Quand on sera vieux, on passera certainement une partie de nos journées à écrire aux magazines télé pour gueuler contre les présentatrices météos et les commentateurs sportifs qui écorchent le nom de notre bourgade. Et le jour où notre coup de colère sera publié dans le courrier des lecteurs, entre une dame qui regrette le départ de Julien Lepers et un autre qui exige le retour de 30 Millions d’Amis, on pourra se dire qu’on a eu droit à notre quart d’heure warholien de gloire et qu’on peut partir en paix. Voilà un peu de grain à moudre dans cette perspective.

Auxerre

Le « x » se prononce ici comme deux « s ». Mais quand on le fait, on a l’impression d’imiter Guy Roux. C’est un problème. Ça marche aussi pour Bruxelles ou La Bouëxière.

Metz

S’il est établi qu’on ne prononce pas le « t », on est en droit de se demander pourquoi : en français, une fin de mot (même d’origine allemande) en « TZ » se prononce « TSS », comme « quartz » ou « Hertz ». Donc pourquoi devrait-on refuser de prononcer ce fichu « t » ?

Avoriaz

Cas extrêmement velu, puisque le choix de prononcer « Avoria » est en soi un compromis : en savoyard, le « az » ne se prononce pas, l’ajout du « z » indiquant justement que l’accent est mis sur l’avant-dernière syllabe. Néanmoins, il apparaît que dans ce cas, le « z » a été ajouté après à un nom de localité qui s’est toujours prononcé « Avoria »

Samoëns

Vous allez me dire « qu’est-ce qu’on en a rien à foutre de la prononciation de ce bled, il y a à peine 2000 habitants ! » et vous n’aurez pas tout à fait tort. Sauf que nous, on espère qu’en rappelant au monde que le « s » final est muet, on se fera offrir des vacances au ski par la municipalité (n’hésitez pas à nous contacter par mail).

Chamonix

Ça ressemble à Chameau c’est marrant (oui la fatigue l’emporte déso).

Cassis

Si vous demandez à un local la route de « CassiSSe », on vous demandera si vous venez de « PariSSe ». Vous direz que non, mais on vous appellera quand même « Le Parigot » pendant tout votre séjour. Donc faites gaffe.

Oyonnax

Comme pour Avoriaz, la lettre finale sert à orienter l’accent tonique : ici, il marque l’oxytonisme, c’est à dire qu’il faut mettre l’accent sur la dernière syllabe. Mais ce « x » ne se prononce pas. On dit donc « OyonnA » avec un « a » bien clair.

Lyon

Gros débat sur Wikipedia : les uns voudraient qu’on prononce le « y » comme un double « i », d’autres rétorquent fort justement que cette lettre étant entourée d’une consonne et d’une voyelle, on peut tout aussi bien prononcer Lyon comme le roi des animaux. Si les dictionnaires donnent raison aux seconds, les Lyonnais n’en ont rien à foutre et continuent à militer pour le Li-ion. Your city, your rules.

Montpellier

On se gardera bien d’avoir une opinion tranchée sur ce cas épineux : s’il est admis que la prononciation occitane « Montpéyé » se transforme en « Montpeulier », les régionaux défendent le « Montpéllier » qui correspond davantage à la réalité, et surtout à la graphe de la ville puisque la prononciation usuelle laisse entendre qu’on devrait écrire « Montpelier » avec un seul « l ».

Gerardmer

Pas de « meR » car il n’est pas question du suffixe qui signifie « lac » en vosgien, comme « Longemer » situé à côté qui fait effectivement référence au plan d’eau. Cette terminaison vient plutôt de « maix » qui veut dire « maison », ou « propriété ». Du coup, on dit « é ».

Si vous n’êtes pas d’accord, eh bien on se rejoint sur l’autoroute A11.

Et pendant ce temps-là, les étrangers doivent se coltiner des mots français impossibles à prononcer.