On ne se débarrasse pas facilement de 2000 ans de patriarcat. Forcément, on utilise tous les jours pleins de trucs inventés pour de mauvaises raisons – notamment faire chier les femmes ou les occuper pendant que les hommes font des trucs cool. Des concepts extraordinaires, comme le salaire minimum ou le barbecue, ont été créés dans ce but : sexisme partout, justice nulle part.

Le salaire minimum visait d'abord et avant tout à éviter que les femmes ne se prostituent

En 1912, le Massachussets a été le premier état américain à établir un salaire minimum. Sauf que celui-ci ne concernait que les enfants et les femmes. Normal, parce qu’on les connait les femmes, si vous les payez pas assez, elles seront tentées de faire la pute. En fait, c’était l’argument marketing pour faire accepter la réforme : jouer sur la fibre sociale en présentant le personnage d’une pauvre fille de mauvaise famille qui essaie de s’en tirer en bossant mais se retrouve à devoir se prostituer tout ça parce qu’elle n’est pas assez payée. Ce n’est qu’en 1938 que le salaire minimum a été étendu à tout le pays et à tous les genres.

Les bagnoles automatiques visaient essentiellement les femmes

Dans les années 50, les entreprises américaines de bagnole ont inventé la transmission automatique. Sauf que vous pensez bien que les mecs allaient pas acheter un truc comme ça qui risquait de mettre en péril leur virilité. Du coup, les boîtes se sont retrouvées face à un gros problème : il fallait viser le public féminin, sauf qu’il allait de soi que c’étaient les mecs qui achetaient des bagnoles, pas les filles. Que faire ? Et là, un petit génie a eu une petite idée de génie : si on expliquait aux mecs qu’ils pouvaient désormais offrir une bagnole à leur femme sans risque, rapport au fait qu’elles pourraient enfin conduire correctement, rapport au fait que c’était simple, désormais, et que même une femme, entendez par là une petite cervelle de moineau, était capable d’utiliser une bagnole ? Et voilà comment l’automatique a inondé le marché.

Les montres-bracelets aussi étaient des trucs de meuf

Quand les montres-bracelets sont arrivées sur le marché, elles ont eu un drôle d’accueil : les vrais savaient qu’une montre, ça se portait avec un gousset dans la poche de son gilet, certainement pas au poignet – à moins que vous soyez une gonzesse et que vous n’ayez pas de gilet. Sans compter le côté bracelet, forcément. Bref, chacun voyait midi à sa porte, jusqu’à ce qu’on se rende compte qu’en temps de guerre, par exemple, sortir une montre de sa poche, c’était pas pratique pratique. Du coup, les soldats ont été équipés de montres-bracelets et le truc est devenu un symbole de grosse virilité.

Le barbecue a été markété pour les mecs parce que ses créateurs ont estimé que les femmes étaient trop pingres pour en acheter

Qui tient les cordons de la bourse et veut tout le temps faire des économies ? Les femmes, bien sûr, ou devrais-je dire les chieuses. Et ça, les pubards des années 50 l’avaient bien compris.

Dans l’après deuxième guerre, en pleine reconstruction de l’American Way of Life et alors que les soldats étaient encouragés à faire des trucs avec leur famille, l’industrie agroalimentaire voulait refourguer du barbecue à tout va ; sauf qu’ils estimaient que les femmes ne seraient pas assez connes pour acheter une grille de barbecue alors qu’elles avaient déjà des poêles. Du coup, ils ont ciblé directement les mecs par la pub. Qui fait à bouffer quand il s’agit de barbaque ? Monsieur, évidemment.

Le mini-golf, c'était la version édulcorée du golf pour les femmes

Le tout premier minigolf a vu le jour en 1867 en Ecosse. Et son but très clair était de permettre aux femmes de jouer au golf, parce qu’elles étaient évidemment beaucoup trop fragiles pour jouer au vrai golf. Alors que là, avec des petits clubs et des petites distances, c’était forcément plus simple. Comme ça, pendant que virility man allait jouer au golf, sa femme avait quand même un truc à faire qui la changeait de la broderie et du ménage.

Les sels, un traitement contre l'hystérie

Vous voyez la scène : une femme s’évanouit, et on lui apporte des sels à renifler. Un grand n’importe quoi qui n’existe aujourd’hui que par le cinéma, mais dont l’origine est ultra-sexiste. Elle viendrait de Grèce antique, mais la pratique n’a vraiment eu cours qu’à partir du XVII° siècle. En gros, voilà l’explication : les femmes étaient par nature totalement instables et fragiles, et c’était dû à la mauvaise habitude de leur utérus de se promener partout dans leur corps comme un animal, en fuyant certaines odeurs et en étant attiré par d’autres. Les sels avaient dès lors pour objectif de remettre de l’ordre dans les esprits et l’utérus. Du moins c’est ce que disaient tous les meilleurs apothicaires.

Les poches

A partir du XVII° siècle, les poches ont cessé d’être des parties indépendantes pour faire partie intégrante des vêtements. Du moins pour les hommes, parce que les femmes, elles, pouvaient bien porter des petites poches sous leurs vêtements façon sacs à main cachés dans la culotte. Jusqu’au moment où les robes sont devenues moulantes ; là, ça posait problème, mais on n’allait quand même pas mettre des poches aux vêtements des filles, si ? Non. C’est à ce moment-là que le sac à main est devenu l’accessoire indispensable de toute femme qui se respecte. D’ailleurs, aujourd’hui encore, les poches des filles sont tellement minuscules qu’elles ne peuvent même pas accueillir un Smartphone.

Les vibromasseurs visaient à soigner l'hystérie

Le vibromasseur a été inventé à la fin du XIX° siècle, mais certainement pas pour donner du plaisir aux femmes (c’est sale, le plaisir des femmes, on le sait). Non, le truc, c’était à nouveau cette affaire d’hystérie : vu que les femmes n’étaient pas censé ressentir du désir ou du plaisir, elles étaient juste des dépôts à sperme pour leurs maris et vivaient généralement dans la frustration la plus totale : angoisses, fatigue, insomnies, fantasmes érotiques, tout le toutim. Les médecins ont mis un nom sur tout ça : l’hystérie. Et comment on soignait l’hystérie ? En massant l’utérus. Mais ça faisait chier de masser un utérus comme ça. Du coup, les mecs se sont mis à inventer des machines pour les aider à faire les massages : les vibromasseurs. Avec l’arrivée de l’électricité, on se mit à en fabriquer davantage et les femmes pouvaient en avoir un chez elle – à condition de faire croire que c’était un truc pour se masser le dos. Puis c’est devenu inacceptable socialement quand les premiers films pornos ont commencé à mettre en scène ces vibros.

Pauvres faibles femmes.

Sources : Cracked, Bustle, Psychology Today