Si je vous dis « couple d’espions », vous me répondez… Mr & Mrs Smith ! Alors ok, oui, vous avez raison. En plus d’être de putains de beaux gosses, ils sont doués, rusés et super stylés. OK ! Seulement… Bah… Ils n’existent pas, quoi ! C’est du fictif. Oui, je sais, ça fout les boules, mais c’est comme ça. Pour vous consoler un peu, je vous propose de découvrir des couples d’espions qui, eux, ont VRAIMENT existé. Je vous préviens, si je peux vous en parler, c’est qu’ils ont été démasqués, et donc… Bah… Que ça c’est pas forcément super bien fini pour eux, quoi.

Jonathan et Diana Toebbe

Bon, déjà, l’image est assez troublante. Je suis la seule à trouver qu’on dirait la même personne sur les deux photos ??? Y’a quelques différences, mais les traits sont quand même vachement ressemblants, non ? Chelouuuu.

Cette constatation faite, nous pouvons commencer. Ce couple n’a pourtant rien d’inquiétant à première vue : ils vivent dans une maison un peu triste de la banlieue d’Annapolis, et sont parents de deux jeunes ados. Jusque-là, rien de transcendant, right ? En avril 2020, le FBI est informé qu’un individu cherche à communiquer des documents secrets de la marine américaine à une puissance étrangère (elle est gardée secrète.) Cet individu, vous l’aurez compris : c’est Jonathan, alors ingénieur nucléaire de… l’US Navy. Tiens, tiens, tiens… Quelques mois plus tard, il entre en correspondance avec un infiltré du bureau fédéral, se faisant passer pour un agent de la nation étrangère en question. Par messagerie cryptée, l’ingénieur propose de vendre les « paramètres et caractéristiques de performance des réacteurs de navires de guerre à propulsion nucléaire« . En échange d’une carte SD, dissimulée dans un sandwich au beurre de cacahuète, le FBI verse 100 000$ en crypto monnaie au couple, pour gagner leur confiance et asseoir leur couverture. Au moment de déposer le colis, l’homme est arrêté. Accusé d' »espionnage et de complot en vue de communiquer des données à diffusion restreinte » (sympa, court et concis comme motif d’inculpation, non ?), il risque entre 12 et 18 ans de prison. Il a plaidé coupable le 14 février 2022. Sa femme, elle, sera jugée pour complicité. Tel est pris qui croyait prendre.

Ethel et Julius Rosenberg

Surement LE couple d’espion le plus connu. Ethel et Julius forment un couple de new-yorkais communistes, au moment de la Seconde guerre mondiale. Même si l’image d’un couple d’agents, arborant le style tellement classe des années 40 fait rêver, la réalité est beaucoup moins sympa… Trahis par le frère d’Ethel, accusés d’avoir livré des secrets sur la bombe atomique au vice-consul soviétique de New York, ils ont été condamnés à mort et ont fini leur vie sur la chaise électrique, le 19 juin 1953, laissant derrière eux deux orphelins de 6 et 10 ans. HORRIBLE. L’affaire secoue le monde, les accusés clament leur innocence jusqu’à la fin, les communistes, les libéraux de droite comme de gauche les soutiennent, des personnalités comme Mauriac ou le pape Pie XII prennent leur défense. Finalement, lorsque les archives américaines et soviétiques sont ouvertes dans les années 1990, leur culpabilité est prouvée. Ils communiquaient avec les Soviétiques dès 1942, sous les noms code de « Liberal » et « Antenne », mais ça n’excuse en rien le fait qu’ils aient été condamnés à mort.

Crédits photo (Domaine Public) : Roger Higgins, photographer from "New York World-Telegram and the Sun"

Cynthia et Richard Murphy (Vladimir et Lydia Gurvey)

Vladimir et Lydia Gurvey forment un couple marié, qui s’installe aux USA en 1990 et adopte les noms de « Richard et Cynthia Murphy ». Ils ont tous les deux des diplômes universitaires et un travail. Ils vivent dans une petite maison moderne, couleur « pêche », dans le New Jersey avec leurs deux filles : Kate et Lisa. Une petite vie normale de Mr et Mme Tout le monde, en somme ! Seule différence : Richard et Cynthia sont des espions russes, qui travaillent dans la plus grande illégalité (c’est à dire, sans couverture officielle, ni à l’ambassade ni dans aucune institution). Leur mission : devenir suffisamment ‘américanisés’ pour pouvoir recueillir des informations sur les Etats-Unis » et « infiltrer les cercles politiques ». Ils sont démasqués en 2010. Le dimanche 27 juin, leur maison est ravagée par des policiers. La famille repart sous escorte du FBI, et ne revient jamais plus.

