Tous les jours, tu rentres chez toi ; chez toi, c’est chez toi parce que tu l’as décidé, mais c’est surtout un nid à problèmes : loyer à payer, ménage à faire, lessives en retard. Tous les jours, tu rentres chez toi et tu as perdu le goût de l’aventure. Pourtant, l’aventure est là, à l’hôtel du coin. Il suffirait d’en franchir la porte pour t’offrir le mix idéal entre les vacances éternelles et le sentiment d’être chez soi. Et la seule raison pour laquelle tu ne la franchis pas, c’est parce que tu n’as pas lu ce top. CQFD.

T'as tout le temps l'impression d'être en vacances

C’est quand même l’avantage principal. Pas de ménage à faire, avec un peu de chance un ventilateur au plafond, tu peux même tirer les stores. C’est les vacances. Tu vas peut-être bosser la journée mais, quand tu rentres le soir, tu es en vacances. Tu peux appeler quand tu veux le room service pour qu’ils t’amènent des trucs, tu peux danser nu dans ta chambre et, quand tu rentres le soir, tu as le plaisir de saluer un veilleur de nuit à moitié endormi qui lit son journal. Et chaque fois que tu sors, tu as le sentiment que tu es dans une ville étrangère, même si en réalité tu es chez toi. Plaisir, bonheur, amour de la vie.

Tu possèdes un minibar chez toi

Autre argument de poids, le minibar étant sincèrement le symbole enfantin de l’opulence et, un peu, de l’interdit. Bien sûr, on te facturera si tu chopes des trucs dedans, mais de manière générale tu n’as pas besoin de choper des trucs dedans, tu as juste besoin de savoir que tu as un minibar, ce qui fait de toi un personnage de film noir – un must.

Tu ne peux pas perdre tes clés, quelqu'un a toujours un double

Fini les oublis de clés, les galères avec le serrurier, fini les emmerdes. Tu perds tes clés, on t’en refile. En plus, à la longue, tu noueras avec le concierge une relation de confiance qui te permettra de parler avec lui du résultat des courses en prenant du plaisir.

Tes voisins changent tout le temps et parlent souvent des langues étrangères

C’est Duolingo en mode vraie vie. Tu vas au bar de l’hôtel, tu peux parler italien ; tu te promènes dans le hall, tu peux saluer les gens en suédois. Le bonheur, le vrai dépaysement, le village monde qui vient frapper à ta porter et te fait un gros like.

Tu peux vivre dans l'hôtel en mangeant au resto de l'hôtel et en allant au bar de l'hôtel quand tu veux boire un verre

Et cette unité de lieu qui plairait au théâtre classique n’est pas sans cosmopolitisme. Le voyage vient à toi sans que tu aies besoin d’aller au voyage. Tu es systématiquement ailleurs tout en étant toujours au même endroit, pas de problème d’avion, pas d’argent à dépenser pour des visas complexes d’obtention. Une forme de bonheur, oui.

C'est une vie de roman

Autre argument de poids : qui vit à l’hôtel à part des personnages de roman des années 20 ? Personne. Par transition immédiate, tu es donc un personnage de roman des années 20 : libre à toi de te saouler au whisky en regardant les heures tourner, de décider de virer écrivain ou d’éviter le concierge pour ne pas avoir à lui payer le mois dû. Tu t’en fous, de toute façon tu n’es pas une vraie personne, tu es un personnage.

Au prix des loyers à Paris, pas sûr que ce soit si désavantageux

Il faudrait faire le calcul, mais si tu retranches au total le prix de l’électroménager, des produits ménagers, le coût horaire de devoir faire le ménage et les difficultés quand tu perds tes clés, tu n’es pas nécessairement perdant. Célèbre ça en ouvrant le minibar.

Tes draps sont toujours propres

Or, les draps propres sont tout de même la condition sine qua non d’une vie heureuse. Il paraît ainsi que Lao Tseu, sage parmi les sages, lavait ses draps tous les 2 jours. Toi, quand tu dois laver tes draps, c’est une galère pour les faire sécher dans ton deux-pièces cuisine. Là, tes draps dégagent toujours une odeur de lavande sans que tu n’aies rien à demander à personne. C’est inclus. All inclusive mon pote.

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Il n'a pas souffert, promis

Y'a moyen que t'aies une baignoire

Tu pourras donc prendre des bains. Certes, ce n’est pas le moyen le plus sûr de sauver la planète, mais c’est certainement un moyen relativement sûr de passer un authentique bon moment. Et dans la vie, des authentiques bons moments, on n’en passe pas tant que ça : autant ne pas s’en priver.

Y'a le câble

Tu pourras ainsi regarder toutes les chaînes du programme télé dont, jusqu’alors, tu ignorais l’existence. Une occasion en or de découvrir les trésors de la télé slovaque sur Bitougno 1 Première, numéro 746 sur le satellite. Et de passer des soirées à se perdre dans le grand vide, parce que faire le vide, c’est important.

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Il est parti à la ferme des liens cassés pour prendre des petites vacances, il est avec tous ses copains, ne t'inquiète pas.

L’hôtel rit.