Ca pourrait paraitre complètement anecdotique, mais c’est en fait la source d’un débat assez vif : le département étant une invention (relativement) récente et artificielle, les gentilés n’ont rien de forcément légitime. Il faut donc tomber d’accord sur l’un d’eux. Parfois c’est évident (« Morbihanais, Ardéchois »), parfois on fait appel au latin pour avoir un nom qui claque (« Alto-Séquanais », « Mariligérien ») et parfois on fait voter les gens. Et là, en général, c’est la kermesse.

Les Manchots - habitant la Manche

Tout le monde sera d’accord là-dessus, « les Manchots », c’est naze. Surtout que par définition, le « manchot » n’a rien dans la manche. Du coup, on accepte aussi « les Manchois ». Mais en fait, c’est aussi moche. La logique aurait voulu qu’on les appelle « Les Bras », mais dans ce pays, on n’en fait qu’à sa tête…

Les Terrifortains - habitant le Territoire de Belfort

Dans l’absolu, « Terrifortain », c’est pas mal. Mais quand on sait que cette appellation est assez récente (2011), qu’elle est née de l’initiative de la radio France Bleu Belfort-Montbéliard qui a fait voter ses auditeurs et que ce choix a devancé « Les Savoureux » (du nom de la rivière qui passe dans le coin), on peut être dégoutés. On aurait eu en France un équivalent aux « Semi-Croustillants » de Kaamelott.

Bretilliens - habitant l'Ille et Vilaine

Comme dans le cas précédent, on l’appellation est récente (2013), on aurait pu avoir un super nom avec la rivière locale (imaginez : « les Vilains »), et on a eu un sondage, commandé cette fois par Ouest France. Mais c’est bien connu, il ne faut jamais demander à des Bretons de voter sur des sujets sérieux, ces cons-là avaient choisi « les Breizh-Illiens ». Du coup, le conseil général a utilisé un genre de 49.3 pour ce nom qui sonne quand même un peu « reptilien ».

Bascobéarnais - habitant les Pyrenées-Atlantiques

Là, le problème vient plutôt du nom du département plutôt que de celui de ses habitants : dans le coin, on est Béarnais ou on est Basque. Alors pourquoi avoir choisi « Pyrénées-Atlantiques » pour ce territoire ? Pourquoi ne pas avoir gardé le Béarn dont l’histoire est millénaire et le Pays basque français ? Au final, les habitants du 64 sont soit basques, soit béarnais, mais jamais « bascobéarnais ».

Les Audois - habitant l'Aude

Comment donner le bâton pour se faire battre : « audois mouillé », « la bague audois », « audois et à l’oeil »… Vous auriez pû être les habitants des Corbières (« les Corbiers », donc) mais non, il a fallu choisir la première rivière du coin et maintenant, vous avez un nom à la con…

Les Bas-Alpins - habitant les Alpes de Hautes Provence

Comment passe-t-on des Hautes-Provinces aux Bas-Alpins ? Le gentilé fait référence à l’ancien nom du département, Basses-Alpes (jusqu’en 1970). Mais quand on change de nom à un coin, on change aussi le nom des habitants, non ? Quand vous croisez des touristes venus d’Allemagne, vous ne les appelez pas des « Prussiens », si ? Ah.. si ? Ok.

Les Buccorhodaniens - habitant les Bouches du Rhône

Était-il absolument nécessaire de conserver la notion de « bouche » dans ce gentilé ? On pouvait évoquer le delta du Rhône ou la Provence et ainsi éviter que ce nom ressemble à une spécialité médicale dentaire. « L’infection s’est propagée dans toute la zone bucco-rhodanienne du patient. Il faut opérer. »

Les Elavérins - habitant l'Allier

En fait, il n’existe pas de nom officiel pour les habitants de l’Allier. « Elavérin » est l’une des options, pas la plus logique. Selon un sondage, les habitants se définissent avant tout comme « Bourbonnais », même si 35% ont répondu « habitants de l’Allier » (on n’a pas une imagination débordante dans l’Allier).

Les Cantalous - habitant le Cantal

Se définir comme « Cantalou », c’est super quand on cherche du boulot dans le fromage. Mais quand on veut faire carrière dans les nouvelles technologies, on ne se présente pas comme « cantalou ». On préfère « cantalien ». Pareil quand on veut être tueur en série. « L’égorgeur cantalou », ça ne fait pas sérieux.

Les ??? - habitant l'Ain

C’est fou, ça. Les mecs, on leur donne un chouette département, on leur donne le numéro « 01 », et ils ne sont même pas foutus de s’entendre entre Bressans, Dombistes, Bugistes et Gessiens pour trouver un nom. Alors qu’il y avait un « Aineux » qui leur tendait les bras…