L’Histoire retient ce qu’elle a envie de retenir, ou plutôt ce que les gens qui l’écrivent veulent qu’on en retienne. Voilà. Je ferai pas mieux que cette phrase qui enfonce des portes ouvertes dans la suite de ce top donc je vous propose de m’arrêter maintenant.

Ok, donc je viens de voir avec ma supérieure et apparement écrire une phrase de merde qu’on pourrait retrouver sur un mauvais tee-shirt n’est pas un prétexte suffisant pour ne pas faire mon top. Du coup on va parler des mensonges les plus réussis de l’histoire, ceux qui ont été faits par des esprits parfois brillants, parfois bien démoniaques et que des internautes se racontaient sur un forum Reddit.

L'Opération Mincemeat

Pendant la seconde guerre mondiale, les Alliés ont eu la bonne idée de cacher des documents confidentiels sur un cadavre pour que les forces allemandes le trouvent. On pouvait y voir un plan d’invasion super détaillé de la Sardaigne et des Balkans, alors que le véritable objectif était de conquérir la Sicile. Les Allemands sont tombés sur le cadavre, ont gobé la pilule en défendant les mauvaises positions et les Alliés ont récupéré la Sicile grâce à ce stratagème certes un peu dégueulasse mais diablement ingénieux.

Joan Pujol Garcia, le "plus grand agent double de la Seconde guerre mondiale"

Il voulait être agent secret pour les forces britanniques qui l’ont d’abord rejeté, mais ma foi très motivé il a commencé à envoyer de fausses informations à l’armée allemande depuis le Portugal. Logiquement son travail a été repéré par les britanniques qui l’ont engagé pour jouer l’agent double chez les Allemands qui le prenaient pour une source d’information sûre. Entre autres missions il a réussi à convaincre les Allemands que la date du débarquement de Normandie aurait lieu quinze jours plus tard, et a donc joué un rôle capital dans cette journée. Il n’a jamais été démasqué par l’Allemagne et c’est l’une des seules personnes a avoir été médaillé à la fois par les Alliés et l’Axe, ce qui est une sacré performance.

Les Protocoles des Sages de Sion - Le livre écrit par la police secrète du Tsar

Ce livre est non seulement un ramassis de conneries complètement inventé par la police secrète du Tsar en 1903 mais c’est aussi l’un des livres les plus dangereux de l’histoire. On l’a fait passer pour un texte supposément écrit par les Juifs et les Franc-maçons pour contrôler le monde mais non seulement il a été prouvé qu’une partie était un gros plagiat des œuvres de Montesquieu et Machiavel, mais en plus c’est un concentré de racisme, de clichés antisémites et de bêtises qui ont attisé la haine de millions de gens pour rien du tout. Tristement le livre a été un succès et a eu des retombées dramatiques sur le peuple juif tout en attisant la xénophobie. C’est fou ce qu’un pouvoir peut réussir à mettre dans la tête de sa population pour la retourner contre elle-même.

Crédits photo (Domaine Public) : Auteur inconnuUnknown author

Les Britanniques qui ont fait croire aux Allemands que les carottes donnaient une bonne vue

Cette histoire tout à fait authentique part à la base de la création d’un réseau de radars aériens par les forces Britanniques pendant la seconde guerre mondiale. Même de nuit, ils arrivaient à voir et neutraliser les avions ennemis grâce à ce système révolutionnaire en son temps. Ils ont ensuite eu l’idée d’afficher des messages « publicitaires » dans le pays qui disaient que manger des carottes améliorait la vue et aidait même à voir dans le noir, ce qui a créé un mythe dans le pays et autour vu qu’on en parlait jusqu’aux États-Unis. Est-ce que les forces allemandes ont vraiment gobé le mensonge, difficile à dire, mais en tout cas le réseau de radar est resté secret assez longtemps et le mythe a continué d’exister après la guerre.

