L’année 2020 a pas été au top question cinéma, c’est peu de le dire. Et pourtant, malgré un double confinement, un couvre-feu pète couille et des cinémas à bout de souffle, quelques films français ont pu mener leur petit bout de chemin. Alors ni une, ni deux, on vous partage nos films français préférés de l’année et on espère avoir une année un peu plus sympa avec le monde de la culture en 2021…

Ceux qu'on a vus et qu'on a trouvés géniaux

Adolescentes, de Sébastien Lifshitz

On peut dire que c’est une bonne année pour Sébastien Lifshitz. D’abord avec ce film documentaire dont les images retracent l’histoire d’une amitié entre deux ado sur 4 ans. Forcément c’est fascinant, et le film ouvre une fenêtre sur l’intimité de deux jeunes filles et donne quelques réponses possibles à cette question à un million : c’est quoi être ado aujourd’hui ?

A ceci on rajoute son autre documentaire sorti sur Arte « Petite fille », qui a rencontré un succès phénoménal et pour cause, il raconte l’histoire de Sasha, une petite fille née dans un corps de garçon.

Enorme, de Sophie Letourneur

Si la bande-annonce avait de quoi faire frissonner- un mec subtilise la pilule contraceptive de sa meuf pour qu’elle tombe enceinte à son insu-, c’était compter sans le génie de Sophie Letourneur (à qui l’on devait l’excellent film Les coquillettes sorti en 2012) de Jonathan Cohen et de Marina Foïs. En réalité ce film est drôle, loufoque, et étrangement touchant.

Antoinette dans les Cévennes de Caroline Vignal

Bon alors là bien sûr on parle du coup de cœur de l’année : Laure Calamy. Déjà révélée dans la série Dix pour cent, Laure continue son bout de chemin toujours plus drôle et plus fraîche de film en film (Seules les bêtes, Mademoiselle de Joncquières, Nos batailles…) pour enfin se révéler extraordinaire dans le dernier film de Caroline Vignal où elle campe une instit’ partie dans les Cévennes retrouver son amant (lui-même en villégiature avec femme et enfant). L’occasion pour elle de faire un voyage seule avec un âne et donc de s’offrir une petite introspection. Résultat super réussi avec un âne de qualité supérieure.

Play (2020) de Anthony Marciano

Franchement, c’était difficile au tout début de 2020 de voir à quel point l’année allait être pourrie puisque le 1er janvier sortait ce film. Sur le papier, on pouvait se dire « boaaaaaah encore un film de potes nunuche ». FAUX. Si le film a malheureusement bidé au box-office il a toutefois bénéficié d’un succès critique, et pour cause, il est 100 % réussi. Un film de potes en effet, qui traverse les années 90 et 2000 avec son lot d’événements marquants (coupe du monde 1998) et qui nous rend forcément nostalgiques de moments de notre jeunesse qu’on a sensiblement tous vécus.

La Fille au bracelet, de Stéphane Demoustier

Les films de procès, ça pourrait être hyper chiant et souvent c’est hyper passionnant. En l’occurrence, on suit l’histoire de Lisa, accusée d’avoir assassiné sa meilleure amie. En attendant le procès, elle doit donc porter un bracelet électronique. Mutique, le comportement de la jeune fille pose question.

Tout simplement noir, de Jean-Pascal Zadi

La super bonne surprise de cet été. Le film qui tombe à point nommé, en plein mouvement Black Lives Matter, c’était tout naturel qu’il rencontre un tel succès. Jean-Pascal Zidi y tient le rôle principal, JP, un acteur raté qui veut organiser la première marche de contestation noire en France, pour assurer le succès de son mouvement il cherche à s’entourer de personnalités noires connues ce qui donne lieu à un enchaînement de situations pathétiques à s’uriner dessus de rire alors qu’on n’a même pas de problème d’incontinence. Mais la force du film, c’est qu’au-delà ces scènes hilarantes, il porte un réel propos sur le racisme en France qui infuse de manière structurelle.

