Si ces dernières années on a droit à une pelletée d’adaptations de romans, de BD, de prequels, de sequels et de remakes, on peut assez rapidement se plaindre du manque de scénarios originaux. Pour autant, si beaucoup d’adaptations semblent paresseuses, certaines avaient l’ambition de porter à l’écran un matériau de base jugé inadaptable. Et quand plusieurs projets se sont cassés la gueule, un petit nombre a donné un résultat étonnant que je vous propose de voir dès maintenant. Il est à noter que la sensibilité et l’appréciation personnelle d’une œuvre est singulière pour chacun de nous, je me base donc sur l’appréciation générale de ces adaptations. Traduction : insultez moi avec courtoisie si vous n’êtes pas d’accord.

Le seigneur des anneaux

On commence en fanfare avec cette célèbre adaptation du roman de Tolkien qui était clairement une ambition démesurée à porter à l’écran. Le budget colossal de la trilogie n’est pas la seule raison de cette réussite car le travail artistique en terme de décors, de costumes et d’écriture est absolument impeccable, sans parler de la réalisation ou de la musique (le thème du Rohan bordel). Qu’on aime ou pas les films, on peut reconnaitre à Peter Jackson la prouesse d’avoir adapté ce pavé sans en trahir l’essence, et c’était pas gagné.

Watchmen

Alan Moore est un personnage singulier (c’est peu dire) dans le milieu du comics, et l’une de ses oeuvres les plus marquantes est probablement Watchmen. Jugée inadaptable par beaucoup, c’est Zack Snyder qui s’est collé à l’exercice d’y rendre justice à l’écran. À part une différence assez majeure dans la fin de l’adaptation (ceux qui ont lu le comics et vu le film savent de quoi je parle), Snyder a littéralement utilisé le comics comme un story-board et beaucoup de plans sont semblables aux cases de la BD. L’œuvre reste à ce jour l’une des meilleures adaptations de comics et sans conteste l’un des meilleurs films de super-héros.

Ready Player One

Encore une fois chacun est libre de penser ce qu’il souhaite des films présents dans ce top, mais en terme d’adaptation assez risquée, Ready Player One s’en sort quand même vraiment bien. Outre quelques écueils sur la vision des gamers (la fameuse morale finale « le jeux vidéo c’est pas la vraie vie véritable »), on peut quand même applaudir la prouesse technique et les nombreux easter eggs (qu’on peut qualifier de fan service) que le film distille en permanence. Qui plus est, mettre en image certaines scènes (la course de voiture assez incroyable) n’était pas gagné et le nombre de références pouvant causer des soucis de droits à l’image n’ont pas stoppé le chantier de ce film qui reste quand même un très bon divertissement.

Dune

Dune est probablement un cas d’école dans la liste des adaptations complexes. S’il faudra attendre encore un peu pour voir la version de Denis Villeneuve, plusieurs personnes ont tenté de porter à l’écran le célèbre roman. En 1975, Jodorowsky était bien parti pour en faire une oeuvre majeure avec la participation de Moebius au story-board ou la musique de Pink Floyd en accompagnement. Mais le projet n’a jamais vu le jour. C’est David Lynch qui signe alors en 1984 sa vision de l’oeuvre qui sera un échec commercial et critique. Pour autant, beaucoup de gens s’accordent à dire que le résultat n’est pas si catastrophique par rapport à l’ampleur de la tâche et l’époque de sa sortie, même si Lynch a carrément renié le film en le signant du nom d’Alan Smithee (pseudonyme utilisé à Hollywood par les réalisateurs qui n’assument pas leur film).

L'écume des jours

Oeuvre majeure de Boris Vian assez loufoque et adaptée une première fois en 1968, c’est finalement le talentueux Michel Gondry qui s’est emparé du projet pour le porter à l’écran une seconde fois. Et il faut dire que franchement, il ne s’en sort pas si mal par rapport à la complexité de la tâche. Cependant le film reçoit des critiques assez nuancées et n’a pas le succès escompté en salle. Mais, franchement, (en tout cas à mon sens) l’adaptation est réussie tout en amenant la vision de Gondry qui colle à cet univers singulier.

