Si je vous dis « censure », vous pensez tout de suite aux bips de la télé américaine ou alors à un film interdit aux moins de 16 ans. Mais ça, c’est parce que vous n’êtes pas imaginatifs. Au CSA et au MPAA, ils ont des vrais professionnels, des mecs inventifs et de temps en temps un peu mal réveillés qui décident de censurer des trucs un peu improbables.

Nuit et brouillard – flouter les képis

Pour la faire simple, Nuit et brouillard est un documentaire sur les camps d’extermination nazis. Autant dire, un sujet dans lequel tu n’as pas envie d’apparaître. Ce fut le cas de ce beau pays qu’est la France. Et vu que personne n’aime qu’on lui mette le nez dans le caca, le gouvernement de l’époque a exigé que les képis des gendarmes soient floutés sur les images d’archives. Un tel niveau de non race me donne presque envie de dire bravo.

Eyes wide shut – essayer de cacher des gens tout nus avec des gens moins tout nus

Eyes wide shut, c’est l’histoire d’une plongée un peu glauque dans le monde de l’échangisme. Mais le problème, avec l’échangisme, c’est qu’on peut y voir plein de gens tous nus, qui potentiellement, baisent. Mon dieu, mais que faire pour rendre ce déferlement de luxure acceptable par toute la famille ? Planquer les personnes incriminées derrière des inserts de mecs en pèlerine. Ils baisent toujours, hein, mais on les voit moins. On aurait pu aussi déconseiller ce film aux enfants, mais c’était un peu trop compliqué à mettre en place.

Pulp Fiction – virer la clope de l'affiche

Autant buter des mecs au kilomètre, ça passe, autant Uma Thurman qui fume sur l’affiche, c’est pas possible. Je veux dire, c’est mauvais pour la santé, quoi, contrairement au meurtre et à la consommation de cocaïne vue dans le film qui ferait passer Pablo Escobar pour un jeune de Neuilly.

Une journée en enfer – virer le N word

A un moment dans le film, Bruce Willis a pour défi de marcher dans Harlem avec une pancarte où est marquée en gros « I hate niggers ». La télé américaine, un brin frileuse avec les termes racistes a jugé pertinent de changer l’écriteau par « I hate everyone », beaucoup plus family friendly. Du coup, la scène n’a plus aucun intérêt mais ça ne choque plus les gens.

La vie d'Adèle – censurer un film deux ans après sa sortie en salle

C’est ce qu’a obtenu un groupement d’associations conservatrices, jugeant le film était un peu trop hard pour une exploitation commerciale traditionnelle, ce qui, en effet, peut se discuter. Néanmoins, ces assos ont réussi à obtenir une réétude du visa d’exploitation alors que le film était déjà en DVD. Soit un tout petit peu trop tard, fallait se bouger avant.

Une nuit en enfer – changer le nom du bar

A l’époque de la sortie du film, le comité de censure américaine a considéré qu’un bar qui s’appelle « titty twister » ou « pince téton » ne pouvait pas être un établissement respectable et a préféré le renommer « kitty twister » ou « pince chaton ». Par contre, ils n’ont pas grillé qu’à côté du nom, il y a le dessin d’une femme en train de se faire pincer le bout du sein droit et l’ont laissé tel quel. C’est con les mecs, vous y étiez presque !

South Park – changer le titre du film pour un truc pas franchement mieux

Au commencement, le film devait s’appeler « South Park: Hell breaks loose », c’est à dire, l’enfer se déchaîne. Malheureusement, l’emploi du terme « enfer » dans un titre était inacceptable pour les institutions religieuses américaines. Du coup, le film s’appelle désormais « plus long, plus grand et pas coupé », soit clairement un jeu de mots avec la bite. Mais là, ça passe. Allez comprendre pourquoi.

Plein de films – virer le World Trade Center

Certes, je peux admettre que le 11 septembre 2001 a été un événement traumatisant dans l’histoire des Etats-Unis. Néanmoins, effacer systématiquement ces bâtiments des films sortis peu après a un intérêt qui demeure un mystère pour moi. Mais j’ai une mauvaise nature. Vous pouvez aller voir les films modifiés après le 11 septembre si vous ne me croyez pas.

Crédits photo (Domaine Public) : Jeffmock

Fight Club - la version chinoise étonnement validée par l'auteur

On vous en parlait dans les films changés pour la Chine, parce qu’ils aiment bien voir les oeuvres différemment de nous. En gros a fin a été complètement enlevée et remplacée par un carton parce que c’était probablement trop dark et qu’il fallait mettre la police en avant. L’auteur du livre a par ailleurs déclaré que cette fin était plus proche de celle du bouquin, donc on a pas grand chose à dire.

L'essayeuse – censurer un film plusieurs fois de suite, parce que bon

Seul film porno de la liste, celui-ci demeure un cas d’école dans la catégorie overkill. Ce film a d’abord été interdit aux moins de 18 ans, puis classé X. Mais ça ne s’arrête pas là. Parce que le film a été classé X, puis interdit à la diffusion. Puis le gouvernement a ordonné la destruction des bobines. Après, je suppose que le réalisateur devait être fiché S, mais ils se sont dit que ce serait peut-être too much. Pour des raisons évidentes d’auto-censure je ne vais pas vous mettre la bande annonce en lien mais une photo de salsifis des prés.

Crédits photo (CC BY-SA 3.0) : Ivar Leidus

TF1 qui censure des films comme s'ils étaient les producteurs

Quand on décide de diffuser un film on s’engage à le restituer comme il a été fait, on ne coupe pas des scènes comme un enfoiré parce que c’est trop violent ou je ne sais quoi. Il n’y a que dans les pays sous dictature qu’on fait ça. Après avoir enlevé des scènes dans Django de Tarantino, le dernier scandale en date concerne le dessin animé Miraculous, les aventures de Ladybug et Chat noir où TF1 a décidé de retirer trois minutes d’un épisode qui montrait la mère de l’héroïne se faire contrôler et arrêter par un méchant monsieur de la RATP. Des techniques bien sales, pire que celles de la RATP, c’est dire.

Le cigare du Pingouin dans The Batman

Si vous n’avez toujours pas vu The Batman alors allez lire les raisons d’aller voir The batman PUIS allez le voir. Sachez en tout cas que le réalisateur a essayé au maximum d’avoir le droit de faire fumer le pingouin à l’écran mais que les producteurs ont cassé les couilles, ne lui cédant même pas un cigare éteint. Les salauds ces producteurs.

Et sinon vous pouvez aller voir les films cultes différents en fonction des pays, parce que le top n’est pas encore censuré.

Sources : Le point, Le monde.