Le mensonge de Christophe Colomb (ou plutôt l'un des mensonges)

Christophe Colomb pouvait être une bonne petite raclure quand il le voulait, et ce bluff en est une bonne preuve. Alors qu’il était en Jamaïque avec son équipage depuis six mois suite à un naufrage, il souhaitait que les Jamaïcains continuent à nourrir et approvisionner son équipage, ce que ces derniers commençaient à refuser parce que bon, faut pas abuser de l’hospitalité des gens. Plutôt que de s’en aller poliment, Colomb a tenté un bon gros bluff grâce à un calendrier lunaire.

Il savait qu’une éclipse allait avoir lieu le 29 février 1504 et il demanda une rencontre avec le chef de la tribu (appelé le cacique) et lui dit qu’en gros son Dieu était très en colère de la décision des jamaïcains de ne plus les nourrir et qu’il allait montrer son mécontentement en faisant apparaître une lune « enflammée de colère ». Lorsqu’une lune rouge se montra ce soir-là ce fut la panique.

C’est le fils de Colomb qui décrivit l’évènement en racontant qu’en hurlant de peur les indigènes leur apportaient des vivres en pagaille et imploraient Colomb de calmer son Dieu. Il se rendit alors dans sa cabine prétextant aller prier (il allait en réalité calculer le temps restant de l’éclipse) et revint quelques minutes avant la fin pour leur dire que le Dieu était calmé. Un mensonge qui est également un sacré coup de pute, mais venant de Colomb on sait à quoi s’en tenir.

La "victoire" à Marignan

C’est en tant que victoire militaire que la bataille a été présentée à l’opinion publique française
: une déculottée donnée aux soldats suisses enrôlés par le duc de Milan. Sauf que cette victoire est en réalité une défaite. L’armée française s’en prenait plein la gueule par les Suisses à Marignan qui avaient la situation bien en main quand l’armée vénitienne est arrivée en renfort, prenant les troupes du duc de Milan à revers. Mais les Suisses ont tenu le choc malgré les deux fronts et ont quitté la zone une fois persuadés que les Français avaient eu leur compte et ne pourraient pas les poursuivre. Après la défaite de Pavie, ça la foutait mal pour le jeune roi tout juste monté sur le trône d’en essuyer une deuxième, on a donc décrit cette défaite comme une victoire et aujourd’hui encore le récit tient.

Crédits photo (Domaine Public) : Maître à la Ratière (16e siècle), d'après sa marque de graveur. (Brulliot 1832)

La "ghost army" des Américains

Ce n’est qu’en 1996 lorsque l’on a déclassifié les documents de la « Ghost Army » que le grand public a découvert son agissement pendant la seconde guerre mondiale. Cette unité qui comptait 1100 « soldats » avait une seule et unique mission : tromper l’ennemi avec des « illusions ». Je n’ai pas mis le mot « soldat » entre guillemets innocemment, puisque cette unité était principalement constituée d’artistes, de publicitaires, d’étudiants d’arts, d’acteurs, de décorateurs de films… Vous commencez à comprendre le projet ? L’idée était d’utiliser des artifices pour effrayer et repousser l’ennemi et pour cela on leur avait donné les moyens.

Ils avaient à disposition des tanks, des avions, des jeeps, et des camions gonflables qu’ils installaient où ils voulaient, ils pouvaient créer de faux aérodromes, des bivouacs de soldats (avec des vêtements qui sèchent) et des formations de tanks en seulement quelques heures. L’illusion était également sonore puisqu’on leur avait donné du matériel de diffusion puissant et des enregistrements de troupes de soldats qui marchaient, de véhicules en marche… Des sons qu’ils pouvaient eux même mixer afin de coller au mieux au contexte de l’utilisation. Bien évidemment tout ce petit manège a été un véritable succès, faisant fuir l’ennemi qui se pensait souvent dépassé en nombre ou défendant un territoire par la simple impression qu’il était réellement occupé.

