Le sport est incontestablement l’un des centres d’interêts les plus partagés du monde. Mais cette passion possède une rare particularité qui fait qu’elle rassemble autant qu’elle divise, montrant l’humain sous toutes coutures : des émotions extrêmes allant de la joie à la tristesse en passant par la frustration, la violence et les tragédies. Parfois certains évènements sont venus entacher cette noble discipline et comme le disait Freddie Mercury, « the show must go on », que ce soit moral ou non.

Le match Danemark-Finlande de l'euro 2021

Lors de la rencontre récente entre les équipes du Danemark et de la Finlande, le joueur Christian Eriksen s’est écroulé au sol, victime d’un grave malaise cardiaque. Si le match a été interrompu après la prise en charge du blessé par les équipes médicales, on a repris la rencontre quelques heures plus tard pour ne pas chambouler le calendrier de l’Euro. Si on peut discuter le fait qu’il fallait ou non reprendre le match après un tel évènement, ce sont également certaines images choquantes qui ont dérangé plusieurs spectateurs qui auraient souhaité que la retransmission soit tout bonnement interrompue au lieu de nous montrer le joueur au sol et les réactions alentours pendant plusieurs minutes, poussant même certaines chaînes à s’excuser après coup. Un peu plus de respect pour Eriksen et surtout ses proches n’aurait pas été de trop.

Crédits photo (CC BY-SA 3.0) : Дмитрий Голубович

La coupe du monde au Qatar et les milliers d'ouvriers morts

Le prestigieux journal « The Guardian » avait révélé en mars 2021 qu’on comptait au moins 6 500 morts dans les ouvriers qui construisaient et rénovaient les stades et les infrastructures (hôtels, aéroports…) pour recevoir la Coupe du Monde de 2022. Des chiffres effrayants qui semblent pourtant faire peu de remous au sein de la FIFA, sans parler des répercussions écologiques qu’aura l’intégralité de l’opération (climatisations dans des stades ouverts) dont la FIFA s’était défendue en disant que l’énergie solaire serait impliquée dans le processus sans jamais indiquer à quel pourcentage. Pas de sanction, pas de menaces d’annulation alors qu’il y a des milliers de morts, une mauvaise blague.

Crédits photo (Creative Commons) : FIFA

Le décès de Marc-Vivien Foé et la finale de la coupe des confédérations 2003

Lors de la demie-finale de la coupe des confédérations de 2003 opposant la Colombie au Cameroun, le joueur Marc-Vivien Foé est tombé au sol après un malaise cardiaque. Après 45 minutes de réanimation, le décès du joueur avait été annoncé après la reprise du match et la victoire du Cameroun (équipe de Foé) qui s’était donc qualifiée pour la finale. Après avoir appris la nouvelle, l’équipe avait alors refusé de disputer la finale mais ce serait la femme du joueur qui aurait alors convaincu les joueurs de le faire en l’honneur de Foé. Ce qui avait posé un problème éthique est le fait que le match n’avait pas été arrêté pour que l’on puisse prendre en charge le joueur correctement (on avait même fait tomber Foé de la civière en le transportant) ainsi que le fait que la FIFA n’avait pas tout simplement décidé d’arrêter la coupe sans jouer la finale.

L'équipe de basket-ball paralympique d'Espagne de 2000 composée de simulateurs

Lors des jeux paralympiques de l’an 2000, l’équipe de basket-ball espagnole avait remporté la médaille d’or en s’imposant dans cette discipline. Sauf que peu de temps après, une source avait révélé à l’organisation qu’aucun test de vérification n’avait été réalisé sur les joueurs, ce qui n’était clairement pas conforme au règlement et dénonçait une zone floue dans l’organisation. Après une vérification postérieure, on avait réalisé que 10 joueurs de l’équipe sur 12 ne souffraient effectivement d’aucun trouble mental, ce qui faisait de leur participation au tournoi de la tricherie pure et simple. La question est surtout de savoir comment l’équipe avait esquivé les tests, le problème pouvant remonter plus haut dans l’organisation que l’équipe de tricheurs.

L'affaire Lance Armstrong et l'inefficacité de la lutte antidopage

Le célèbre cycliste américain qui a remporté par sept fois le tour de France en sept ans restera probablement pendant longtemps le symbole du dopage dans le sport. Accusé presque chaque année de se doper, c’est finalement en 2012 qu’on avait eu confirmation qu’une technique de dopage indétectable avait été mise en point et que le cycliste faisait partie de ceux qui en bénéficiaient. Mais plus que le dopage du coureur, c’est l’inefficacité totale de l’agence internationale de la lutte antidopage qui est aujourd’hui montrée du doigt, puisqu’on rapporte que la seule action qu’elle avait entrepris dans l’affaire était de savoir d’où avait fuité l’info sur le dopage d’Armstrong.

Crédits photo (CC BY 2.0) : Paul Coster

Les affaires de pots de vins aux Jeux Olympiques d'hiver de Salt Lake City de 2002

En terme de scandales, les JO d’hiver de Salt Lake City avaient eu leur lot. Entre les différents cas de dopages et le scandale des votes sur les épreuves de patinage (un arrangement entre une juge française et des juges russes pour se donner de bonnes notes et remporter chacun une épreuve) c’est tout bonnement le choix de la ville qui avait été au cœur d’un scandale. On avait remarqué avant le début des jeux que le comité des candidatures et certaines personnes influentes de la ville de Salt Lake City avaient donné des pots de vins à certains membres de l’organisation internationale des JO pour que la ville soit sélectionnée plutôt qu’une autre. Mais au lieu de sanctionner directement la ville et d’annuler les jeux, on avait quand même laissé couler, parce que l’argent est plus important que le message moral. C’est bien, c’est ça l’esprit du sport.

Crédits photo (Domaine Public) : Original author: Pierre de Coubertin (1863-1937)

L'accident de Formule 1 de Jules Bianchi et les conditions météo exécrables

En 2015, le pilote de F1 français Jules Bianchi est décédé à l’âge de 25 ans après de longs mois de coma. Son accident était intervenu l’année précédente pendant le Grand Prix du Japon lors d’une course où les conditions météorologique étaient désastreuses et où les pilotes faisaient face à des pluies violentes et une piste humide. Avant l’accident, un autre pilote avait même averti la direction de la course qu’il fallait arrêter la compétition mais il n’avait pas été écouté. Un report pouvant coûter énormément d’argent, on avait décidé de poursuivre la course et cela a été fatal au jeune pilote. Cela fait écho à l’accident de Niki Lauda intervenu de nombreuses années auparavant où les conditions de sécurité n’étaient pas non plus respectées.

Sources : Reporterre, 20 minutes, 20 minutes (2), Bleacher Report.