Cette histoire vous dit un truc ? C’est normal, ce couple est l’un de ceux qui ont inspiré la série « The Americans »… Même constatation pour les 3 couples suivants.

Donald Heathfield et Tracey Foley (Andrey Bezrukov et Yelena Vavilove)

Nouveau couple d’espions russes, scénario quasi similaire… Étrange, vous dites?? Eh bien, pas vraiment ! Après une année d’enquête, le FBI identifie et fait tomber 10 espions russes infiltrés aux USA, dont 4 couples. Après Cynthia et Richard, au tour de Donald et Tracey de voir leur vie basculer le 27 juin 2010. Ce jour là, leur ainé (Tim) fête ses 20 ans. Pour marquer le coup, toute la petite famille se rend au restaurant, à deux pas de leur domicile. Installés aux Etats-Unis depuis 10 ans, les Heathfield-Foley ont tout de la famille américaine classique et personne ne se doute de rien. Pas même leurs enfants. Alors, quand ils rentrent chez eux après une soirée en famille, ils ne s’attendent pas réellement à voir leurs parents arrêtés, menottés et embarqués par des dizaines d’agents du FBI. C’est pourtant la scène qui se déroule sous leurs yeux. Ça doit quand même te foutre un sacré coup de découvrir comme ça, le jour de ton birthday, que tes parents sont en fait des agents russes, mis à disposition des services secrets étrangers (SVR) après la chute de l’URSS. PIRE, ils s’appellent en réalité Andrei Bezrukov et Elena Vavilova. Leurs noms canadiens ont en fait été empruntés à de jeunes enfants, décédés peu de temps après leur naissance. GLAUQUE.

Mikhail Kutsik et Nataliya Pereverzeva ("Michael Zottoli et Patricia Mills")

Couple 3/4 des espions russes démasqués par le » Programme des Illégaux ». Michael arrive aux USA en 2001, Patricia en 2003, selon le FBI. Ils se sont installés à Seattle, et ont suivi des études de commerces à l’Université de Washington Bothell. Ensemble, ils ont deux enfants et mènent, eux aussi, une petite vie tranquille. Comme les autres, c’étaient des espions russes (hihihi) et COMME LES AUTRES, leur mission s’est achevée le 27 juin 2010, quand le FBI les a calmés. Enfin, et toujours COMME LES AUTRES, ils ont plaidé coupable de « complot en vue d’agir en tant qu’agent non enregistré d’un pays étranger ». Faute avouée à moitié pard… Ah non. Les USA ne rigolent vraiment pas avec ça !

Mikhail Anatolyevich Vasenkov (Juan Lazaro) et Vicky Peláez

Et donc, les petits derniers de cette histoire assez ouf d’espions russes percés à jour par le FBI. Je ne vous refais pas le scénar, vous l’avez ! 27 juin 2010 = patatra, couverture grillée, etc etc. En revanche, le point assez dingue de cette histoire, c’est que Vicky n’a pas de blaze. PLUS OUF ENCORE, avant d’épouser Juan (qui, lui, a volé le nom d’un bébé mort), Vicky était journaliste à la télévision péruvienne ! On la retrouvait aussi comme chroniqueuse à El Diario La Prensa de New York. Je ne sais pas vous, mais pour le coup, je trouve ça dingue.

Günter et Christel Guillaume

Les espions est-allemand de la stasi (RDA). En 1974, au milieu de la Guerre Froide, ils sont à l’origine de l’un des plus gros scandales d’espionnage de l’après-guerre. Et pour cause ! Günter n’est autre que… le conseiller personnel du chancelier fédéral allemand Willy Brandt (RFA). Lorsqu’on apprend que Guillaume est en réalité un espion de la RDA, le chancelier démissionne. Christel et Günter sont arrêtés le 24 avril 1974, et condamnés à treize et huit ans de prison. Une peine écourtée en 1981, par un échange d’espions entre la RFA et la RDA.