Game Of Thrones

On ne va pas parler de la fin de la série, rassurez vous. Cela dit, il faut reconnaitre le travail titanesque qu’a représenté la série en terme d’adaptation de cette oeuvre extrêmement dense et complexe. Le nombre de lieux, de personnages, d’intrigues, d’effets spéciaux, de décors… Bref, tout cet univers à rendre en image représente un pari extrêmement osé qui, il faut dire, a été gagné pendant plusieurs saisons. Une trilogie de film n’aurait clairement pas été suffisante pour raconter cette histoire et le choix d’une série était ici le plus judicieux. En étant tout à fait honnête, il faut quand même réaliser à quel point cette adaptation est folle (jusqu’à ses deux dernières saisons).

Cloud Atlas

Alors je préviens de suite, je n’ai ni lu le roman, ni vu le film qui a visiblement divisé énormément. Pour autant, avec un peu de recherche, il semble que l’adaptation soit assez réussie en fonction du matériau de base. Un projet ambitieux pour les sœurs Wachowski qui avaient aussi adapté « V pour Vendetta » d’une assez bonne manière. Je vous laisse débattre sur le cas « Cloud Atlas » dans les commentaires afin de dire si pour vous c’est une bonne adaptation ou non.

L'odyssée de Pi

Lorsque le scénariste David Magee conseille le roman « l’odyssée de Pi » à son ami réalisateur Mark Foster, il lui dit expressément « c’est un bon livre mais ce n’est pas un film ». Comprenez par là que l’oeuvre lui semble inadaptable, et en même temps, filmer un gamin et un tigre sur un bateau c’est complexe. Mais quelques années plus tard c’est finalement Ang Lee qui récupère le projet avec Magee en scénariste. Et le film est finalement réalisé et franchement, l’adaptation est somptueuse et maitrisée. Si une bonne partie du roman est coupée du scénario, l’essence de celui-ci reste intacte et la mise en scène est vraiment magnifique avec certains plans tout simplement mémorables.

American Psycho

Si pendant longtemps le roman de Bret Easton Ellis a été jugé inadaptable ce n’est pas parce qu’il se passe dans un univers fantastique complexe ou représente des enjeux visuels ou financiers trop importants mais parce qu’il est tout simplement immoral et rempli de torture-porn. Dicaprio avait même refusé le rôle, ses agents ayant peur que le film nuise à son image. Dérangeant à plus d’un titre, le livre est finalement adapté en un film qui l’est tout autant et qui, bien qu’il change certains aspects, reste fidèle à sa source d’inspiration. Il est donc tout à fait violent et choquant comme le roman et c’est parce qu’elle n’adoucit rien que l’adaptation est vraiment bonne.

Le cas d'Atlas Shrugged

Le roman « la grève » d’Ayn Rand a longtemps été considéré comme inadaptable par toutes les équipes qui ont tenté d’en faire un film ou une série. L’autrice elle même avait tenté à une époque d’en réaliser le script mais sans succès. Une trilogie de films a finalement vu le jour entre 2011 et 2014 et visiblement le résultat était mitigé par rapport aux attentes que soulevait cette œuvre qui a littéralement inspiré beaucoup, beaucoup de monde. Mais les scores sur le site Rotten Tomatoes ne sont clairement pas mauvais et l’adaptation représente peut-être « le meilleur » de ce qu’on pouvait espérer pour le livre. Pour les fans de jeux vidéo, sachez que les deux premiers jeux Bioshock sont largement inspirés du roman et que le personnage d’Andrew Ryan est un anagramme (un poil forcé) d’Ayn Rand.

Bon, encore une fois chacun ses goûts, donc tapez moi pas. Vous pouvez aller voir les pires adaptations en live-action et les pires adaptations américaines de trucs français, parce que c’est pas toujours super.

Sources : The Wrap, Av Club, Indie Wire.