupent une position centrale. À l’époque, 30 ou 40 000 personnes, hommes, femmes et enfants, se livrent au chiffonnage tous les jours.
Les vendeurs de rue qui dormaient dehors
Sous l’Ancien Régime, l’abandon d’enfants était devenu plus que courant. En 1787, on estime à 40.000 le nombre d’enfants abandonnés sur 26 millions d’habitants. Ces enfants sont souvent confiés à des institutions mais beaucoup vivent tout de même de la mendicité ou de ventes de rues : des fruits, des fleurs ou des objets en tout genre. Certains vendeurs travaillent pour le compte de leurs parents et ne peuvent rentrer le soir que s’ils ont récolté assez d’argent.
Ceux qui travaillaient à la campagne
Depuis l’Antiquité, le travail des enfants est banalisé. Bien avant que les enfants soient engagés dans les usines ou sur les chantiers, les enfants des milieux ruraux travaillaient avec leurs parents dans les fermes, les champs ou les commerces. La labeur était aussi difficile que pour les adultes mais on leur assignait parfois des tâches qui demandaient plus de dextérité ou d’agilité. Certains enfants des campagnes étaient placés comme domestiques en ville chez les familles les plus riches.
Les enfants vendeurs à la criée de la capitale
Jusque dans les années 1950, les vendeurs de journaux étaient le plus souvent des garçonnets qui commençaient à travailler dès l’âge de 6 ans. Les patrons de presse employaient ces enfants pour clamer la une sur les trottoirs et attirer les curieux. Contrairement aux gamins dans les mines, ces enfants étaient plutôt bien traités et ne travaillaient pas toute la journée mais étaient évidemment très mal payés.
Les cireurs de chaussures
Avant 1950, le métier de décrotteur consistait à nettoyer les chaussures des citadins et à les aider à éviter la boue grâce à des planches en bois. Après la construction des pavés et des trottoirs dans Paris, les décrotteurs deviennent cireurs de chaussures et ce sont souvent des vieillards ou des petits garçons qui occupent ces postes. Ils sont très mal payés mais le travail est moins dur qu’ailleurs.
On n’oublie pas que même si c’est désormais interdit et très contrôlé en France, l’exploitation des enfants existe toujours ailleurs dans le monde. Bah ouais, c’est pas fun mais faut bien en parler.
Sources : Paris ZigZag – Le Dauphiné – France Inter – Futura Sciences – Droits Enfants – Gouvernement.fr – Wikipedia : Travail des enfants