Morris et Lona Cohen (Peter et Helen Kroger)

Les deux tourtereaux se sont rencontrés dans les années 30, lorsqu’ils s’inscrivent tous deux au Parti communiste des USA. Morris recrute Lona au service de l’espionnage soviétique en 1939, et l’épouse, en 1941. Quand la Seconde guerre mondiale éclate, Morris part au front. Lona en profite pour tisser tout un réseau de techniciens et d’ingénieurs travaillant pour les usines d’armement, de munition ou d’aviation de la région de New York. À la fin de la guerre, ils se font oublier et ne refont surface qu’en 1954, sous le nom des « époux Kroger », à Londres. Installés dans une petite rue paisible de la ville, ils sont connus comme des vendeurs de livres anciens et d’antiquités. A ce moment là, Morris devient aussi responsable de l’antenne du KGB en Grande-Bretagne. Ils sont finalement arrêtés en 1961, puis condamnés à 21 ans de prison. En 1969, ils sont finalement échangés, et s’installent à Moscou. Ils reçoivent l’ordre du Drapeau rouge ainsi que l’ordre de l’Amitié des peuples. Post mortem, ils sont sacrés Héros de la Russie sur ordre du président Eltsine. En 1998, leurs petits minois sont même imprimés sur des timbres russes ! Stylé.

Goar et Gevork Vartanyan

Un couple peu connu, et pourtant… Ils auraient tous simplement déjoué un complot d’assassinat nazi et changé le cours de l’histoire ! 1943, conférence de Téhéran. Sur place : Franklin Roosevelt, Winston Churchill et Staline, soit, les trois grands dirigeants alliés. Au même moment : l’opération « Long Jump » est lancée par un groupe nazi pour assassiner les trois grandes figures. L’opération a alors été déjouée par un petit groupe de 7 espions russes, âgés de 18 ans à peine, parmi lesquels : Goar et Gevork. C’est d’ailleurs de cette histoire dont s’est inspiré le film « Téhéran 43 » en 1980.

Finalement, ils ont continué leur carrière d’espions (de qualiteyyy) pendant des décennies. Mme Vartanyan a même formé de nouvelles recrues après sa retraite. Gevork est décédé en 2012, à 87 ans. Il a reçu la plus haute distinction russe : le titre de Héros de l’Union soviétique. Sa femme l’a rejoint en 2019, à l’âge de 93 ans. Aujourd’hui encore, une grande partie de leur travail reste confidentielle… Un vrai couple de badass, non ?

Alain Mafart et Dominique Prieur ( "les époux Turenge")

Dominique Prieur est la première femme à entrer au service Action de la DGSE (Direction Générale de la Sécurité extérieure.) Avec Alain Mafart, ils se font passer pour des époux, connus sous le nom des « Turenge ». Leurs carrières d’espions sont entachées et percées à jour en 1985, avec l’affaire du « Rainbow Warrior ». Les services secrets français et le ministre de la Défense (Charles Hernu) avaient commandité le sabotage du navire amiral de l’organisation Greenpeace, à quai en Nouvelle-Zélande, prêt à partir pour l’atoll de Moruroa afin de gêner les essais nucléaires français. Malheureusement, Fernando Pereira, membre de l’équipage et photographe de l’organisme, décède dans les explosions du navire. Les faux époux, normalement chargés de livrer les explosifs puis de récupérer les plongeurs après cet attentat sont vite démasqués, arrêtés puis inculpés pour « meurtre, incendie volontaire et association de malfaiteurs. » Ils sont condamnés à 10 ans de réclusion par le tribunal d’Auckland. Vraiment pas glorieux, tout ça.

Si ce top t’a permis de trouver ta voie et que ton objectif est désormais de rejoindre la DGSE, je te laisse t’inspirer des gens qui sont restés sous couverture le plus longtemps, et réviser un peu tes techniques d’espionnage super flippantes. Enfin, je te souhaite beaucoup de courage, moi, je n’aurais pas la foi. Flemme de risquer ma vie, oh !