Parler du racisme, du sexisme, des inégalités sociales dans un film c’est très bien. En parler mal, c’est moins bien. Ces films en sont la parfaite illustration. Parfois ce sont des films horriblement nuls et dont on avait aucun doute sur le fait qu’ils soient à côté de la plaque, parfois ce sont des films pas si mauvais mais qui sont quand même passés à côté de leur sujet. 8/20 au bac du scénario because hors sujet.

La couleur des sentiments

Bien que le film ait essuyé de bonnes critiques, il s’est aussi fait fortement épinglé notamment par les militants du mouvement Black Lives matter. Pourquoi ? Le film raconte l’histoire d’une jeune femme blanche qui joue littéralement le rôle de sauveuse de ces femmes de ménage afro-américaines. Cliché typique du « white savior » dont les films américains sont très friands et qui posent les Noirs en victimes passives, attendant qu’une belle âme blanche les considère enfin comme leur égal. Touchant.

Qu'est-ce qu'on a fait au bon Dieu ?

Quelle bonne idée ça de dénoncer le racisme et les préjugés avec un film qui ne repose justement que sur des clichés ! Des parents bourges et ambiance vieille France prennent cher quand leurs trois filles ont le bon goût de leur ramener un Musulman, un Juif, un Chinois et… un Noir. Mais quelle marrade bordel ! La vraie question c’est plutôt de se demander si ce film a eu à un quelconque instant l’ambition de dénoncer le racisme.

A bras ouverts

Comme par hasard le réalisateur de Qu’est-ce qu’on a fait au bon dieu ? nous a offert un autre chef d’oeuvre qui semble fait du même bois. Un intello de gauche se fait prendre à son propre jeu en déclarant à la télé que les riches devraient accueillir des pauvres chez eux. Il n’en fallait pas plus pour qu’une famille de Roms débarque chez ce parangon de gauche caviar. Evidemment ça se passe pas très bien. Cliché raciste sur cliché raciste. Une horreur sur toute la ligne.

Si j'étais un homme

Aïe aïe aïe. Pourquoi ne se méfie-t-on pas plus des scénarios d’Audrey Dana ? Le pitch est pourtant éloquent. Une femme se réveille avec une teub comme par magie. Tout va pour le mieux jusqu’à ce qu’un de ses collègues tombe amoureux d’elle. Autant dire qu’on galope avec de gros sabots sur un sujet fortement glissant. L’affiche annonçait bien la couleur et le film confirme nos pires craintes.

Amistad

Si le film de Steven Spielberg parle de la rébellion d’un navire d’esclaves inspiré de faits réel, les quelques libertés qu’il a prises avec l’histoire réelle ne font pas honneur au film. On le critique ainsi pour avoir créé des « héros blancs » notamment avec le personnage de John Quincy Adams qui était certes anti-esclavage mais pas non plus à ce point là, le trait a un peu été grossi pour le rendre plus « héroïque ». Et le film passe du même coup à côté de son sujet. Voilà ce qui se passe quand on fait des films qui changent les faits dont ils sont inspirés.

Sous les jupes de filles

Oh bah tiens, un film de qui ? Audrey Dana AGAIN. Sous couvert de féminisme en carton, le film est une purge pour la gente féminine résumée ici par une accumulation de clichés foireux. Vraiment moche.

Agathe Cléry

Dénoncer le racisme en grimant une bourge raciste d’une blackface c’était un pari touchy pour Etienne Chatiliez. On adore Valérie Lemercier hein. On a pigé que tout ça était à prendre au second degré. Mais si le sujet c’était parler du racisme en montrant une histoire où tous les Blancs sont moches et cons et tous les Noirs beaux et parfaits, on peut dire que ça manque un peu de subtilité.

Pocahontas

Ce Disney est globalement un gros mytho bien plus raciste qu’il n’y paraît. D’abord dans la vraie histoire, John Smith a 28 ans quand il rencontre Pocahontas, qui n’a que 11 ans. Même si le Disney met de côté cette info pour faire de Pocahontas une jeune femme de 18 ans et de John Smith un beau gosse au sourire charmeur…

Sans compter que si John Smith joue des mécaniques pour séduire la Powhatan, c’est surtout que lui même est attiré par ses terres. Bref, en fait, l’histoire d’amour entre Pocahontas et John Smith est censée incarner l’histoire des Etats-Unis sauf que du coup, OUPS, ça met de côté toute la petite phase légèrement génocidaire de ce pan de l’histoire.

