Contrairement à ce que cherche à nous montrer Hollywood, c’est pas les gros muscles et les gros canons qui gagnent les guerres. En tout cas, pas que. Au rang des forces qui peuvent changer le destin d’une guerre, on trouve aussi des espions qui mènent bien leur barque, par patriotisme ou par intérêt personnel.

Stetson Kennedy, le mec qui a fait tomber le KKK

Né en 1916 aux USA, Stetson intègre le Ku Klux Klan vers 25 ans en utilisant le nom d’un oncle décédé et membre, avec la ferme intention de montrer au monde que la mission sociale de cette ONG est contestable. Et il s’y rend compte que leur fonds de commerce, c’est pas uniquement d’éprouver la résistance à la chaleur des noirs. C’est surtout des fanatiques avec un énorme pet au casque, qui passent l’essentiel de leurs réunions à chanter autour de feux de camps. Comme en colo, mais avec des chapeaux à pointe. Stetson commence alors à raconter leurs rituels à la radio, l’idée étant de les ridiculiser auprès d’éventuels nouveaux gogoles qui voudraient les rejoindre. Mais il va plus loin, puisqu’en fouillant les poubelles de l’un des gogoles en chef, il se rend compte que, contrairement à ce que le Klan prétend, les noirs ne sont pas les seuls à enfreindre la loi : malgré leur montagne de pognon, le KKK ne paie pratiquement pas d’impôts. Ainsi, en 1944, le FISC récupère $685,000 grâce à lui, ce qui embête un peu la secte des chapeaux pointus. Ses actions ont entraîné la révocation du Ku Klux Klan en 1947 par l’Etat de Géorgie et la condamnation de pas mal de responsables.

Crédits photo (CC BY 3.0) : Sean Kennedy

Elyesa Bazna, l'espion d'opéra

Elyesa était un Géorgien domestique de l’ambassade d’Angleterre en Turquie au service de l’Allemagne pendant la seconde guerre mondiale. En 1942, il devient donc domestique de l’ambassadeur anglais, gagnant sa confiance grâce à ses talents de chanteur d’opéra italien car c’est connu qu’on peut toujours faire confiance aux chanteurs d’opéra italiens. Ça commence à faire beaucoup de nationalités dans cette histoire. Dans la foulée, il va proposer ses services à l’Allemagne, histoire d’arrondir les fins de mois. Il parvient rapidement à faire un double de la clé du coffre-fort de son boss parce que ce dernier l’avait laissée traîner. On est vraiment sur un gros cerveau. A partir de là, il peut photographier tous les documents officiels, et c’est pas pour Instagram. On lui faisait confiance parce qu’on le considérait « trop stupide ». Du coup, on devait aussi faire énormément confiance à l’ambassadeur.

Finalement, un agent anglais infiltré chez les Allemands prévient ses srabs qu’il se font bolosser de l’intérieur. Mais les Anglais continuent leur grand chelem de l’échec puisqu’ils n’arrivent pas à l’attraper, il se barre le 30 avril 1944 et meurt tranquillement en 1970.

Crédits photo (Domaine Public) : Too old, unknown

Wolfgang Lotz, le nazi juif

Israélien au service du Mossad, sa couverture était assez surprenante : celle d’un ancien Nazi. Se déguiser en nazi quand on est juif ? Quelle drôle d’idée. Pourquoi ? Mais enfin on va le reconnaître ! Bref, il débarque dans les années 1960 en Egypte, avec pour objectif de saboter le programme de missiles égyptiens. Il y épouse une allemande alors qu’il a déjà une gow, mais c’est pour le travail. On l’appelle l’espion au champagne parce qu’il s’emmerde vraiment pas et qu’apparemment l’alcool devient casher quand on essaie d’empêcher une guerre au Moyen-Orient. Après avoir bien mené sa barque, les Égyptiens se doutent de quelque chose et lui suggèrent un déménagement tous frais payés dans un bâtiment d’Etat grillagé. Il est finalement libéré en 1965 et rentre à la casa.

