On parle tout le temps de la montée des eaux, des glaciers qui fondent mais finalement on a un peu de mal à visualiser ce que tout ça pourrait donner. En nous basant sur quelques articles et vidéos qui se sont projetées dans la perspective d’une fonte TOTALE de tous les glaciers, on a essayé de voir ce qui se passerait concrètement.

Attention, ce sont des projections très lointaines car on estime qu’il faudrait pas moins de 5 millénaires pour faire fondre tout le bordel. Donc RASSUREZ-VOUS (non), même si le réchauffement climatique impacte déjà violemment notre vie sur terre, il y a peu de chance qu’on assiste à une fonte totale des glaciers. Comprenez plutôt, il vaut mieux espérer que l’humanité ne soit plus dans le périmètre à ce moment-là.

Avec une fonte totale de la glace continentale, le niveau des mers augmenterait de 65m

WOW génial non ? On pourra faire un plongeon du 5eme étage pour aller au travail ! YAY.

Moui. En fait non. Pas du tout même. Cela fera tout simplement disparaître une grande partie de la surface terrestre. Mais on reviendra dessus plus tard dans ce top (je vous tease).

Il va faire chaud, trèèèèèèès chaud

Petit rappel de base. A l’heure actuelle, la température globale de la planète est de 15°C. C’est une moyenne de toutes les températures relevée sur terre. Quand on parle de limiter le réchauffement climatique à 1,5 degrés d’ici 2100 (selon les Accords de Paris) c’est donc par rapport à cette température globale. Sauf que non seulement on est parti pour pas du tout respecter ces accords, mais on se dirige vers bien pire. Certains experts du GIEC projettent même un réchauffement à +7°C d’ici 2100 ce qui rendrait tout simplement inhabitable une grande partie de la planète.

Mais revenons à nos moutons océaniques. Dans la perspective d’une fonte totale des glaces, la température globale grimperait donc à 26°C. Soit +11°C. Autant vous dire qu’on se rôtirait littéralement la couenne si on était encore dans le périmètre.

Et fun fact : plus les glaciers fondent, plus l'eau monte, plus il fait chaud, plus les glaciers fondent, plus l'eau monte, plus... BON VOUS AVEZ COMPRIS QUOI

Dans les petites histoires choupinettes du réchauffement climatique il y a un personnage que j’adore tout particulièrement : la boucle de rétroaction positive. Retenez-moi cette expression parce qu’on va en parler de plus en plus. En résumé, cela veut dire que le réchauffement climatique entraîne le réchauffement climatique, une sorte de cercle vicieux qui passé un certain stade, crée des effets d’emballement. Et quand il y a emballement, on ne répond plus de rien et les prédictions du GIEC n’ont plus aucune valeur puisque en gros, tout se barre en suce.

Pour piger tout ça faut connaître deux trois trucs :

L’albédo (un mot plutôt cool qui n’a rien à voir avec le fumage de ouinj) : il désigne le pouvoir réfléchissant d’une surface. Or je sais pas si vous avez remarqué mais les banquises et les glaciers sont plutôt du genre blanc et le blanc a un super pouvoir réfléchissant. Donc si les trucs blancs fondent, il y a moins de surface réfléchissante. Les surfaces maritimes étant sombres, elles absorbent les rayons du soleil sans les réfléchir. Donc moins de surface blanche = plus de surface sombre = encore moins de surface blanche = encore plus de surface sombre. Vous pigez le dél ?

Le forçage radiatif (rien à voir avec les forceurs qui tentent un rapprochement corporel) : intimement lié à l’albédo, il désigne la différence entre la puissance radiative qu’on reçoit et celle qu’on émet. S’il est positif, ça chauffe, s’il est négatif, on se les pèle. En temps normal, le forçage radiatif doit être équilibré et la Terre est censée émettre autant d’énergie qu’elle en reçoit. Alors forcément en situation de dérèglement climatique, le forçage radiatif il fait nawak (c’est précisément dans ces termes que s’expriment les experts du GIEC).

Qui dit chaleur, dit maladie

Bah oui les gars vous pensiez quand même pas vous en tirer avec quelques brûlures au troisième degré. Le vrai binz de la fonte des glaces, c’est la libération de vieux virus oubliés. C’est plus précisément lié au dégel du permafrost (pergélisol pour les fans de langue française) : vous savez le permafrost c’est un partie du sol gelé en permanence pendant au moins deux ans (et jusqu’à plusieurs millions d’années) ce qui la rend très dure et imperméable, il couvre 1/5 de la planète, 90 % du Groenland, 80 % de l’Alaska, 50 % du Canada et de la Russie.