Epouse-moi mon pote (de Tarek Boudali)

Le film de Tarek Boudali a fait polémique à sa sortie et pour cause. Un étudiant marocain en galère fait un mariage blanc avec son meilleur pote pour régulariser sa situation, hors un inspecteur vient vérifier que les deux lurons sont bien en couple… Et c’est parti pour un festoche de clichés sur l’homosexualité. Le couple renvoie l’image caricaturale de deux gays ultra sexualisés qui ne pensent qu’au cul. Alors forcément, c’est pas ouf.

Intouchables (de Nakache et Toledano)

On a beau aimer la filmo de Nakache et Toledano et reconnaître le succès phénoménal de ce film. Il n’empêche que tous ces bons sentiments livrent en bonne et due forme une vision simpliste, voire erronée de la confrontation des classes. Je cite ici la critique de Jay Weissberg pour Variety qui résume mieux que personne le problème : « Driss est traité comme un singe (avec toutes les connotations racistes qui vont avec ce terme) se donnant en spectacle, apprenant au gars blanc coincé comment se laisser aller, en remplaçant Vivaldi par Boogie Wonderland […] ». Avant d’accuser rôle d’être « un cliché de l’esclave d’antan, qui amuse son maître tout en représentant tous les stéréotypes de classe et de race… […] Intouchables pourrait séduire un public qui ne réfléchit pas trop, le tout dans une atmosphère détestable. » C’est violent mais pas totalement faux.

Avatar : la voie de l'eau

OULALA ne me lancez pas sur ce film où je vais encore dépasser de 12 km/h la limitation de vitesse sur l’autoroute tellement l’énervement va me donner envie de cramer le bitume… J’aime bien James Cameron, mais quand il prétend nous servir une fable écolo-friendly avec une vision de la nature 100% kawaï (et des dialogues humain/baleine qui avoisine le degré zéro de charisme), des gros méchants qui viennent tout cramer et un super gentil (Jack Sully), père de famille protecteur et militaire, symbole d’un patriarcat désuet qui fait de ce film une espèce de soupe tiède pas écolo pour un sou et encore moins féministe. Alors oui, je pense qu’on peut affirmer que malgré la bonne intention de départ certaine de ce bon vieux James, le film est clairement passé à côté de son message. Et tant pis pour les 13,3 millions d’entrées en France.

Kung-fu Zohra

J’aime bien Ramzi Bedia hein, j’adore Sabrina Ouazani hein mais on peut pas dire qu’on a été surpris de la polémique dans la mesure où le film prône l’idée que si tu veux te sortir des violences conjugales, faut que tu apprennes à te battre pour pas te laisser marcher sur les pieds.

Tous les rape and revenge movie

Un sous-genre de film horrifique qu’on peut résumer à peu près à ça : une femme se fait violer dans des conditions abominables (dans certains cas comme The Nightingale, les violeurs butent aussi le mec de la meuf et écrasent son bébé contre un mur, trop chou). Suite à sa survie, elle passera le reste du film à traquer ses bourreaux pour les buter proprement un à un au détour de scènes ultra violentes.

Certes il faut prendre ce genre de film comme un délire nanar. Mais on aurait tort de les prendre pour des films féministes quand, d’une certaine façon il se font plutôt le reflet de la culture du viol. Et dans le genre, Promising Young Woman avait au moins la bonne idée de tordre le coup au format classique de ces films (même si dans le fond il y a aussi à redire sur le scénar qui dépeint un monde où 100 % des hommes sont des violeurs en devenir).

Si vous en voyez d’autres n’hésitez pas à nous le faire savoir par voie postale. En tout cas je sais pas vous mais moi ça me donne envie de se replonger sur les trucs qui n’ont pas l’air raciste mais qui sont raciste.