Hiéroglyphes, momies, dieux cool, pyramides, malédictions. C’est en général à peu près ce qu’on se figure de l’Egypte antique quand on a été au Louvre petit et qu’on a lu les bouquins d’Odile Weulersse en CE2. Cela dit, on n’a pas complètement tort : les hiéroglyphes, check, les momies, check, les dieux cool, grave check, et les malédictions, on peut aussi dire check.

Sinon, vous savez comment les Egyptiens faisaient pour déménager ? Bah ils faisaient tout en camion.

La tombe de Toutankhamon

La malédiction du tombeau de Toutankhamon est sans doute la plus connue des malédictions égyptiennes. C’est une suite sans fin de morts et d’emmerdements. D’abord, il s’agit du canari d’Howard Carter, le responsable des opérations d’excavation de la tombe du pharaon, qui se fait gober par un cobra en novembre 1922, au moment précis où se déroulaient les fouilles. Le cobra étant, cela va de soi, un serpent royal en Egypte antique. Ensuite, cinq mois après l’ouverture de la tombe, le financier de l’expédition, Lord Carnavon, meurt d’une infection du sang liée à une piqûre de moustique sur laquelle il s’était rasée. Or, les analyses menées sur le corps de la momie prouvent que Toutankhamon souffrait, lui aussi, d’une coupure similaire à celle ayant emporté Carnavon.

Trois ans plus tard, Howard Carver offre à un ami un bracelet trouvé dans la tombe. Le bracelet portait la mention : « Maudit soit celui qui bouge mon corps ; il recevra le feu, l’eau et la peste. » L’ami en question voit sa maison détruite par un incendie, puis inondée après sa reconstruction. Quant à la peste, pas d’infos.

La malédiction d'Amon-Râ

L’histoire suivante consiste en des récits agrégés et ne saurait nécessairement être tenue pour vraie. Toujours est-il qu’en 1880, Douglas Murray, un type de bonne famille anglaise, consulte un chiromancien appelé Cheiro, lequel lui annonce qu’un revolver lui explosera dans la main et que le sort s’acharnera sur lui après qu’il aura gagné un sarcophage dans une loterie. On peut sans doute s’interroger sur le caractère sympa ou pas des prédictions du sorcier en question, mais passons. Murray rigole.

Ensuite, Murray, en bon citoyen britannique qui branle rien de ses journées à part faire des mondanités dans des grands hôtels, vogue vers l’Egypte, où il fait l’acquisition d’un sarcophage ayant appartenu à une prêtresse d’Amon-Râ. Murray joue le cercueil vide aux dés avec deux amis et gagne. Il fait envoyer le sarcophage chez lui, en Angleterre.

Quelques jours plus tard, alors qu’il joue avec un flingue sur les bords du Nil, le pistolet lui éclate dans la main et il doit se faire amputer. Les deux amis avec lesquels il avait joué la possession du sarcophage meurent de maladie peu après.

Murray n’est plus très rassuré en présence de sa boîte décorative, et il décide de la refiler à une copine qu’il doit pas tellement aimer que ça. La copine est contente, jusqu’à ce que sa mère meure en tombant dans les escaliers et qu’elle tombe elle-même malade. Elle rend le sarcophage à Murray, sans doute avec un ruban autour. Murray veut se débarrasser du machin. Il fait venir un photographe pour passer une annonce, mais le photographe meurt peu après la séance photos d’une overdose de somnifères. Bon. Murray donne le cercueil au British Museum. D’autres gens meurent. Bon. Le British Museum retire le couvercle du sarcophage de la salle d’exposition pour des raisons de sécurité publique.

Les momies d’Alexandrie

Racontée tour à tour par Jean Bodin et Louis Penicher à un siècle d’intervalle, l’histoire a tout de la légende. Selon celle-ci, un prêtre embarqué à bord d’un bateau en partance du port d’Alexandrie et convoyant à son bord un prince lituanien et deux momies volées aurait été victime d’une persécution par deux fantômes qui le conduisit à sauter par-dessus bord. L’histoire varie au fil du temps, le prêtre étant parfois remplacé par le prince lui-même dans certaines versions, ou le bateau finissant par s’échouer dans d’autres.

