Quand un gamin rêve de devenir footballeur, il s'imagine marquant le but décisif en final de Coupe du Monde ou dribblant l'équipe adverse avant de délivrer une offrande à son avant-centre, mais peu se rêvent vêtus d'un maillot fluo avec des gants qui puent la vieille sueur en train de gueuler sur ses défenseurs pour les replacer. Et pourtant, des gardiens de but, il en faut. Et ce poste ingrat, difficile, exigeant, devrait être un peu plus souvent mis à l'honneur pour éveiller des vocations. Oui, au pays des manchots, les goals devraient être rois tant ce poste est ardu. #JeSuisNeuer

  1. Etre gardien, ça coute une blinde
    Pendant que les gamins se paient un short et une paire de moulées à Décathlon, l'apprenti gardien doit supplier ses parents de lui payer des gants, une futal molletonné voire une casquette pour faire comme dans Olive et Tom. Et ça coute cher ces conneries là.
  2. Etre gardien, c'est un esprit de sacrifice
    A moins d'être sud-américain et particulièrement doué pour les coups-francs, on ne marque pas de but quand on est gardien. On ne met pas son nom dans les résumés de match. On est un travailleur de l'ombre, un nom qu'on n'oublie. Sauf quand il fera une merde.
  3. Etre gardien, c'est une autre vision du foot
    Quand deux gardiens d'exception s'affronte, ça fait 0-0. Un match "nul et vierge". Etre gardien et réussir son match, c'est s'exposer à des remarques du genre "il n'a manqué que les buts". On dit parfois qu'il y a de bons 0-0, mais aucun diffuseur n'y croit vraiment. Celui qu'on montre du doigt alors, c'est lui.
  4. Etre gardien, c'est payer de sa personne
    Quand un gardien est blessé, ce n'est en général pas une "gène au talon" ou une douleur aux adducteurs, c'est en général le résultat d'une sortie de taré dans les pieds adverses, avec des clavicules pétées ou un casque de protection à porter comme Petr Cech. Si on revoit un jour la liste des métiers à risque et qu'on on en tient compte pour les retraites, faudra ajouter gardien.
  5. Etre gardien, c'est hyper dur l'hiver
    Pendant que tout le monde se réchauffe en courant après la balle, le gardien fait des allers-retours dans ses six mètres, fait tournoyer ses bras, sautille sur place et doit rester bouillant parce que sa prochaine intervention sera forcément décisive. Mais quand arrivera-t-elle ? Dans 5 minutes ? 10 minutes ? Une heure ? Jamais ? Savoir penser à sa liste de courses tout en restant concentré jusqu'à la prochaine action, c'est un métier.
  6. Etre gardien, c'est la proximité des virages
    Là où les supporters sont les plus fins donc. Entendre "Hoooooooooooo Hisse enculé" ! à chaque dégagement, se faire copieusement insulter à chaque but encaissé par ses propres partisans, tourner le dos à des enragés susceptibles d'envoyer des projectiles... La vraie solitude dans la vie, elle est dans les 18 mètres.
  7. Etre gardien, c'est souvent le fruit d'une grande frustration
    Les enfants sont cruels, on le sait, et ils mettent en général dans les cages le moins habile balle au pied, ou le petit gros, ou celui que personne ne peut saquer mais qui est propriétaire du ballon. Les plus grands ont tous commencé comme ça, condamner à monter la garde entre deux vestes de jogging pendant que les autres s'ébattaient joyeusement.
  8. Etre gardien, c'est avoir des idoles honteuses
    Quand les gamins des années 1980 avaient des posters de Platini ou Maradona dans leurs chambres, le gardien avaient une réplique grandeur nature de Jean-Marie Pfaff ou de Rinat Dasaev. Le genre d'image panini impossible à échanger...
  9. Etre gardien, c'est d'abord une grande solitude
    Quelle tristesse de voir ces gardiens célébrer les buts de leur équipe tout seul devant leur surface de réparation, en sachant qu'il n'y sont pour rien... Et comme ils sont souvent les plus mal placés pour voir le but, ils doivent attendre la clameur de tout un stade pour comprendre que oui, à l'autre bout du terrain, des gens sont heureux. Sans lui.
  10. Etre gardien, c'est l'exception au droit à l'oubli
    Un avant-centre qui rate l'immanquable, un milieu de terrain qui fait une faute grossière, un défenseur qui couvre un hors-jeu... tout ça, on l'oubliera. Mais cette bonne grosse boulette du gardien, on va se la repasser en boucle, la mettre dans tous les bêtisier et bien se foutre de sa gueule pendant un moment. Madjer et sa talonnade, Arconada et sa bonne vieille toile. Cruel destin.

Nous les gardiens, on se comprend...