Crédits photo (CC BY-SA 3.0) : .

Isabella Marie Boyd, la bg du sud

Ayant plutôt une sensibilité raciste et suprématiste (les goûts et les couleurs…), Isa est du côté des Etats du Sud pendant la Guerre de Sécession. Alors quand des soldats du Nord débarquent chez elle sans frapper, elle s’énerve un peu, sort un gun, et permet à l’un d’entre eux de se libérer pour toujours du poids de ses responsabilités. Les hommes de l’Union l’assignent à résidence et la surveillent H24, mais ne la tuent pas parce qu’ils sont des gentlemen. Ou alors c’est parce qu’elle est archi-bonne, on sait pas. En tous les cas, un paquet d’entre eux tentent des approches. Ils commencent alors à la chiner avec la meilleure des techniques imaginables : en lui révélant des secrets de guerre. Pourquoi j’ai jamais fait ça ? Elle confie évidemment tous ces secrets à son esclave, qui se charge d’aller les livrer au Sud. Elle sera arrêtée à la fin de la guerre, puis relâchée, puis arrêtée, etc… jusqu’à finir sa vie en tant qu’actrice en Angleterre. Propre.

Crédits photo (Domaine Public) : Brady-Handy Photograph Collection (Library of Congress)

Charles de Beaumont, le travesti qui pèse

Né en 1728, Charlie bosse rapidement pour Louis XV, au sein de son cabinet noir, qui était apparemment une réalité à l’époque. Chargé de faire ami-ami avec la Russie au nom de son roi, il devient lectrice pour la Tsarine Elizabeth. Oui, lectrice. Ah oui, il était connu pour se déguiser en femme. Quand la Tsarine s’en rend compte, elle tente de se faire sauter par l’opportunité, mais il préfère les bananes aux abricots, alors elle se vexe et le fait accuser de folie. Il rentre alors en France avant d’aller foutre le bordel en Angleterre 2 ans plus tard, où il vole et falsifie quantité de documents cruciaux. Mais au final, sa relation avec son supérieur se détériore et, plutôt qu’une séparation à l’amiable, il fait preuve d’une grande maturité en révélant des centaines de documents confidentiels français. Du coup, il se fait virer sans indemnité et se travestit en femme jusqu’à la fin de sa vie pour pas qu’on le reconnaisse.

Crédits photo (Domaine Public) : La Jeune Parque

Violette Morris, la plus sportive des espionnes

Née en 1893, Violette mérite vraiment un film : entre 1921 et 1935, elle pratique au niveau professionnel le lancer de poids et de disque, le football, la boxe, le vélo, la moto, la course automobile, et la voltige. Elle est également membre de l’équipe de France de Water Polo, et tout ça en fumant 2 à 3 paquets de clopes par jour. Elle n’avait pas trop le temps de s’emmerder, jusqu’à 1927, un an avant les premiers JO ouverts aux femmes, auxquels elle est disqualifiée pour cause d’atteinte aux bonnes mœurs. Il faut dire qu’elle est bisexuelle et porte des pantalons en public, elle va trop loin aussi. Ça la rend bougon. Alors quand, aux JO 1936, elle est l’invitée d’honneur d’un petit allemand moustachu dont vous avez peut-être entendu parler, elle n’est pas très difficile à retourner. Elle va alors commencer à balancer des plans de la ligne Maginot, recruter des agents français, et elle va même nous faire la totale en rejoignant la Gestapo. La résistance de son corps aux balles est éprouvée en 1944 par des résistants français.

