On connaît tous Anne Franck. C’est obligatoire. Impératif. Primordial. Indispensable. Mais il y a peut-être des détails de sa vie que vous ignorez encore. Même si vous avez lu et relu son journal. Des éléments sur sa vie, ses rêves, ou encore, la manière dont ses écrits sont arrivés jusqu’à nous. Voilà pourquoi on vous propose d’en apprendre un peu plus sur cette jeune-femme, qui a marqué et marquera bien des générations.

Anne ne s'appelait pas Anne

Annelis Marie Franck : c’est son vrai nom. Quand elle écrit son histoire, elle décide de remplacer les dénominations des protagonistes. C’est après son décès, que son père décide de conserver ces pseudos, mais de leur laisser, quand même, leur vrai nom de famille. Initialement, Annelis Marie Franck écrivait sous les noms de Anne Aulis ou de Anne Robin.

Crédits photo (Domaine Public) : Photographe inconnu; Collectie Anne Frank Stichting Amsterdam

Anne a écrit pour être publiée

A la base, non. Quand Anne reçoit ce carnet à carreaux rouges et blancs, le jour de son treizième anniversaire (1942), elle décide d’en faire un journal intime. C’est en 1944 qu’elle change d’avis, grâce à quelques mots prononcés à la radio par le ministre néerlandais, Gerrit Bolkestein : « L’histoire ne peut être écrite uniquement sur la base de décisions et de documents officiels. Si nos descendants doivent comprendre pleinement ce que nous avons dû endurer et surmonter en tant que nation au cours de ces années, alors ce dont nous avons vraiment besoin, ce sont des documents ordinaires »

Anne réécrit alors le contenu de son journal, sur des feuilles volantes, en ajoutant notamment ces fameux pseudos. Un travail qu’elle n’a pas eu le temps d’achever : déportée le 4 août 1944, la dernière entrée de son journal réécrit date, elle, du 29 mars.

Anne avait des amis imaginaires

Kitty : c’est son amie la plus connue. C’est même le nom qu’elle aurait donné à son journal. D’ailleurs, dans la plupart des éditions publiées, Anne commence toujours par « Dear Kitty ». C’est Faux. En réalité, elle s’adressait aussi à « Pop », « Phien », « Emmy », « Marianne », « Jetty », « Loutje », « Conny » ou encore « Jackie ». D’après les historiens, ces noms pourraient être tirés d’une série de livres néerlandais, mettant en vedette l’héroïne « Joop ter Heul ».

Anne était une jeune fille assumée

Dans son carnet, elle écrit sur la masturbation, les règles et parle de son vagin. Dommage que son père ait fait retiré tous ces passages à la publication. Il faut dire qu’à l’époque, on était pas encore très open sur le sujet… Mais ça aurait peut-être brisé bien des tabous dès le collège. Heureusement, les dizaines de passages dans lesquels elle aborde la sexualité, eux, n’ont pas été censurés.

C'est son père qui a publié son journal

Anne est déportée le 4 août 1944. Quelques jours après, Miep Gies, la femme qui a aidé la famille Franck à se cacher, trouve son journal. Elle le conserve précieusement, et le remet à Otto, père d’Anne et seul survivant de la famille, à son retour à Amsterdam. Il décide de le publier. Il réalise alors le rêve de sa fille : devenir écrivaine. Aujourd’hui, son journal est l’un des livres les plus célèbres du monde. Connu de tous. Et même étudié dans les écoles.

Crédits photo (Creative Commons) : Jack de Nijs pour Anefo

Anne est connue dans le monde entier

Publié pour la première fois en 1947, « Le journal d’Anne Frank » a été traduit en plus de 70 langues. Vendu à plus de 30 millions d’exemplaires. Adapté en film et en pièce de théâtre. En 2009, il entre même au registre international des « mémoires du monde ». Partout sur la planète, des établissements scolaires et des rues portent aujourd’hui le nom d' »Anne Frank ».

Un de ses carnets a disparu

Anne n’a pas fait tenir deux ans de vie dans un seul petit carnet. Si celui à carreaux rouges et blancs est le plus célèbre, il en existe en réalité quatre. Or, seuls trois ont été retrouvés. Pas de panique : l’année 1943 n’est pas restée secrète pour autant : les réécritures sur feuilles volantes, elles, ont été retrouvées. Elles ont permis de compléter les notes du carnet.

L'Annexe

C’est le lieu où se sont cachés la famille Frank ainsi que quatre autres personnes de confession juive. Il s’agissait d’une partie inutilisée des locaux de l’entreprise de son père. Organisée sur 3 étages et un grenier, la porte d’entrée était, elle, camouflée par une bibliothèque coulissante. L’annexe est aujourd’hui exposée au musée « La maison d’Anne Frank », à Amsterdam.

Crédits photo (CC BY-SA 3.0) : Alexisrael

Anne est intervenue dans une guerre de gang

Par ses écrits, Anne a témoigné, et a posé des mots sur les maux de milliers de personnes. Mais ce n’est pas tout : dans les années 1990, Erin Gruwell, toute jeune professeure américaine, arrive dans un établissement scolaire divisé par les guerres de gang, où règne la violence et le racisme. Elle décide alors d’utiliser le « journal d’Anne Frank » comme première arme pour enseigner la paix et la tolérance, mettant ainsi de côté le programme initial.

A l’image d’Anne, elle demande à ses étudiants de tenir un journal, et de le partager, s’ils le veulent, avec la classe. Les élèves s’identifient facilement à l’écrivaine : comme elle, ils sont jeunes, confrontés à des scènes de morts régulières, au poids des secrets, à la peur, et menacés à cause de leurs origines. Finalement, cette expérience change leur vie. Les « Freedom Writers » sont devenus connus dans toute l’Amérique, et ont reçu de nombreux prix. Si vous ne l’avez pas encore vu, je vous conseille le film Ecrire pour Exister, qui vous racontera cette histoire mieux que moi.

Anne meurt quelques jours avant la libération de son camp

Anne décède entre février et mars 1945, du typhus. Le camp de Bergen-Belsen, dans lequel elle est détenue, est libéré le 15 avril de cette même année.

Anne et les membres de sa famille ont lâchement été dénoncés aux SS. On ne sait pas encore par qui, mais de nombreuses personnes essaient de le découvrir. Une nouvelle enquête, consignée dans le livre Qui a trahi Anne Franck ? de Rosemary Sullivan, porte son attention sur un notaire juif. On a tout de suite envie de le détester, mais il faut contextualiser : il aurait agi sous chantages, pour sauver sa propre famille. Dans tous les cas, rien n’est sûr pour le moment : il manque encore de nombreuses pièces au puzzle pour pouvoir affirmer la réelle culpabilité de cet homme.