Bon et bah avec la fonte des glaces, le permafrost il va en prendre un coup lui aussi. Or cette glace ancestrale a certes l’avantage de contenir les traces de notre passé climatique (la ponction d’une carotte glaciaire permet d’en savoir plus sur la composition de l’atmosphère du passé), mais renferme aussi de nombreux gaz à effet de serre très badass (comme le méthane dont l’effet de serre est bien plus puissant que le CO2) sans oublier les virus passés qui peuvent remonter alors à la surface sans qu’on y soit préparé.

Un lac d'eau salée pourrait pointer le bout de son nez au milieu du désert australien

On y trouve déjà le « Kati Thanda–Lake Eyre ». Du haut de ses 9 300 km² de superficie, il est aujourd’hui le plus grand lac salé d’Australie et d’Océanie, mais… Ressemble à une simple flaque d’eau à côté de celui qui pourrait prendre place et modifier entièrement le paysage, la faune et la flore d’ici à 5000 ans. De toute façon on vous l’avait dit que l’Australie était une porte de l’enfer. Un pays qui n’a fait que s’autodétruire depuis sa colonisation.

Crédits photo (Domaine Public) : Goddard Space Flight Center’s Landsat Team and the Australian ground receiving station teams.

Adieu les Pays-bas, Marseille, Londres, Venise, New-York, le Danemark, la Bretagne, le Sénégal, la Gambie, Shanghai, le Mexique, la Floride, le Bangladesh... (entre autres)

Ce simulateur vous permet de voir à quel point seront impactés les littoraux selon le niveau de montée des eaux. Avec 60m donc adios toutes ces belles villes, adios tous ces jolis pays. Ah oui et j’oubliais de dire qu’il faudrait faire aussi notre deuil de toute la façade atlantique. En gros, il restera plus que Limoges et Charleroi pour partir en vacances. Bah oui mais c’est comme ça.

Une augmentation moyenne de 12°C sur le continent africain le rendra quasiment inhabitable

Ce continent est une des premières victimes du réchauffement climatique alors que ses habitants en sont les moins responsables (petite cocasserie loufoque, vous ne trouvez pas ?). Il faut donc bien comprendre qu’on parle d’un continent entier de réfugiés climatiques qui sont d’ores et déjà confrontés à des chaleurs insoutenables donc inutile de vous dire que toutes les personnes exposées ne vont pas attendre 5000 ans pour se casser fissa.

La mesure du temps pourrait être affectée et provoquer une énorme panne

On l’oublie trop souvent, mais l’heure inscrite sur nos téléphones n’est pas issue du même calcul que celui qui sert pour nos montres : si ces dernières se calent sur la rotation de la terre (une journée = 24h/1h = 60 minutes/1 minute = 60 secondes), l’heure mondiale se calcule, elle, sur l’horloge atomique, calculée à partir des pulsations d’un atome radioactif de Césium qui font précisément une parfaite seconde. Comme la rotation de la Terre s’accélère parfois et que cela crée un décalage entre les deux horaires, il arrive qu’il faille ajouter une seconde à l’horloge atomique pour que les deux mesures continuent d’être calées.

Mais à cause du réchauffement climatique, l’humanité va sûrement devoir, pour la toute première fois, retirer une seconde à l’horloge atomique. En effet, à cause de la fonte des glaces, de l’eau fondue se déplaçant des pôles vers l’équateur crée actuellement un ralentissement de l’accélération de la Terre (pfiou, faut suivre). Résultat, il faudra sûrement retirer une fameuse seconde à l’horloge atomique en 2029, ce qui risque d’entraîner des pannes sur les réseaux informatiques mondiaux, dans les télécommunications, la distribution d’énergie, la géolocalisation, ou même dans la finance puisque la bourse est également calée sur cette horloge atomique. Vla la pression sur les frêles épaules de celui ou celle qui va nous changer tout ça.

Le clone héritier de Bernard Arnault continuera de se déplacer en Jet privé

Et franchement c’est pour ce genre d’espoir que je me bats pour vivre putain.

On rigole, on rigole (bof) mais la fonte des glaciers ces 20 dernières années serait 10 fois plus rapide que ce qu’on pouvait imaginer avant la révolution industrielle, donc croisez les doigts, si ça se trouve on aura le temps d’assister à l’apocalypse main dans la main.

Futura Science, CNRS, Brut, Bon Pote