Il y a un truc étrange avec le fromage, c’est que plus le temps passe, plus tu l’apprécies et plus tu dépenses de l’argent et plus tu te passionnes pour ce sujet gastronomique fondamental. Au début tu saupoudrais tes pâtes de gruyère râpé en sachet glané au supermarché, puis tu as fini pas flâner dans les fromageries en arborant fièrement ta carte de fidélité (parce que les 10 % de réduction, avec ton niveau de consommation, ça devient plutôt intéressant). Etant moi-même touchée par cet amour grandissant pour le fromage de qualité, j’ai voulu me renseigner un peu plus sur l’origine des différents fromages. Certes la grand majorité ont pris le nom des communes dont ils proviennent (Camembert, Gruyère, Cheddar, Abondance, à ce sujet je vous renvoie vers notre top des noms communs issus de noms de ville) mais certains autres ont des origines plus étonnantes. ENQUÊTE.

Le reblochon

Grâce à sa définition tu devrais enfin arrêter de dire « roblochon ». En effet, ce parfait candidat pour une tartiflette réussie, vient du terme savoyard « re blocher » qui signifie « pincer de nouveau » ou « traire une seconde fois ». Jusque là rien de bien foufou, mais ça commence à devenir intéressant : le reblochon est né d’une pratique ancienne de fermiers qui réservaient la première traite de lait au propriétaire et se gardaient la seconde pour leur propre compte. En gros c’était une petite arnaque de fermier pour réduire sa redevance.

Crédits photo (CC BY-SA 4.0) : Pierre-Yves Beaudouin

Le roquefort

Bon pour le coup je triche à moitié parce que le nom du fromage est tout de même intimement lié à la commune de Roquefort-sur-Soulzon. Toutefois, une légende raconte que la création du fromage daterait du XIème siècle et résulterait d’un accident cocasse. Un berger aurait oublié son sandwich au pain et au caillé de brebis dans une grotte, et quand il l’a retrouvé quelques temps plus tard, le morceau tout pourri était devenu du Penicillium roqueforti, d’où le nom « roquefort ».

Crédits photo (CC BY-SA 4.0) : Thesupermat

La mozzarella

Si vous n’êtes pas italophone mais que vous kiffez quand même les bifles de mozzarella, vous n’êtes certainement pas au courant que le mot vient du terme « mozzata » qui signifie « coupée ». La mozzarella se définit en effet par cette étape du cycle de production.

Crédits photo (CC BY-SA 3.0) : Popo le Chien

Le brocciu

Ce fromage de brebis bien connu des Corses (mais peut-être aussi par d’autres gens qui aiment bien les fromages corses mais juste pas en Corse) qui le désignent d’ailleurs comme leur fromage national, vient tout simplement du mot « brousse ». Alors déso je vais vous décevoir ça n’a rien à voir avec la cambrousse, ce mot signifie juste un fromage frais provençal. Bref si le nom a l’air sympa, en fait c’est plutôt juste un nom de merde pas très inventif.

Crédits photo (CC BY-SA 3.0) : Zouzou

Le brillat-savarin

Ce fromage (qui est ni plus ni moins le meilleur du monde mondial, je pourrai tuer père et mère pour un morceau de brillat-savarin aux truffes, même si on me propose juste de payer tout simplement quelques euros, je tuerai quand même père et mère, c’est dire) existe depuis 1890. Il a été créé par la famille Dubuc et a d’abord existé sous le nom « Excelsior ». Il faudra attendre 1930 pour que le fromage soit rebaptisé par le fromager Androuët en hommage au magistrat Monsieur Brillat-Savarin (à qui il devait certainement un petit service).

Crédits photo (CC BY-SA 3.0) : Chkrout

La cancoillotte

Ce coulis onctueux qui suinte le bonheur et l’amour est fait à base de lait de vache fermenté et caillé. C’est donc tout naturellement que son nom est né (à la fin du XIXème siècle) du mot « cailler » qui se dit « coille » en franc-comtois. En gros cancoillotte ça veut dire « lait pourri ». Miam.

Crédits photo (CC BY-SA 4.0) : Arnaud 25

La mimolette

Tout d’abord vous apprendrez que ce fromage traditionnellement produit dans le nord de la France n’est rien d’autre qu’une copie de l’edam qui lui, vient des Pays-Bas. Or au XVIIème siècle, les fromages étrangers étaient interdits à l’importation c’est pourquoi on a du trouver des manières de reproduire les fromages de nos voisins. C’est d’ailleurs pour cette raison que la mimolette a cette couleur orangée qui permet de la différencier du fromage hollandais. Son nom vient du mot « mollet » faisant référence la mollesse de la pâte lorsqu’elle est encore jeune. Plus elle vieillit plus elle devient cassante, donc moins molle, donc mi-molle, donc mimolette.

Crédits photo (Domaine Public) : Jastrow at French Wikipedia

La faisselle

Ce cottage cheese à la française tient son nom tout simplement du nom du moule à fromage dans lequel sa pâte est égouttée. Voilà. C’est tout. Parfois il ne faut pas aller chercher très loin. Sauf quand on cherche des pépites d’or. Parce qu’il n’y en a pas dans nos régions.

Crédits photo (CC BY-SA 3.0) : Véronique PAGNIER

Les fourmes en tous genres

La fourme d’Ambert en est l’exemple le plus connu mais on parle aussi de fourme d’Yssingeaux ou de fourme de Roquefort. Bon en fait, le mot « fourme » veut juste dire « fromage ». Les racines des deux sont en effet communes, du grec « phormos » puis du latin « forma » qui veulent donc dire « forme » puisqu’on donne forme à une pâte qui deviendra alors ce fameux fromage. Par ailleurs le mot « forme » en vieux français désigne le récipient qu’on utilise pour le caillé. Si le mot « fourme » a laissé place au mot « fromage » il persiste dans le nom de certains fromages.

Crédits photo (CC BY-SA 3.0) : Véronique PAGNIER

Le cabécou

Ce mot mignon comme tout vient du Languedoc « cabecóu » qui signifiait tout simplement « chèvre » et qu’on a francisé. Donc en toute logique c’est un fromage de lait de chèvre et au moins du le sauras si tu détestes le chèvre et qu’on essaie de t’en faire bouffer de force.

Crédits photo (CC BY-SA 4.0) : Marianne Casamance

Il ne te reste plus qu’à faire le plain d’accessoires incontournables pour les fans de fromage.