La statue d'Osiris

En 1971, Walter Bryan Emery, autre égyptologue anglais au parcours digne d’un bon petit Agatha Christie, travaille à l’excavation du mausolée des vaches sacrées, une découverte de premier ordre dans la région de Saqqarah. Il exhume une statue d’Osiris et décide de l’emporter avec lui pour analyses. On parle d’un archéologue aguerri, bien sous tout rapport, occupant la chaire d’égyptologie à l’université de Londres, hein, pas d’un pékin qui s’est pris pour Indiana Jones.

Et bah deux heures après avoir emporté la statuette, il est pris de convulsions. Et il meurt dans la nuit.

Le miracle de la momie du roi Ahmôsis Ier

Racontée par l’égyptologue Zahi Hawass, souvent critiqué pour tirer la couverture médiatique à lui, l’histoire qui suit mérite d’être prise avec des pincettes. Elle aurait lieu en 2004. Hawass, égyptologue officiel du régime Moubarak, aurait reçu dans son bureau un jeune garçon du nom de Mahmoud Saleh, passionné d’archéologie et incollable sur les découvertes de l’Egypte antique. Le père du gosse aurait alors expliqué à Hawass l’origine de cette passion. Tout jeune, Mahmoud était atteint d’une grave maladie ; un médecin aurait alors conseillé à la famille de le familiariser avec l’art antique. Au musée du Caire, Mahmoud aurait plongé ses yeux dans ceux de la momie du roi Ahmôsis et serait entré dans une transe épileptique très puissante. A son réveil, il était guéri.

La statuette égyptienne de Manchester

En 2013, un fait zarbi agite le bien-être des habitants de Manchester. Il semblerait tout simplement qu’un fantôme se balade au musée de la ville ; la preuve, une statuette d’un notable égyptien qui tourne sur elle-même. C’est le conservateur du musée qui s’en rend compte et s’inquiète. Il remet la statuette en place. Et pourtant, elle tourne. Le lendemain, rebelote. On installe une caméra : on voit la statuette tourner. Les autres statuettes, situées juste à côté, restent relativement dignes.

De là à commencer à parler de malédiction, hein ? On commence à parler de malédiction genre tout de suite. En même temps, on mène des études qui semblent indiquer que la statuette ne tourne que pendant les horaires d’ouverture du musée, ce qui pourrait s’expliquer par les vibrations induites par le mouvement des visiteurs. Enfin les autres statuettes, elles, ne tournent pas.

(Bonus) La malédiction d'Ötzi

OK. L’histoire qui suit ne se passe pas en Egypte, mais elle concerne quand même une momie. A l’automne 1991, un couple découvre un cadavre enfermé dans la glace à la frontière entre l’Autriche et l’Italie. Le cadavre en question est momifié, dispose de flèches et d’outils en cuivre. Les gendarmes laissent tomber et appellent les scientifiques. On pense immédiatement à une momie égyptienne transportée.

Sauf que non. C’est une momie qui date de l’Âge de Bronze, tellement bien conservée qu’on peut savoir ce qu’elle a mangé la veille de sa mort. On l’appelle Ötzi.

Ensuite, ça commence : l’alpiniste qui a découvert le corps meurt à 67 ans lors d’une randonnée. Le guide qui part à sa recherche alors qu’il ne revient pas de sa randonnée meurt d’une crise cardiaque à 45 ans. L’archéologue chargé d’étudier la dépouille d’Ötzi meurt aussi d’une sclérose en plaques. Le chef de la mission scientifique qui s’occupe de la momie meurt dans un accident de voiture en allant donner une conférence. Sur Ötzi, la conférence. Un spécialiste de chimie moléculaire qui travaille sur un bouquin au sujet de la momie est retrouvé mort chez lui d’une maladie qui s’est déclarée la semaine où il a analysé la momie.

Vous suivez ?

7 malédictions, 7 plaies : l’Egypte aura pris cher avec le chiffre 7.