Il y a deux types de fautes de français : les fautes qui arrachent les oreilles (il faut vraiment arrêter les « comme même » et autres « y en a qui croivent ») et les fautes qu’on fait sans même le savoir. Dans tous les cas, les fautes de français sont très mal vues dans la société et on passe pour un enfant de 6 ans à la moindre erreur. Ce qui est rassurant, c’est que les plus grands écrivains faisaient aussi des fautes d’orthographe. Bon, personne n’a jamais entendu Flaubert dire « si j’aurais su » ou « je sais pas c’est qui », mais quand même.

Émile Zola

En annotant les pages de son bouquin un peu longuet sur les mines de charbon et les grèves d’ouvriers, Zola fait deux fautes de grammaire. Il écrit : « C’est la scène où les Grégoire se trouvent en face des ouvrier, de l’émeute. Leurs sensations, la logique qui les conduit. Et ce qu’ils penseront ensuite. C’est une scène capital, dont le contrecoup se trouve à la fin. ». Ça arrive à tout le monde d’oublier un s au pluriel, même à Zola.

Honoré de Balzac

Balzac disait « Il n’y a pas d’orthographe pour le cœur », c’est un peu facile comme justification mais soit. L’auteur était un habitué des fautes en tout genre qu’on pouvait retrouver dans ses romans. Dans Eugénie Grandet, il écrit même « La compatissance et la tendresse d’une jeune fille possèdent une influence vraiment magnétique ». C’est aujourd’hui accepté comme un néologisme mais en 1834, ce mot n’existait pas.

Victor Hugo

On n’a retrouvé que peu de fautes d’orthographe dans les écrits de Victor Hugo. Par contre, l’écrivain utilisait de nombreux pléonasmes et redondances dans ses romans. On peut notamment lire « Ouverture du puits de l’infini sans borne » dans Le Satyre et « La pieuse fille n’avait pu être canonisée sainte » dans Notre-Dame de Paris. Quel boloss ce Victor Hugo.

Charles Baudelaire

Baudelaire détestait plus que tout les fautes de français et était désespéré de voir son nom de famille massacré (de nombreuses personnes l’écrivaient Beaudelaire). Une simple coquille dans un texte était insupportable pour l’auteur, il a donc dû perdre tous ses moyens en lisant la première édition du recueil Les Fleurs du mal. Dans le poème Le Cygne, il écrit « Eau, quand pleuveras-tu ? Quand tonneras-tu, foudre ? ». L’erreur est corrigée dans la réédition du livre quelques années plus tard.

Paul Verlaine

Tout le monde connaît les premiers vers de ce poème de Verlaine : « Il pleure dans mon coeur comme il pleut sur la ville ». Avez-vous déjà remarqué que cette utilisation du verbe pleurer est incorrecte ? Dans la langue française, l’emploi impersonnel du verbe pleurer n’est pas permis. En bref, ça ne veut rien dire mais qu’est-ce que c’est joli.

Jules Verne

Après le coup d’État de 1851, Verne écrit une lettre à ses parents pour leur décrire la situation actuelle à Paris. Rien d’anormal jusqu’à ce que l’on lise la phrase suivante : « Les maisons sont criblées de bal ! ». On a envie de croire à un jeu de mots délibéré, prouvant que Paris est vraiment une fête, mais il s’agit plus probablement d’un simple lapsus.

Albert Camus

Est-ce qu’on vous a déjà repris en vous disant « On ne pallie pas À un manque, on pallie UN manque. Il faut le remplacer par compenser pour ne plus faire l’erreur. » ? C’est une faute qui m’agace quand je la vois mais si même Albert Camus a fait cette erreur, je veux bien être un peu plus laxiste. Dans La Peste, on peut lire : « Dans toutes les armées du monde, on pallie généralement au manque de matériel par des hommes ».

Voltaire

« Mon cher philosofe […], je m’imagine que le termomètre de votre apartement est comme le mien, tout près de l’eau bouillante. ». Cette phrase de Voltaire est aujourd’hui assez connue. Elle est extraite du tome 4 de Correspondance générale.

Stendhal

Hugo n’était pas le seul à aimer les pléonasmes. Dans Le Rouge et le Noir, Stendhal écrit « C’est ce que je demande, s’écria-t-elle, en se levant debout ». Pourquoi ? C’est encore plus improbable que le classique ‘monter en haut’.

Marguerite Duras

En faisant des recherches pour ce top, j’ai découvert une règle de conjugaison dont je ne connaissais pas l’existence. Dans Les Petits chevaux de Tarquinia, Marguerite Duras écrit « Une fois les poissons ramenés dans la barque, il s’en distraya ». Hors, les verbes en -traire (comme distraire, extraire, soustraire, traire) ne se conjuguent pas au passé simple. Il est également impossible de les conjuguer à l’imparfait du subjonctif (c’est bête, je suis sûre que vous en mouriez d’envie).

Sources : Nouvel ObsVanity FairLe Figaro