Les conjurations sont des actions secrètes contre une personne ou un État effectuées par un groupe (les conjurés) s’étant jurés fidélité. Par exemple, Manuel Valls ne peut pas participer à une conjuration car il ne maîtrise pas le concept de fidélité. Les conjurations connues dans l’histoire échouent souvent car, lorsqu’elles réussissent, elles deviennent des coups d’état, des assassinats ou des red wedding. On est donc sur une compilation des gros losers de l’histoire qui ont cherché à renverser ceux qui les dirigeaient et se sont retrouvés, comme des cacas, morts dans un ravin près de Châteauroux. Et personne n’a envie de mourir comme ça.

La conjuration de Brutus, le tarba

Considéré à la fois fils de César, parce que c’est le fils de César, et traître de César parce que c’est celui qui lui mit le dernier coup de couteau, Brutus a un statut un peu particulier. Traître envers son père, il est aussi celui qui incarne la sauvegarde de la République romaine face au dictateur César. Ce dernier mourra transpercé de 23 coups de couteaux en mars 44 av. J.-C., lançant un célèbre “toi aussi mon fils !” alors qu’il se fait poignarder. Résultat, la cause de la République perd quand même contre le Triumvirat de Marc-Antoine, Lépide et Octave, débouchant sur l’instauration de l’Empire romain.

La conjuration de Catilina

Catilina est un frustré de la vie. Perdant aux élections consulaires de 64 av. J.-C. contre Cicéron et habité d’un seum qu’on qualifiera de “belge”, il organise une conjuration pour supprimer une partie de la noblesse italienne et prendre le pouvoir à Cicéron. Malheureusement, Fulvia, maîtresse d’un des conjurés, prévient l’ensemble des cibles de la conjuration contre le danger qui les guette. Cet épisode servira l’ambition de Cicéron, qui, s’appuyant sur des qualités oratoires uniques, dénoncera la conjuration dans quatre discours passés à la postérité sous le nom de Catilinaires. Catilina mourra lui deux ans plus tard alors qu’il se battait contre les troupes républicaines de Cicéron. On est sur un échec assez franc.

La conjuration de Pison

Toujours en Italie en 65 après J.-C., Néron fait face à des difficultés suite au grand incendie de Rome l’année précédente. On l’aurait entendu dire à cette occasion “Burn, motherfucker burn !”. Une partie de la noblesse romaine, dont l’influent sénateur Pison, s’allie pour faire assassiner Néron au Cirque Maxime. Malheureusement, un des conjurés est dénoncé par son affranchi. Il est torturé est balance tout le monde. La répression de Néron qui impose le suicide à tous les conjurés ressemblera à un rite raélien. Parmi les condamnés, on retrouve le célèbre philosophe Sénèque. Grosse ambiance.

La conjuration de Pazzi

Changement d’époque mais pas de pays. La conjuration de Pazzi oppose, en 1478, les Pazzi aux puissants Médicis et prend place à Florence. Elle vise Julien et Laurent Médicis. Les Pazzi se sont distingués aux croisades, ils font partie de l’élite florentine un peu vieux jeu. On les associera à la famille Bettencourt. Les Médicis, eux, sont la puissance montante de Florence. Un peu bling bling, habillés en leggings léopards et crocs à fourrure, on les associera aux Kardashian.

Les Pazzi/Bettencourt, voulant s’opposer à cette ascension inévitable, ourdissent un complot d’assassinat contre Julien et Laurent, les deux dirigeants de la maison Médicis/Kardashian. À l’église, le 26 avril 1478, alors que Julien et Laurent agenouillés, prient, Francesco de Bettencourt/Pazzi et ses acolytes les poignardent. Julien succombe, Laurent en réchappe. Les Pazzis seront pourchassés et exécutés et Laurent, qui deviendra “le Magnifique”, assoit sur Florence la domination des Médicis/Kardashian. Une lutte pour les followers.

La conjuration d’Amboise

En 1560, en France, la lutte entre les forces protestantes et catholiques fait rage. Un schisme politique s’est ouvert suite à la mort du roi Henri II (mort d’un éclat de lance dans l’oeil comme un boloss). Le jeune François II, amené à régner à sa majorité, est l’objet d’une véritable guerre d’influence. François de Guise et le cardinal Charles de Lorraine, chefs du parti catholique, assurent la régence. S’appuyant sur l’édit d’Echouen qui, pour faire court, associe les protestants à de la fiente de nazis (ouais c’est anachronique, et alors, vous allez faire quoi ? Seul Dieu peut me juger), les Guise répriment durement le protestantisme. Face à eux, deux princes de sang, Antoine de Bourbon et Louis de Condé sont acquis à la cause protestante. Mais aucun d’eux ne veut rentrer en conflit ouvert contre la couronne. Jean du Barry, las de cette approche pacifique et dont le beau-frère a été exécuté par les Guise, prend la tête de la conjuration d’Amboise, censée soustraire le futur roi de France aux catholiques. Mais comme d’habitude dans les conjurations, les Guise sont prévenus, repoussent l’attaque des troupes protestantes le 17 mars 1560 et tuent tout le monde. Pour s’assurer de sa mort, les Guise couperont le corps de Jean du Barry en cinq morceaux, au cas où il reviendrait en protestant…