Les choses qu’on dit, les choses qu’on fait, de Emmanuel Mouret

Voilà une magnifique ode à la simplicité des sentiments qui permet de déceler en chacun de nous la poésie inhérente aux aléas de l’âme humaine, ces petits riens qui font tout, ces petits tout qui font rien… Et sinon Vincent Macaigne et Camelia Jordana sont grave lustrables.

Effacer l'historique, de Benoît Delépine et Gustave Kervern

Ah ça on les attend avec impatience les nouveaux films de ce duo infernal et faut dire qu’on est rarement déçus. De Avida à Saint-Amour en passant par Le Grand soir, Mammuth et Louise-Michel sans oublier le génial I feel good, c’est un quasi sans-faute. Dans ce dernier film qui réunit Blanche Gardin, Denis Podalydès et Corinne Masiero, ils explorent avec un fort désamour les technologies contemporaines qui nous causent plus d’emmerdes qu’autre chose. Un film qui crache sur les smartphones, sur Amazon, sur les système de notations en ligne, les algorithmes, la soif de consommation… bref un film de vieux cons, certainement, mais qui flatte le rebelle anarchiste en nous.

La Cravate, de Mathias Théry et Etienne Chaillou

Autre docu fort réussi de l’année dans lequel on suit un militant RN gravir les échelons (qui doit donc porter une cravate, symbole d’entrée au club). Le parti pris intéressant du docu (et aussi ce qui a fait mousser les critiques à son égard) c’est d’avoir confronté le protagoniste à ses images et donc à ses actions. Par ailleurs on y découvre toutes les techniques de manipulation et d’opportunisme mises en places par le RN (comme la « novlangue » pratiquée afin de ne plus être taxé de racisme). On y découvre surtout que les membres haut placé du RN sont des cadres petits bourgeois qui profitent de la crédulité des plus modestes pour faire passer leur propre message.

Ceux qu'on n'a pas vus mais qui ressortent dans tous les classements des meilleurs films et on chiale un peu de les avoir loupés

Un pays qui se tient sage, de David Dufresne

Un documentaire sur les violences policières. Ouch ça fait un peu mal.

Pas encore vu mais c’est au programme des urgences à faire avant de clore l’année.

Été 85, de François Ozon

Un histoire d’amitié, puis d’amour, puis de mort. Et la musique de la bande-annonce donne fortement envie de se trémousser.

Petit Pays, de Eric Barbier

Une adaptation du roman de Gaël Faye qu’on est trop triste d’avoir loupé cette année. Séance de rattrapage prévue avant 2021, promis.

Felicità, de Bruno Merle

Pour les Pio Marmaï addictos, ça m’a l’air d’être une réussite.

Adieu les cons, d'Albert Dupontel

Dupontel fait partie des réalisateurs clivants, on aime ou on aime pas. Bon sauf pour Bernie que tout le monde a aimé et Au revoir là-haut qui n’a absolument rien à voir avec le reste de sa filmographie. Son dernier film semble pourtant avoir plu unanimement. En attendant, je préfère vous parler plutôt de son interview sur Thinkerview parce ça je l’ai vu et quoi qu’on dise de ses films, c’est vraiment un type aussi nourrissant sur le plan intellectuel que l’est une cuisse de poulet rôti sur le plan alimentaire.

Calamity, une enfance de Martha Jane Cannary, de Rémi Chayé

Un film d’animation sorti tout juste avant le confinement number 2 et qui n’a donc pas encore pu être vu par grand monde et c’est bien dommage parce qu’il avait l’air follement chouette.

Et on ne parle pas des films dont la sortie a été encore malheureusement repoussée et qu’on est trop triste de ne pas découvrir bientôt sur grand écran comme Mandibules de Quentin Dupieux ou Slalom de Charlène Favier.