Léo Major, l'homme qui a libéré toute une ville et fait fuir les Allemands en se faisant passer pour... Une armée entière

Léo Major était un militaire québécois de la seconde guerre mondiale que l’on a surnommé (après coup évidemment) le « Rambo québécois » et il y a de quoi. Sans parler de la fois où il a capturé une garnison allemande de plus de 90 hommes à lui tout seul (oui, vraiment), Major a réussi également un bon gros coup de bluff lors de la libération de Zwolle (Pays-bas). La ville qui à l’époque comptait près de 50 000 habitants était jalousement gardée par les troupes allemandes qui tuaient presque chaque jour une cinquantaine de soldats canadiens durant les mois de mars et d’avril 1945. Le commandant du régiment demande alors deux volontaires pour aller repérer les forces et les positions de l’ennemi dans la ville avant d’en bombarder les points stratégiques. Major et son ami Willy Arseneault se portent volontaires.

Ils partent dès que le jour est tombé mais rapidement Arseneault se fait tuer après avoir accidentellement été repéré. Major tue deux soldats et décide de continuer la mission seul. Il entre dans la ville et surprend un chauffeur allemand qu’il prend en otage et le somme de le mener à son officier qui se trouve dans un bar. Une fois devant lui il le désarme et lui dit que l’armée canadienne va bombarder la ville au petit matin et qu’il peut éviter des pertes militaires et civiles s’il quitte Zwolle avec ses hommes. Il lui rend son arme et le laisse partir.

Le récit du reste de la nuit de Major semble alors complètement irréel. Il passe la soirée à tirer au fusil et balancer des grenades dans les rues pour faire croire à la présence de l’armée canadienne dans la ville. Il surprend plus d’une dizaine de fois des groupes de huit à dix soldats qu’il capture et escorte hors de la ville pour les remettre aux soldats canadiens puis il retourne en ville continuer de faire le ménage. Il force des serrures de maisons pour se reposer plusieurs fois dans la nuit et tombe également sur le QG de la Gestapo dans lequel il combat huit officiers supérieurs. Il en tue quatre et fait fuir les quatre autres avant de mettre le feu au QG. Il réalise au petit matin que toutes les troupes allemandes ont quitté la ville, pensant que l’armée était réellement dans les rues. Le « mensonge » qu’il a réussi à faire croire a l’ennemi a libéré une ville qui était un point stratégique en une nuit, et il l’a fait tout seul évidemment.

Zhuge Liang et le piège de la ville vide

Zhuge Liang était un général autant respecté que craint et c’est cette notoriété qui l’a clairement aidé à faire ce bluff qui est considéré comme une légende aujourd’hui puisqu’on peut douter de sa véracité. Grossièrement, un général adverse et fin stratège dénommé Sima Yi aurait tenté de s’approcher de la ville de Zhuge avec 40 000 soldats et Liang l’aurait « défendue » avec seulement quelques centaines d’hommes.

Voyant son ennemi arriver, Liang savait qu’il était foutu, ses hommes étant hors de la ville; il a alors tenté ce qu’on appelle aujourd’hui « le piège de la ville vide ». Il a fait ouvrir les portes de la ville, balayer la route par des habitants et est allé s’assoir en haut du rempart pour jouer de la cithare accompagné de deux enfants. Sima Yi, complètement décontenancé par la situation et connaissant Liang pour être un adversaire redoutable ce serait alors légitimement demandé pourquoi Liang semblait si calme et ne montrait aucune résistance. Il aurait alors battu en retraite en emmenant son armée avec lui car il sentait clairement un truc louche. Et voilà. Vous comprenez pourquoi on peut penser que c’est plus de l’ordre de la légende qu’un véritable évènement…

Crédits photo (Domaine Public) : Hannah~commonswiki

"Les hommes naissent et demeurent libres et égaux en droits. Les distinctions sociales ne peuvent être fondées que sur l'utilité commune."

C’est pas forcément qu’on doute que la personne qui l’a écrit était sincère, c’est juste qu’actuellement quand on lit cette phrase qui est la toute première de la Déclaration des droits de l’homme et qu’on voit à quel point elle est respectée, on se dit que c’est pas forcément pressé de lire les autres points.

Sinon vous pouvez aller voir les mensonges que les parents racontent, ils sont moins importants dans l’ensemble, mais quand même.

Sources : Wikipedia (1, 2, 3), HT School.