La conspiration des Malcontents

Après le massacre de la saint-Barthélémy en 1572, une partie des membres de la cour veut une politique modérée face à la répression contre les protestants, ce sont les Malcontents. À leur tête, le duc de Montmorency et le frère du roi, François d’Alençon, planifient l’extraction de deux princes héritiers de la cour, Henri de Navarre (futur Henri IV) et le prince de Condé, afin de les écarter de la succession au trône de France. Par deux fois, ils essaient de capturer les deux princes héritiers mais échouent. Les deux bras armés de l’opération La Môle et Coconas sont exécutés, Montmorency est embastillé et Henri de Navarre et François d’Alençon sont blanchis.

La Conspiration des Poudres

Les poudres ne sont pas celles que Keith Richards a aspirées toute sa vie mais une conspiration de catholiques anglais contre Jacques Ier d’Angleterre. Ce dernier joue l’apaisement alors que l’Angleterre est en proie à une lutte entre catholiques et protestants. La conspiration est censée faire exploser la chambre des lords pendant que Jacques y ferait un discours mais, dans la nuit du 4 novembre 1605, alors que Guy Fawkes monte la garde devant 36 barils de poudre, la police, avertie par lettre anonyme, vient perquisitionner. Malgré les “c’est pas les miens, c’est pas les miens !”, Fawkes se fait embarquer et les autres conjurés prennent la fuite. Le 8 novembre, les conjurés en fuite sont rattrapés par la police et tués. Fawkes meurt en tentant de fuir sa potence le 31 janvier 1606. Le personnage de Fawkes passera à la postérité. C’est notamment son visage qui inspire le masque que portent les Anonymous.

L’assassinat de Lincoln

Après tous les échecs des conjurations précédentes, l’assassinat d’Abraham Lincoln est une semi réussite. En 1865, alors qu’il vient, le 9 avril, de remporter la guerre de Sécession contre le Sud, Abraham Lincoln passe la soirée du 15 au théâtre. Soudain John Wilkes Booth lui tire dessus à bout portant, le tuant sur coup. Mais Booth fait partie d’une conjuration de sudistes, qui, dans un baroud d’honneur, devait désorganiser le camp du nord en tuant plusieurs de leurs représentants. Mais ce que Booth ne sait pas, c’est que ses conjurés sont des pleutres et qu’un seul autre passera réellement à l’acte, et se loupera. Bilan des courses, Booth se fait traquer et tuer et le nord a toujours gagné.

L’affaire Ben Barka

On pourrait mettre dans ce classement la disparition de Mehdi Ben Barka, le 29 octobre 1965, qui ressemble à une conjuration internationale digne de James Bond mais avec une petite saveur de caca estampillée Françafrique. Ben Barka dénonce l’autorité de Hassan II comme agent du néocolonialisme au Maroc. Associé à un film sur la décolonisation, il vient à Paris pour des séances de travail. Le 29 octobre, Ben Barka a rendez-vous avec Philippe Bernier, journaliste et Georges Figon, éditeur anciennement truand à la brasserie Lipp. Alors qu’il attend l’arrivée de ses deux collaborateurs, Ben Barka est interpellé par deux policiers et disparaîtra. L’enquête complexe montrera une implication des services de renseignements français dans cette affaire aux contours encore assez vagues aujourd’hui. Ce qui est sûr, c’est que la France sort vraiment grandie de cette histoire.

La Conjuration des imbéciles

Ce roman génial n’est pas une véritable conjuration, évidemment, mais l’histoire de sa publication rend son contenu encore plus intrigant. Il se fonde sur une citation de Jonathan Swift : “Quand un vrai génie apparaît en ce bas monde, on peut le reconnaître à ce signe que les imbéciles sont tous ligués contre lui.”. L’histoire de son auteur, John Kennedy Toole, est une mise en abîme de son contenu. Il tentera inlassablement de le faire publier jusqu’à son suicide en 1969, pensant que c’est un auteur raté. Sa mère persévérera dans cette entreprise, trouvant en 1980 une maison d’édition qui veuille bien publier le roman. Immédiatement, le livre est un véritable succès. Il remporte le prix Pulitzer en 1981 (la plus haute distinction littéraire américaine) et est vendu à 1,5 millions d’exemplaires. Beau pied de nez à ses contemporains qui ne voulaient pas l’éditer !

Je vous en conjure, dites-nous celles qui manquent !