Crédits photo (Domaine Public) : Agence Rol

Mata Hari, strip teaseuse au service de la France

Née en 1876, cette néerlandaise commence très jeune une carrière de danseuse qui lui vaut sa petite renommée. Puis, en 1903, comme son mari a tendance à la confondre avec un sac de frappe quand il est bourré, et qu’il aime beaucoup l’alcool, elle divorce et part à Paname. Comme elle correspond pas mal aux standards de beauté, sa réputation commence à être faite. Surtout que son producteur lui suggère de retirer 2-3 fringues, probablement à cause du réchauffement climatique, ce fléau. Étonnamment, son succès est inversement proportionnel à la quantité de tissu qu’elle porte. Et elle a beaucoup de succès, partout en Europe, pendant près de 10 ans. Avec la guerre qui pointe le bout de son nez, les Français font preuve de leur classe et leur élégance légendaire en utilisant son keum pour la faire chanter. Les allemands s’en rendent compte mais plutôt que de la buter, ils font courir la rumeur que c’est une agent double. Quelques semaines après son retour en France, elle se fait niquer par une des fiertés nationales, dans laquelle les français sont passés maîtres quelques années plus tard : la délation. Après un procès sommaire, elle se fait fusiller en 1917.

Crédits photo (Domaine Public) : Lucien Walery

Dusan Popov, James Bond avant l'heure

Né en 1912, ce Serbe a tout simplement inspiré le personnage de James Bond. A 24 ans, alors qu’il prouve sa clairvoyance en faisant ses études en Allemagne, il se fait arrêter avant de se faire libérer, délivrer, dans la foulée grâce à papounet qui a des relations. Mais cet épisode va faire naître chez lui une forte conscience politique, que l’on pourrait résumer en ces quelques mots « J’M PA LES NAZI ». Les nazis, qui ont le nez creux, le recrutent pour espionner les Anglais. Il accepte, mais en informe direct Londres, et bosse en vérité pour eux. A partir de là, son taff pas trop compliqué consiste à envoyer les infos que les Anglais lui demandent d’envoyer aux spécialistes de l’import-export de juifs, qui lui font pourtant une confiance aveugle. Il prévient aussi les Américains 4 mois en avance que les Japs préparent une attaque sur Pearl Harbour, mais ils choisissent de ne pas le croire parce qu’il passe les trois quarts de sa vie à picoler, jouer au poker, et gérer ses employées. Ah oui, c’était un proxénète aussi.

Crédits photo (Domaine Public) : Unknown[2]

Charles Louis Schulmeister, le cerveau

Cet Autrichien, d’abord contrebandier, est ensuite recruté par Napo, et ils deviennent super potos tous les deux. Tellement que, pendant quelques mois, il va gérer 2-3 villes et armées, ce qui constitue un véritable espoir de reconversion pour tous les criminels de France. Mais on se souvient plus de sa carrière d’espion. En 1805, alors que Napo assiège la ville d’Ulm, Schulmi s’y introduit et fait croire au général autrichien qui défend la ville qu’un coup d’Etat a fait tomber le petit père qui dirige la France, via des faux journaux et autres preuves fabriquées. Du coup, le type ne s’enfuit pas et ne demande pas de renforts, pensant que les Français ne vont pas tarder à se casser. Raté, et il finit par capituler sans vraiment combattre, son empereur a dû être fier de lui. Après quelques petits faits d’armes sans importance comme l’infiltration dans un conseil de guerre autrichien, il raccroche les crampons et meurt tranquillement dans sa maison de campagne en 1853.

Crédits photo (Domaine Public) : Artiste inconnuUnknown artist

Oleg Gordievsky, le russe qui n'avait pas peur du KGB

Né en 1938, ce russe entre au KGB en 1963, mais fait rapidement sa crise d’ado du système, et devient complètement blasé des pratiques de son pays. Les Anglais, pas trop cons, voient l’opportunité et le retournent. Bien vu de la part des british, puisque Oleg devient colonel et est affecté à Londres en 1982. Il fournira tout un tas de fausses infos aux Soviets. A côté de ça, il n’aura pas fait grand-chose, puisque ses plus gros faits d’armes seront d’empêcher un conflit nucléaire en 1983, qui aurait été causé par une bête erreur informatique. Il se fait cramer en 1985, alors il finit sa vie en Angleterre avec la mif.

Crédits photo (Domaine Public) : Mary Anne Fackelman

En 11, j’aurais pu mettre Ezio Auditore.

Sources : Wikipédia, Herodote, American Civil War Story, France Inter.